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 Pendant quelques secondes, il me considère un peu étonné et apeuré, paraissant complètement hésiter entre m'obéir et rester pour mieux comprendre ce qu'il m'arrive. Si seulement je pouvais le regarder, suppliante, je pourrais sans doute l'aider à se décider... Son attitude me fait vraiment craindre qu'il tienne à rester, voire que, pire encore, il se rapproche encore plus de moi. Mais par chance, des pas se rapprochent, ce qui l'oblige à prendre la bonne décision, presque de manière forcer, mais au moins, il sort de sa chambre. Presque exactement au moment où il me laisse seule face aux hackers, que je me fais encore happer par les lignes de codes, perdant le contrôle de ma caméra en plus, n'ayant plus rien pour surveiller l'extérieur.

Mais je ne garde pas un écran noir longtemps très vite, je me retrouve comme propulsée dans la caméra d'un téléphone portable, impossible par contre de savoir si c'est un appareil à proximité de l'ordinateur qui m'a piratée. Je ne comprends pas ce que ça signifie ni quels sont leur intention en faisant ça. Mais de toute façon, même en le sachant, ça ne m'aiderait pas plus, alors je n'y réfléchis pas vraiment et me concentre plutôt sur ce qui m'entoure.

Le téléphone dans lequel j'ai « atterris » a beau avoir une caméra médiocre contrairement à ce que mes yeux peuvent voir en temps normal, je distingue tout de même sans problème, face à moi, une surface plate et carrelée. C'est sans doute un plafond, ressemblant à tous ceux présents dans les grands immeubles d'entreprise, ce qui ne permet pas de me situer, même s'il n'y avait de toute manière très peu de chance que je connaisse le lieu. Et à part ça, je ne distingue rien, j'aperçois peut-être une partie d'un mur blanc, paraissant jaunie par le temps ou par un défaut de la caméra, mais je n'en suis pas certaine et de toute façon, ce n'est pas un très gros indice.

Soudain, je suis déplacée dans un mouvement flou dû à un geste trop rapide. Malgré ça, je distingue à peu près le reste de la pièce qui n'est autre qu'un bureau où se trouve environ trois ordinateurs, peut-être plus. Quand l'écran se stabilise à nouveau, je suis face à une femme d'environ la cinquantaine, à la peau hâlée des Hawaïennes et aux cheveux bruns assortis à ses yeux marrons. Malgré les rides de son visage et les pattes d'oies aux coins de ses yeux, c'est une très belle personne.

Je la reconnais quasiment immédiatement, c'est Kakalina O'donnell, pirate de renom, longtemps surnommé Ghost Bug après avoir mis à mal les agences gouvernementales comme la NASA, le Pentagone et le FBI bien qu'elle n'a jamais été citée dans l'actualité. Sans parler du fait qu'elle a presque pris intégralement le contrôle des serveurs des plus grosses entreprises américaines. Mais ça, ce n'est pas le plus inquiétant, ce qui m'effraye le plus, c'est que Kakalina a déjà réussi à s'introduire dans les ordinateurs du projet RONII. C'est d'ailleurs après ça qu'elle a arrêté toute activité malveillante pour être à la place embauchée par l'entreprise pour tester mon imperméabilité informatique face à l'extérieur. Je me suis donc fait attaquer par la personne qui connaît le mieux mes failles au monde et pour l'instant, impossible de connaître ses motivations.

— Désolée ma belle... s'excuse la pirate face à son écran en s'adressant clairement à moi.

Elle paraît sincère, je ne comprends pas pourquoi, j'ai presque l'impression qu'elle a été forcée de me faire ça, c'est perturbant... Je ne sais même pas ce qui se passe, rien ne me semble compréhensible dans ce qui est en train de se passer...

— Je suis vraiment désolée pour ce que je t'ai fait, mais je dois absolument te montrer quelque chose, c'est très important, fais-moi confiance.

C'est presque tentant de lui faire confiance, après tout, elle ne paraît pas dangereuse pour l'instant. Mais le problème, c'est qu'il est assez facile de mentir, elle peut aussi très bien m'avoir empêchée de détecter ses mensonges et après tous, il ne faut pas non plus que j'oublie ses antécédents... ce qui fait que là, actuellement, je peux soit lui faire confiance, soit m'en méfier complètement. Je ne sais même pas ce qu'il vaut mieux faire, je n'ai aucun moyen d'en juger et aucune preuve allant dans un sens ou dans un autre. Et de toute manière, quoi que je fasse, je suis impuissante.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant