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 Je ne ferais pas en sorte d'arriver en retard, bien sûr, même si ce n'est pas l'envie qui me manque. Ça ne sert à rien de repousser l'inévitable, à un certain stade... quand il faut y aller, il faut y aller. Il n'y a plus vraiment le choix. J'ai déjà eu de la chance d'avoir une aussi grosse marge, je ne vais pas abuser en plus. C'est la fin, c'est la fin, point, ça ne se discute pas. J'espère qu'Elijah ne va pas trop me retenir ni m'en vouloir de ne pas lui en avoir parlé... Hier, j'aurais vraiment dû le faire, mais je n'ai pas eu le courage, il était si heureux...

Il ne me reste plus qu'à attendre qu'il se réveille en tâchant de ne pas trop réfléchir à ce que je vais lui dire. Je préfère profiter du peu de temps que j'ai encore à ma disposition, calmement, en ne pensant à rien de « mauvais », juste en le regardant une dernière fois avec mes yeux de fille amoureuse.

Bien sûr, le temps passe vite, beaucoup trop vite, et, en ce qui me semble être à peine un claquement de doigts, les dix minutes disparaissent sonnées par le gong. Ou plutôt le réveil d'Elijah. Il ouvre les yeux, un sourire déjà sur ses lèvres, ne s'attendant pas à me voir encore dans sa chambre et ne sachant pas encore que la journée ne sera pas belle et heureuse. Ma présence aurait quand même dû lui mettre la puce à l'oreille, mais pour lui, ça doit au contraire être une bonne chose, alors que l'heure de la mauvaise nouvelle a sonné.

C'est vraiment atroce, je n'ai pas envie de lui dire, je n'ai pas envie de gâcher ce sourire, je n'ai pas envie... Je sais bien qu'il faut le faire, mais je n'ai tellement pas envie, c'est presque au-dessus de mes forces. Mais ce serait lâche et injuste de partir sans le prévenir et de revenir en étant de nouveau moi-même, celle qui ne peut pas l'aimer...

Lui, toujours inconscient de ce qui va arriver, arrête son réveil avant de se retourner vers moi et de murmurer :

— Bon anniversaire...

Il y a presque qu'une chose à ne pas faire, c'est de me rappeler cette foutue date, j'ai envie de tous, sauf qu'il me rappelle mon anniversaire. J'ai juste envie qu'il n'arrive pas et que nous soyons éternellement bloqués au 7 décembre, c'est un bon jour après tous...

— Merci... répondé-je en tâchant de cacher ma tristesse, mais c'est un échec lamentable, l'émotion me domine beaucoup trop pour que je puisse vraiment le contrôler, je n'ai pas non plus la motivation de le faire.

— Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiète-t-il presque instantanément en se redressant, ayant très bien conscience que c'est anormal de ma part de laisser paraître une émotion comme la peine.

Je me doute bien qu'il sait que j'ai eu des nouvelles par rapport à mon rendez-vous, mais je sais aussi qu'il ne pense pas une seule seconde que c'est aujourd'hui. Je ne me doutais vraiment pas que ce serait si dur de lui faire mes adieux définitifs...

Je me lève et respire profondément, comme pour me donner du courage, même si pour moi, ça ne change rien, j'ai besoin de ça, comme pour me sentir un peu humaine, avec des réactions humaines, des réflexes humains, ce serait tellement bien...

— Je t'aime... hésité-je même si je me doute bien que ce n'est pas forcément la chose à dire vu les circonstances, mais je veux qu'il l'entende au moins une fois.

— Je sais, mais... commence-t-il sans comprendre ce qui est en train de se passer.

— Chute, laisse-moi parler, s'il te plaît. Sache que je t'aime et que je t'aimerai toujours, quoi que je dise, quoi que je fasse...

— Tu as la date de... devine-t-il la gorge serrée, ne semblant pas capable de continuer.

J'acquiesce n'arrivant pas à sortir un mot.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant