RONII (Terminé)

1 (1.2)

 En plus, monsieur Metoyer ne m'y encourage vraiment pas puisqu'il revient sur la base même de la technologie : le système binaire ; la chose la plus simple au monde. Je peux même faire un exposé détaillé de sa création en Égypte antique jusqu'à son utilisation dans les systèmes informatiques. Je suis même capable de faire des calculs avec, dont des multiplications ou des divisions, sans jamais quitter le système binaire. Mais alors, en expliquer le fonctionnement, je n'en parle même pas, même un enfant de cinq ans pourrait le comprendre. Je suis d'ailleurs à peu près certaine que c'est à cet âge que Fauve l'a compris, elle l'a même trouvé plus simple que les nombres décimaux !

Je ne sais pas, peut-être qu'il y a quelque chose de super dur dans le binaire. Mais ça m'étonnerait quand même, c'est quand même une suite de 0 et de 1 qui se lit tout bêtement de gauche à droite et qui représente des additions de puissance allant de 2⁰ à 2∞, même si dans les faits, on utilise seulement jusqu'à 2⁷. La seule subtilité, c'est qu'on additionne les puissances quand elles sont représentées par un 1 et qu'on ne fait rien quand c'est un 0. Ah si, encore un dernier détail, soit on garde notre résultat en nombre, soit on le convertit en le caractère spécial qui lui est associé. Admettons, la planche des caractères spéciaux est compliquée à retenir. Mais il faut surtout savoir que les lettres sont entre 65 et 122, rangées intelligemment par ordre alphabétique et que ça commence par les majuscules, en finissant, logiquement, par les minuscules.

Facile comme bonjour, pour n'importe quel humain doté d'un cerveau ou pour n'importe quelle intelligence artificielle. J'irai même jusqu'à dire que c'est un jeu d'enfant. Et pourtant, ce prof, nous prenant pour des idiots, nous le répète pour la énième fois, comme si nous étions complètement nuls en informatique. Je ne vois même pas un seul élève qui ne s'ennuie pas dans cette salle. Je reconnais par contre que je suis celle qui se tourne les pouces le plus ouvertement, mais ça, c'est un autre problème.

Que cette année commence bien, je sens que ça va être encore une fois très très long. Je plains tous les autres élèves avec ne serait-ce qu'un tout petit peu d'intelligence, ils ne sont absolument pas rendus. Moi encore, je m'en sortirai toujours. Je ne suis pas près de mourir d'ennui, mourir tout court aussi, mais mourir d'ennui tout particulièrement. Après tout, j'ai internet intégré et je peux faire à peu près n'importe quoi en même temps que suivre le cours. Mais eux, ils sont obligés de rester sur leur chaise à ne rien faire. Rien que pour ça, je ne voudrais pas être humaine, je vois beaucoup de raisons pour lesquelles je ne voudrais pas être humaine, je l'avoue.

En ayant un peu marre des grains de poussière, je pense très sérieusement à regarder un match de basket en direct. Peut-être même que je pourrais en même temps scroller l'actualité mondiale, ça ne me ferait pas de mal, au moins, j'aurai quelque chose à faire. Je trouve un petit match des Chicago Bulls contre les Celtiques de Boston, c'est juste un entraînement, mais il est quand même filmé et retransmis en direct et c'est la meilleure occupation que j'aurai trouvée. Quant à l'actualité, il n'y a pas eu grand-chose de nouveau durant les deux dernières heures malheureusement.

En revanche, je reste sans doute trop longtemps avachie sur ma chaise à regarder un match et à écouter un discours du Premier ministre anglais, ce qui finit par agacer le professeur. Il est bien sensible quand même, heureusement qu'il n'a pas conscience de mes vraies occupations. Et apparemment, il m'a posé une question vue comme il m'a interpellée, mais je ne l'ai absolument pas écouté. Oups. Heureusement que j'enregistre tout, même quand je ne suis pas attentive, comme ça, je peux quand même réécouter ce qu'il m'a dit :

— Ronii, puisque vous écoutez très attentivement, vous allez pouvoir nous dire comment écrire un soleil avec le lange binaire puisque vous semblez tant l'apprécier. N'est-ce pas, mademoiselle Ross, si vous êtes encore parmi nous ?