Nous n'en parlons pas tout le trajet à en parler, mais je sens bien que nous y pensons toutes les deux, où alors je suis tellement obsédée par ce qui s'est passé, que je ne peux pas passer à autre chose. C'est possible aussi. En attendant, je ne pense même pas à la prévenir par rapport à la thèse que je vais devoir faire. Et je ne le fais qu'en arrivant quand je demande à Fauve de descendre maintenant, puisque je ne reste pas.
— Pourquoi ? s'exclame-t-elle ne comprenant pas.
— Je dois aller chez Elijah...
— Tu sais, ce matin, je t'ai dit de te calmer un peu, pas de commettre un meurtre.
Bien évidemment, elle ne me connaît pas du tout, ce n'est pas une envie qui me démange ni même une idée qui m'a traversé l'esprit, au contraire même. Je n'ai même pas encore plusieurs plans en tête pour ce qui est de cacher le cadavre. Je suis juste parfaitement prête en cas de besoin, comme n'importe quelle personne sensée face à un quelconque danger, je crois même que ça a un nom : l'instinct de survie.
— C'est que cet idiot veut que l'on fasse une thèse ensemble, moi, si j'avais vraiment le choix, il ne serait plus dans la fac.
— Bon, au pire si tu passes l'éternité en prison, tu vas survivre, amuse-toi bien dans tous les cas et tu trouveras bien un moyen de sortir et de me rejoindre, j'ai confiance en toi.
— Allez, dégage de là au lieu de dire des conneries et de me donner des idées.
Elle sort en rigolant, je souris, avant de repartir et je vais chez Elijah, avec un taux de motivation assez bas. J'y serai en avance très largement, avec presque trente minutes de rab, mais ça me permet non seulement de m'y préparer mentalement, mais aussi de faire un peu de route pour me détendre. Ce serait encore plus efficace si je courais, mais malheureusement, je ne peux pas arriver sans voiture. Je m'amuse donc sur l'autoroute une petite demi-heure à rouler à toute vitesse avant de me rapprocher de la ville et donc de l'adresse d'Elijah.
J'arrive tout pile à l'heure, presque à la perfection. Comme prévu, il vit dans une petite maison en périphérie de Berkeley, au moins, il n'y a rien d'anormal là-dedans. Quand je sonne, très précisément à seize heures, à la seconde près, la porte s'ouvre très vite sur une fille, un peu plus grande que moi, aux cheveux multicolores, ou plutôt parsemés de mèches arc-en-ciel et aux mêmes yeux bleu glacé que ceux d'Elijah, mais sans la lueur malsaine, ce qui les rend presque affectueux. Même sans avoir vu sa photo ni avoir fait de reconnaissance faciale, j'aurai su que c'est sa grande sœur, Charlotte, la ressemblance saute aux yeux.
— Bonjours, tu viens voir Elijah ? vérifie-t-elle souriante.
Elle est définitivement beaucoup plus aimable que son frère, ça fait plaisir à voir. Rien que pour ça, je ne l'agresse pas en lui disant que je viens voir Phœnix, même si ça m'aurait plu de voir sa réaction, elle l'aurait sans doute moins bien cachée que son frère.
— C'est ça. Je peux rentrer ?
— Oui, vas-y, m'invite-t-elle semblant amusée par une information que je n'ai pas.
Elle se retourne et ajoute en criant :
— Bon, Eli, tu bouges ton cul, c'est pour toi !
Apparemment, l'amabilité n'est qu'une façade... D'un autre côté, peu de personnes s'entendent aussi bien avec leur fratrie que Fauve et moi.
— Oui, j'arrive. C'est bon, tu es contente ? ajoute-t-il en arrivant dans la pièce. Oh... Tu es déjà là ? Tu es drôlement ponctuelle comme fille.
— Je suis ponctuelle et je n'ai pas de temps à perdre, alors on s'y met ? J'aimerais bien avoir fini cette thèse le plus vite possible, râlé-je presque, n'ayant pas du tout envie d'être rien qu'aimable avec lui.

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RONII (Terminé)
Science FictionEt si De Vinci avait laissé plus que des notes et des toiles derrière lui ? Une dernière création, une ultime œuvre bien plus complexe que vous pourriez l'imaginer, au-delà de toutes les connaissances ? Ronii Ross, une jeune femme apparemment comme...