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 — C'est quoi cette voiture ? s'exclame-t-il époustouflé.

— Ce n'est pas la voiture, c'est moi. Je peux contrôler entièrement ma voiture par la « pensée », remarqué-je en décidant de laisser tomber les pédales, pour bien lui prouver, je croise les jambes, faisant par contre très attention de ne pas salir mes sièges en cuir avec mes chaussures.

Normalement, ce n'est pas du tout marrant de conduire comme ça, ça enlève vraiment tout l'intérêt des grandes vitesses, je perds presque mon ressenti de puissance qui est pourtant grisant. Mais pour le coup, je m'amuse quand même beaucoup, principalement grâce à l'air choqué d'Elijah.

— C'est toi qui fais ça ?! s'exclame-t-il encore sous le choc.

— Évidemment, comment voudrais-tu que ce soit possible autrement ? Je n'ai rentré aucune destination et aucune voiture à pilotage automatique ne roulerait aussi vite.

— Mais ça semble impossible, comment pourrais-tu être un robot ?

— Souviens-toi de tout ce que tu as remarqué, tu en es même venu à penser que je suis un vampire. Ma froideur, mon absence d'imperfection, mes comportements étranges, tu as su que j'avais quelque chose de bizarre, de spécial, tu as même trouvé la société qui m'a créé, tout ça ne fait pas tilt pour toi ? Pourtant, tu as toutes les pièces en ta possession, il ne te reste plus qu'à les assembler.

Il me regarde encore un moment, semblant réfléchir, chercher des failles, il me regarde de plus en plus attentivement et son attention commence à me perturber, je manque même d'écraser un motard à cause de ça. Je reprends donc une conduite normale pour tenter d'être plus focalisée sur ce que je fais, ce n'est pas toujours facile avec juste la pensée. Il n'a étonnamment rien remarqué par rapport à l'incident, même s'il semble presque se détendre quand j'ai de nouveau un contrôle physique sur mon véhicule. Il est quand même un peu étrange.

— Mais tu les as toi-même démentis, ça n'a aucun sens !

— Je les ai démentis pour protéger mon secret, c'est tout.

— Qu'est-ce qui t'a fait changer d'avis ? En quatre jours, tu reviens sur ta décision, c'est trop bizarre, qu'est-ce qu'il s'est passé entre-temps ?

Je n'aurai jamais cru regretter mes paroles de lundi.

— J'ai mes raisons.

— Tes raisons sentent le mensonge à plein nez.

Pourquoi est-il pointilleux déjà ? Parce qu'en attendant, ça ne m'arrange pas cette histoire.

— Bon, tu veux la vérité ? Demain, plusieurs scientifiques viendront au projet RONII et je préfère anticiper avant que tu devines la vérité par toi-même et que les conséquences deviennent hors de mon contrôle, ça te va comme raison sensée ?

— J'ai quand même un peu de mal à croire à cette histoire de robot...

Mais il m'énerve. C'est une fichue tête de mule au fond et c'est insupportable. Aussi, je peux comprendre qu'il est un peu difficile de reconnaître l'existence d'un robot comme moi, mais tout de même. Aux grands maux, les grands remèdes, quelques petites piqûres de rappel ne peuvent pas lui faire de mal.

— Bon, puisque tu ne me crois pas, prends ma main, affirmé-je en la détachant du volant.

— Tiens-le... commence-t-il par réflexe avant de se rappeler que quelques petites minutes plus tôt, je n'étais plus du tout aux commandes et que rien de mal ne s'est passé.

Il n'ajoute rien, semblant comprendre lui-même sa bêtise, et obéit, un peu hésitant, ne sachant pas comment tenir ma main. À peine l'a-t-il touché que je ressens la même décharge électrique que la dernière fois qui envahit très vite tout mon corps. Un instant, je suis outrée qu'il ait osé refaire le coup, mais je vois de la surprise sur son visage, comme s'il avait ressenti la même chose que moi et qu'il ne s'y attendait absolument pas.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant