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 Une fois sur le parking, j'hésite à prendre la voiture de ma sœur pour fuir, mais je ne compte pas revenir rapidement, alors ça ne se fait pas de la laisser comme ça en plan sans aucun moyen de rentrer. J'y dépose juste mes affaires, ne voulant pas être encombrée et je pars en courant, je suis obligée d'aller à un rythme normal, mais ce n'est pas grave, j'ai un plan de secours pour être plus rapide.

Prenant un peu de risque, je me connecte à distance à ma voiture, que je fais alors démarrer et manœuvrer toute seule. C'est quitte ou double, mais si aucun élément n'a changé depuis ce matin, il n'y a aucune raison que ça tourne mal. Et pour une fois, je fais rouler ma voiture dans les limitations de vitesse, elle n'a pas de raison d'avoir un accident. Il ne faut pas non plus que pépé et mémé soient de sortie avant que j'aie gagné le champ des caméras de surveillance, mais ça reste un risque mesuré. En plus, il faut bien reconnaître que je connais parfaitement la route au centimètre près, en temps normal, je n'ai pas vraiment besoin de la regarder, alors à un certain stade, que je sois dedans ou non, ça ne change plus grand-chose.

Je confirme, je dis ça uniquement pour me rassurer que tout se passera bien et que je récupérerai ma voiture sans la moindre rayure. Mais de toute façon, je n'ai pas vingt millions d'autres possibilités si je veux quitter Berkeley le plus vite possible sans être remarquée... Et sans voler une voiture accessoirement.

J'avoue que je choisis aussi cette option parce que si je rentre chez moi prendre ma voiture de manière conventionnelle, je vais croiser ma mère, qui va m'obliger à me justifier et ça, je ne le supporterai définitivement pas. Elle non plus d'ailleurs. Du point de vue de la femme qui m'a accueillie, c'est quand même très étrange de voir ma Chevrolet partir sans moi, mais mon plan ne peut pas non plus être parfait.

Ma voiture arrive d'ailleurs seulement sept minutes plus tard, dès qu'elle a atteint les routes nationales, j'ai pu la faire accélérer. Elle s'arrête sagement au feu rouge, me permettant ainsi de monter côté conducteur, je remarque que quelques passants m'observent intrigués, mais ce n'est pas grave, je serai très étonnée que qui que ce soit pense que c'est une voiture roulant toute seule, c'est bien trop improbable. Je pense même que la plupart des personnes étonnées supposent sans se poser de questions que c'est une voiture anglaise, peu de personnes sont assez observatrices pour remarquer que je suis seule dans le véhicule.

Une fois à bord, je prends la route vers chez Bill Gates après avoir vérifié via son ordinateur portable et son agenda qu'il s'y trouve bien, c'est sans doute le seul qui peut en finir avec ses satanés bugs, j'en suis certaine. Et après ça, tout sera terminé et ce sera beaucoup mieux ainsi. J'aurais déjà dû beaucoup plus insister lors du dernier contrôle pour qu'il tente vraiment de faire quelque chose, mais maintenant, il est largement temps.

La route va vraisemblablement être longue, après tout Seattle n'est pas la porte à côté, même en roulant bien, mais avec un peu de chance, j'y serai dans moins de sept heures. J'avale les kilomètres sans vraiment les voir passer, n'ayant que ma destination en tête. Je me retrouve juste à envoyer un message pour prévenir ma famille de mon départ pour éviter qu'ils s'inquiètent, même si me connaissant, faudrait plus s'inquiéter de mes motivations que de mon départ. En tout cas, si ma famille me les demande, je ne suis pas près de leur donner mes raisons, encore moins par SMS comme ça.

J'arrive à l'immense propriété au bord d'un lac du multimilliardaire un peu avant 16 heures 30, battant au passage mon record personnel de moyenne de vitesse, ayant parcouru les 1 300 en 6 heures 26. En attendant, je peux largement me permettre de contracter Bill Gates, il est encore tôt. Arrivant par l'entrée principale, je sonne, sachant très bien que vu le système de sécurité de la maison, quelqu'un va me répondre, surtout que je n'ai pas prévenu de ma venue. Ça ne rate pas, il faut presque une bonne minute d'attente, mais c'est Bill Gates lui-même qui me répond, aucun doute, il m'a reconnue.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant