11001 (25.1)

227 35 21
                                    

 — Oui, mais ça, je pense que tu le savais déjà, remarqué-je un peu honteuse au souvenir des circonstances durant lesquels elle a dû l'apprendre.

— Bien sûr que je le savais déjà, mais c'est aussi assez agréable de l'entendre de ta bouche et de savoir que tu l'assumes. C'est vraiment une bonne chose et se l'avouer à soi-même et aux autres, c'est d'autant mieux. La prochaine étape, c'est que tu lui dis à lui. Bonne chance.

Le problème avec elle, c'est que je la connais aussi bien qu'elle me connaît. Ça a la fâcheuse tendance à la rendre diabolique. Il ne me reste plus qu'à espérer qu'elle ne me forcerait pas à le faire, ce qui est loin d'être garanti. Je verrai le résultat ce midi, même si je m'imagine déjà bien ma sœur me demander de faire les présentations après avoir laissé planer un doute. Elle en serait totalement capable et face à ça, je ne saurais absolument pas comment réagir. Je verrai très vite si elle me fait regretter ou non ma décision de manger ce midi avec Elijah, ma sœur et ses amies.

Dès que je rejoins Elijah, je le préviens du plan pour ce midi, il semble très surpris par ce brusque revirement de situation, n'ayant pas de mal à faire un lien entre mes paroles et la veille. Mais il ne semble pas du tout déçu, au contraire, il me paraît même très heureux de la situation, il me paraît même un peu trop impatient. Je n'ose pas lui rappeler que Fauve me ressemble énormément et peut même s'avérer encore plus insupportable que moi. Il le verra lui-même bien assez tôt.

Plus le milieu de la journée approche avec la fin de la matinée, plus je commence à me mettre la pression, je ne sais même pas pourquoi je me pose tant de questions pour un simple repas dans un restaurant universitaire avec ma sœur et mon copain. Surtout que normalement, ce genre de chose, c'est bien moins personnel qu'un tête-à-tête et j'ai déjà souvent mangé avec Elijah, mais ça ne me semble pas du tout pareil. Un peu plus et je vais finir par mettre la pression à Elijah alors qu'il est parfaitement détendu.

En arrivant à la cafétéria, j'hésite très sérieusement à fuir en courant. À croire que ma sœur, qui est au passage ma meilleure amie, est un monstre. Quand je pose mon plateau à sa table juste avant Elijah, je regarde ses deux amies et je crains une quelconque remarque qui n'arrive pas, même pas de la part de Fauve, c'est comme si c'était totalement normal comme situation et que nous avions toujours fait ainsi.

Finalement, j'ai été très mauvaise langue, ma sœur a été parfaite ce midi. Elle n'a rien dit de gênant et n'est pas non plus allée chercher la petite bête, comme elle sait très bien le faire. Je n'ai même pas eu à me demander comment je devrais réagir face à telle ou telle remarque puisqu'il n'y a absolument rien eu de notable. C'est une bonne chose, sinon, je ne sais pas trop ce qu'il se serait passé. Même ses amies se sont comportées admirablement, elles n'ont pas été trop perturbées par la présence d'un inconnu, ce qui leur a permis d'être normales et les conversations ont pu être détendus. Bref, c'était tout simplement idéal.

Au fond, c'est rassurant et réconfortant, voire agréable de constater que non seulement tout c'est bien passé, mais qu'en plus Elijah et Fauve s'entendent étonnamment bien. La perfection. Maintenant, il ne me reste plus qu'une étape à passer : le débriefing de Fauve. Elle ne m'en a absolument pas parlé, mais je n'ai pas de mal à prédire qu'elle va me donner un compte-rendu détaillé de cette rencontre, accompagner d'un avis personnel et de conseil. Mais a priori, sauf grave erreur de jugement et d'interprétation de ma part, il devrait être clairement positif.

— Ça va, il est sympa, ça a l'air d'être un mec bien. Parce que franchement, vu comme tu m'en parlais, je me l'imaginais comme étant un idiot beaucoup trop curieux et insistant qui te suit comme un pot de colle. Mais finalement, il est gentil, j'approuve ton choix, affirme Fauve le soir quand je monte en voiture.

RONII (Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant