RONII (Terminé)

11 (3.1)

 Surtout que ça ne se fait pas de prêter un cadeau, surtout un cadeau pareil. Je reconnais, j'ai peut-être inventé le principe, mais quand même. Cette voiture est très spéciale, surtout à mes yeux, étant tout simplement mon double version véhicule, c'est le must de la technologie, elle est mieux que toutes les voitures du marché. C'est vrai qu'en apparence elle ressemble à n'importe quelle Corvette C8, mais dans les faits, c'est un W16. Elle est entièrement informatisée, elle a toutes les options, même celles qui n'existent pas vraiment. En plus, elle fonctionne à la même énergie que moi, la AE846, ce qui me permet de ne jamais avoir à faire le plein.

Bien sûr, elle a elle aussi été faite par le projet RONII et elle est à peu près aussi confidentielle que moi. Je pense que je ne remercierai jamais assez l'équipe du projet RONII de l'avoir fait. Déjà, que j'étais ravie quand Bill Gates m'avait offert le même modèle en version commerciale deux ans plus tôt. Mais quand cet été j'ai découvert cette merveille qui est parfaitement assortie à moi, j'en suis tombée amoureuse. Façon de parler bien sûr. Et ce, avant même d'en connaître les subtilités, rien qu'en voyant la peinture nacrée rouge et bleu et l'intérieur cuir beige ainsi que la décapotable.

Bref, ma voiture est parfaite et il est hors de questions que je la prête. Je pourrai même faire en sorte qu'elle ne démarre pas si ma sœur insiste, mais ça ne se fait pas vraiment, alors je vais trouver un autre moyen. Fauve est quand même incorrigible.

— Parce qu'en plus tu la veux tous les quinze du mois ? remarqué-je en réponse, toujours choquée par sa demande. Mais ça ne va pas bien, j'ai déjà accepté que tu conduises un jour sur deux ta voiture, c'est déjà énorme. Ne va pas m'en demander plus. Je t'adore Fauve, mais c'est ma voiture.

— S'il te plaît, supplie-t-elle, n'ayant pas du tout compris la blague ou alors ayant décidé de l'ignorer royalement.

— Rends-moi plutôt mes clefs qu'on y aille avant d'être en retard.

— S'il te plaît, s'il te plaît, s'il te plaît, j'accepterai toutes tes conditions.

Elle est folle, elle sait pourtant que je peux être très intelligente et malicieuse quand je m'y mets, il ne faut absolument jamais me dire une chose pareille.

— D'accord à une condition, je me connecte au circuit, négocié-je, en profitant des équipements de mon véhicule pour faire chanter Fauve et l'arnaquer au passage si jamais elle accepte.

Ce n'est pas comme si je pouvais la conduire intégralement sans rien toucher. Je ne l'ai encore jamais fait, c'est beaucoup trop marrant de tenir le volant et d'accélérer physiquement et non informatiquement.

— Mais ce n'est pas juste ! Je ne la conduirai même pas vraiment si tu fais ça ! Et te connaissant, tu vas faire un remake de la Coccinelle, ce n'est pas du jeu, se plaint-elle, en tentant de faire des yeux de chien battu.

Qu'elle ne râle pas, j'aurais pu faire une condition l'empêchant complètement de s'asseoir derrière le volant.

— C'est ça ou rien.

— Trois fois par mois et tu te connectes au circuit, tente-t-elle tout de même.

Elle y croit, la saloperie ! Pourquoi j'ai éduqué cette petite-là, moi ? Je l'ai rendue beaucoup trop maligne.

— Une fois.

— Quatre.

Nous allons vraiment finir par être en retard avec ses conneries. Elle ne va quand même pas m'obliger à récupérer les clefs par la force ! De toute manière, si je n'avais pas peur de lui faire mal, je l'aurais fait depuis longtemps, mais là, c'est un risque que je ne préférerai pas prendre.