CHAPITRE PREMIER : DÉCADENCE (3)

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— Sacha, debout, on a cours.

Justement, les klaxons de plus en plus oppressants et stridents résonnent dans mes tympans, alors qu'un mal de crâne lancinant me saisit tout le cerveau, débordant jusqu'à mes tempes et ma nuque lorsque j'entrouvre les paupières.

Aucun Lundi ne commence réellement bien.

Je grommelle une injure entre mes dents avant de me redresser, portant ma main près de mes yeux à cause de la lumière aveuglante qui traverse les vitres.

Je suis dans la voiture de Morgann, allongée sur la banquette arrière. Mon maquillage a complètement coulé, et j'ai les habits de la veille.

-Enfiles ça, me lance Morgann en me tendant une de ses chemises.

Il les garde dans son coffre pour ces — plus très — rares occasions. Je l'attrape et me change rapidement. Il a l'habitude de se garer derrière un arbre, pour prévenir les risques de pluie, de canicule, ou encore pour me permettre de me changer tranquillement.

J'enfile mes bottes en cuir noir, puis je saute de la voiture en passant une main dans mes cheveux ébouriffés, mes mains se coinçant entre mes mèches.

-On a un devoir, on se retrouve au déjeuner pour le revoir ensemble.

-Pour faire le mien tu veux dire, je rectifie en passant une main sur mon visage, alors que le soleil agresse mes pupilles. J'ai envie de rentrer à la maison...

Il passe ses deux larges pouces sous mes yeux pour enlever le reste de maquillage foncé qui accentue mes cernes, puis il me tourne pour réunir ma crinière en une queue de cheval désordonnée.

-Tu sais que je n'aime pas tirer mes cheveux, on voit mes boutons sur ma joue, là.

Je lui montre, il ne cille pas. Son visage reste fidèle à lui-même.

-Qu'est-ce que ça peut bien faire ?

Je m'apprête à m'avancer, une main frottant mes yeux secs, lorsqu'il me tire en arrière avec une prudence connu de lui seul en situation dangereusement instantanée, en même temps qu'un freinage brusque suffit enfin à me sortir de ma léthargie.

-Putain Sacha ! Fais gaffe ! Me lance Nils de sa voiture, penché à sa fenêtre.

Il finit par en sortir après s'être garé près de nous, puis il s'approche de moi tandis que la poigne de Morgann se relâche, mon dos pressé contre son torse.

-Comment ça va ?

Il pose ses lèvres sur les miennes, mais je m'arrache rapidement à lui, certaine d'avoir une haleine qui empeste l'alcool.

-Je suis vraiment fatiguée, on se voit après ? Je lui propose en plissant les yeux, priant pour que mes maux de tête me laissent un peu de répit plus tard dans la journée.

Je marche jusqu'à l'Université sans les attendre, souhaitant de tout coeur faire marche arrière et rentrer chez moi, me blottir sous la couette. N'importe où, pourvu que je ne reste pas ici.

Près de mon casier, alors que je le fouille encore et encore en cherchant à réarranger mes pensées confuses, et peinant grandement à décuver le plus rapidement possible, Nils me rejoint, un sourire guilleret barrant sa joli face.

-On ne s'est pas vus hier soir.

-J'étais avec Morgann, je réponds avec insouciance.

Il grimace, puis toque deux fois contre mon casier. Ça me fait redresser le regard vers lui, finalement concentrée sur ce qu'il me dit, trouvant un intérêt à ses billevesées fantasques concernant ma relation de toujours avec Morgann.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant