CHAPITRE 7 : CHRYSALIDE (3)

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Mon visage s'accroche au miroir sans que je ne puis en faire autrement, et je me décompose.

Premièrement, la fatigue me cerne, j'ai les yeux bouffis et si gonflés que je peine à me reconnaître sous mes traits livides. J'ai beaucoup minci, aussi, sans m'en rendre compte.

Cette semaine a été plutôt compliquée.

Dans la blouse, je fais pâle figure. J'ai les lèvres bleues, les cheveux embroussaillés, véritable masse informe et échevelée, il n'est qu'une consolation : celle d'apercevoir mes boutons se faire la malle peu à peu.

Mais le reste est... Catastrophique.

Morgann m'enlève le vêtement, le laissant glisser au sol, puis me fait tournoyer pour me soustraire au bandage, me faisant rire, détendant l'atmosphère lorsqu'il me ramène contre son torse pour ne pas que je tombe.

J'aperçois alors ma peau marquée par endroits d'une couleur oscillant entre violet âcre et bleu cyanose. Il pose sa main sur mon visage, enlève à leur tour les bandages enserrant mon nez... et me presse dans la douche, faisant tomber le siège.

-Assieds-toi, il m'encourage.

Je le fixe, les yeux ailleurs, réfléchissant à mon état physique.

Il me presse alors, ses mains contre mes omoplates, et m'y assoit en ouvrant l'eau chaude...

-Je vais t'aider.

Je ne dis rien, les bras repliés sur ma poitrine. Il fait tourner la manette de l'eau froide, refait tourner celle de l'eau chaude, place ses doigts devant le jet, refait tourner celui de l'eau froide... Et il glisse le pommeau à mes pieds, remontant doucement, se fichant éperdument de mouiller ses habits.

-Je peux le faire Morgann, je dis en essayant de m'emparer de l'instrument dans sa main.

Il le hisse loin, me mouillant les jambes.

-Je m'en occupe.

Je le laisse, certaine que cela fait décroître son inquiétude que de se savoir présent et en capacité de m'aider. J'acquiesce, toujours ailleurs, perdue dans mes songes.

Il presse le gel douche, l'étale dans sa main avant d'agripper un gant de bain et de faire couler le savon par-dessus, une nouvelle fois, puis laisse suspendre le pommeau dans le support mural, m'abattant d'une averse de chaleur liquide.

Je ferme les yeux, ma main couvrant mon nez pour me permettre de respirer, et il s'approche, indifférent du fait que l'eau l'atteint grandement, trempant son tee-shirt, faisant couiner ses semelles sur le carrelage.

-La température est bonne ?

J'acquiesce.

-Je ne te fais pas mal ?

J'acquiesce de nouveau.

Il s'applique, frottant mes pieds, remontant vers mes mollets, se réapprovisionnant en savon, ses yeux plongés dans les miens, cérulés et agités.

-Ça va ?

J'entends. Je saisis toute l'importance de sa question, combien tentaculaire dans l'espace : Est-ce que je vais bien ?

Tout en moi, et autour de moi tremble, s'effondre... Alors je ne sais pas.

Je hausse les épaules, il n'insiste pas plus, je l'en remercie intérieurement.

Délaissant le gant, il attrape le savon dans ses mains et les passent sur mes hématomes, tendrement, attentionné à mes blessures. Sa mine, maintenant en sécurité seul près de moi, se laisse mouvoir pour me faire comprendre tout ce qu'il ressent : une lourde tristesse, une culpabilité évidente.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant