BIG BANG - Mon monde

CHAPITRE 3 : PERDITION (1)

Mercredi

Le lendemain, j'appréhende la nouvelle journée. Je n'ai que trois cours, et entre les deux derniers, il y a mon rendez-vous avec Nils.

Il m'a envoyé un message pour s'excuser, encore. Ça m'a mis mal à l'aise vis-à-vis de mon comportement de la veille avec Karl, mais on peut presque dire que l'on était plus ensemble à ce moment là... Du moins, je l'espère.

-Tu es bien rentrée, hier ?

Morgann me regarde, les yeux francs. Je sais qu'il s'attend à ce que je lui avoue tout, et je ne tarde pas à le faire. Je hoche d'abord la tête.

-Tu veux réellement que j'énonce clairement ma question ? Je sais que ça te tracasse, tu te tritures les mains depuis que tu as reçu le message de Nils, ce qui signifie que tu te sens coupable de quelque chose...

-Morgann...

-Et en analysant le temps entre le moment où j'ai entendu la moto arriver et celui où je l'ai entendu repartir...

-S'il-te-plaît, je l'arrête.

-Tu sais que je n'aime pas quand tu me coupes la parole.

Je me tourne vers lui, toujours sous la couverture. Le soleil se lève, il est six heures sept et j'ai énormément de mal à me redresser. Morgann, lui, est assis, les jambes écartées. J'ai d'ailleurs ma tête reposant sur l'une de ses cuisses, le corps allongé entre elles.

Me surplombant, il finit par hocher la tête.

-Pardonnes moi, c'est juste que...

J'expire bruyamment en me redressant sur un coude, mes cheveux s'échouant dans le vide, près d'une de mes épaules. Là, je suis proche de lui, mais tout va bien, je contrôle la situation.

-D'accord, j'ai couché avec Karl, j'admets dans un chuchotement, mais pour ta gouverne, je n'étais déjà plus avec Nils, et...

Ma voix s'éteint. J'ai perdu la fin de ma phrase.

-Et...? Il mystifie, visiblement de bonne humeur ce matin.

Dehors, j'entends les oiseaux piailler agréablement.

-J'ai oublié. Ta divination se base seulement sur tes calculs ? J'ironise.

Il secoue la tête, balançant lentement ses boucles dans les airs, puis il se penche vers moi, m'encadrant de son torse large, ses mains posées sur ses rotules, le nez planté près de mon oreille.

-Tu es différente lorsque tu viens tout juste de t'adonner au plaisir de la chair, il murmure. Tu sens la luxure, un mélange entre sueur et sucré, épanouissement et... souffrance.

Il me renifle pour affirmer ses propos alors que je recule, puis sens mes aisselles, seulement parée de mes sous-vêtements, avant de me tourner vers lui.

-Sueur, ça, c'est sûr, je réponds.

Ses lèvres tremblent, il a presque ri. Ça me rend folle d'euphorie. Il se contente de son habituel mini-sourire avant de se pencher sur un côté.

Il s'avance maintenant, pose son front contre mon épaule.

-Tu ne le regrettes pas ?

Je n'ai aucun accès à l'expression de son visage, et n'ai aucune idée de ses sentiments lorsque je lui réponds :

-À vrai dire, d'amers regrets. Il était... Performant, mais... Ce n'est pas ce que je cherchais, j'avoue à demi-voix avant de me relever, laissant glisser sa tête, et de me traîner dans la salle de bain sans le regarder.