CHAPITRE 5 : VOLUPTÉ (2)

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Vendredi

Les fourmillements grimpent et agrippent mes membres comme des vampires assoiffée de plaisir, les arabesques se disséminant par millier dans mon bas-ventre qui s'échauffe brutalement pour s'imposer.

J'ouvre les yeux pour m'apercevoir qu'il fait encore complètement nuit, le souffle saccadé, les mains moites et brûlantes.

Morgann, à mes côtés, dort encore à poings fermés. La lumière altère sa vision habituelle : si d'habitude il me paraît figé, là, son buste se rehaussant lentement, ses épaules suivant la douce cadence, j'admets que quelque chose de bien vivant l'anime. Une âme qui disparaît brutalement lorsque ses yeux s'ouvrent... Aussi étrange que cela puisse paraître.

Mes mains se cramponnent plus durement à ce qu'elles peuvent, mes ongles s'enlisent dans le drap, s'enfoncent dans ma paume à travers l'étoffe alors que je tente de rationaliser ce qu'il m'arrive.

Pas maintenant.

Je suis si ravagée par l'incendie qui me consume que j'oublie de respirer. Je suffoque sous la couette, la jète sur le côté, le corps bouillonnant, flambant d'excitation, tentant à nouveau vainement d'en faire abstraction le plus possible.

Je me cambre doucement en serrant les cuisses pour tenter, au minimum, de l'apaiser un peu, tentant infructueusement de me rendormir.

Si je ferme les yeux et tente par tous les moyens de m'assoupir, j'espère que cet empreinte marquée au fer sur ma concupiscence saura se tarir et retrouver sa place : je devrais en être la seule cheville ouvrière, mais seul Morgann l'inspire.

Il est la muse de ma luxure, en est le détenteur.

Je m'allonge sur le ventre, nouant mes doigts entre eux, puis me tourne sur le dos, étouffant, un film aigre de sueur coulant dans mon épine dorsale.

Le foisonnement libidinal abonde dans mon entrejambe, d'une tyrannie éhonté, égrugeant ma décence. Ma poitrine s'élève vite, et, à la façon de cette formication qui survient à la suite d'une imputation, mon sexe prend son indépendance pour me narguer de son ablation de mon esprit, le rendant de ce fait incontrôlable par son indépendance.

J'ai envie de pleurer.

C'est impossible.

J'hésite maintenant longuement, mais Morgann a l'air de si bien dormir que je me décide à le faire... À m'en défaire.

Ma main sinuant le long de mon corps, je la glisse timidement dans ma culotte, pressant mes doigts contre mon clitoris, par-dessus mes lèvres pour y aller doucement. J'étouffe, entamant mon onanisme de façon maladroite, par peur, et me presse pour en finir, mais en vain. J'ai beau essayé de venir le plus vite possible, je m'y prend sûrement si mal, dans la précipitation et la peur, que je n'y parviens pas.

Je serre les cuisses, gémis doucement, mordant dans ma main pour m'empêcher de le faire trop fort. Rien ne fonctionne.

Je manque de crier de rage, les nerfs échauffés, l'esprit perdu, ne pouvant m'en prendre qu'à moi-même pour la maladresse dont je fais preuve dans la hâte.

Dans la pénombre, je me meus avec l'étourderie émanant d'un silence imposé.

Tout semble irréel, pourtant cette faim qui me tenaille, elle, me fait délirer, et se révèle fatidiquement existante. Je me cabre, ayant délaissé mon imagination débordante pour quelque chose de plus mécanique. Je me décale pour trouver une fraicheur dans les draps qui me manque, tant je m'acharne dans ce lit brûlant, véritable braise dans mon dos.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant