CHAPITRE 7 : CHRYSALIDE (6)

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Morgann est mort.

Je tente par tous les moyens de faire taire cette fichue voix incessante dans mon crâne, mais rien n'y fait, elle s'élève sans cesse pour me faire appréhender la pire situation qui puisse m'arriver : la mort de Morgann.

Il n'est pas sorti.

Il est mort.

Ma jambe tressaute sur le sol. Assise sur le trottoir, rien ne semble se manifester quant aux horreurs qui prennent place dans cette maison aux apparences chics et sophistiquées.

Je passe ma main sur mon visage, le maudissant à demi-voix, lançant des insultes pleins de haine lorsque la situation m'échappe et que je redeviens boule de colère. J'oscille entre tristesse grandissante et animosité écrasante. Je passe une nouvelle fois ma main sur mon visage, le cerveau tournant à plein régime...

Morgann est...?

Face à moi, la maison ne m'en dit pas plus. Je ne sais absolument pas ce qu'il est en train d'arriver, mais je n'ai pas voulu partir. Je l'attends indéfiniment, me moquant bien du temps qui défile, et de la nuit qui s'est abattu. Mon téléphone m'indique l'heure : 23:12.

Il n'est pas sorti, et je ne sais pas ce que je dois penser. Et s'il était réellement...?

Je me redresse, éclatant en sanglot, me sachant flancher dès lors, un mal de crâne lancinant me saisissant. Mon ventre se tord dans tous les sens, d'une appréhension redoutable. Il faut que j'en ai le coeur net... Je ne parviens jamais vraiment à m'endormir loin de lui.

Je me maudis de ne pas avoir pris de cigarette, puis, me rappelant de combien cela lui déplaît, je me dis qu'il ne vaut mieux pas que j'aie l'haleine qui sente la nicotine. Ma lèvre inférieure calée entre mes dents de toutes mes forces, je m'empêche de pleurer sans réellement y parvenir.

Je hais ces larmes, aussi ! Car elles sont inutiles...

Pourquoi faut-il que la tristesse soit aussi maquillée et romancée ? J'imagine que ce n'est qu'en l'aimant qu'on parvient réellement à la supporter.

Je flanche à nouveau. Le coeur battant, je traverse, effectuant ses pas à l'identique.

Le portail est resté entrouvert, alors je foule les dalles, m'avançant d'une démarche peu assurée, toute en émoi...

L'anxiété grandissante me terrasse. Je garde mes mains contre mon coeur en piteux état.

Face à la porte, je tremble devant la sonnette qui me fait face, large bouton insignifiant. Je réfléchis activement, me maudissant d'avoir oublié ses clés, certaine de ne pouvoir, cette fois-ci, grimper le long de ses tuyaux jusqu'à sa terrasse à cause de mes blessures.

Ce qui me fait frémir, c'est le fait de me demander... Lequel des deux m'ouvrira ?

Je me lance avec impulsion, regrettant ensuite mon acte lorsque j'entends retentir la sonnette, véritable glas lugubre.

Je ne bouge plus. Figée, aussi bien qu'une statue, même ma respiration a cessé. Le silence dompte les environs, la pluie tombant maintenant avec parcimonie. Mes cheveux se tassent contre ma tête, et je tremble dans ma robe, sa veste posée sur mon épaule...

Quand un bruit métallique me fait sursauter.

La porte s'entrouvre sur une lumière blafarde, et Morgann apparaît... aucune blessure visible de prime abord. Je me pince les lèvres, le coeur prêt à plonger dans un gouffre infini.

-J'étais inquiète...

Il se détourne, semblant me laisser entrer, et je m'exécute sans rien ajouter.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant