CHAPITRE 7 : CHRYSALIDE (4)

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Musique en média.

Une fois les bandages terminés, Morgann me lorgnant du coin de l'oeil, inquiet à ce que l'infirmière me fasse mal, elle s'en va enfin. Celui-ci décontracte tous ses muscles à l'unisson puis se redresse en s'approchant, des vêtements dans la main, ayant troqué ses propres vêtements pour de nouveaux tous secs.

-Je t'ai acheté une robe.

Je hausse les sourcils.

-Pourquoi ?

-J'ai pensé que ce serait plus simple à enfiler, par le bas.

J'acquiesce. Son comportement reste égal à lui-même, mais... Quelque chose est changeant, et je sais que cela ne me plaît pas. Alors je ne dis rien, me laissant manipulé lorsqu'il m'aide à enfiler ma culotte par dessous la serviette. Il me fait ensuite enfiler un soutien-gorge, et comme il l'avait prévu, il glisse la robe au sol, me positionnant au milieu, puis la fait remonter le long de mon corps, m'empêchant ainsi d'avoir à monter les bras en l'air pour glisser les bretelles. Là, elles remontent naturellement jusqu'à mes épaules, et il s'en satisfait.

Elle est longue et noire... Elle ressemble un peu à celle que j'avais acheté à quatorze ans, mais de la dentelle tapisse le dos, et le décolleté est plus prononcé. J'espère seulement qu'elle me va bien; là où lui s'en indiffère, me tirant par la main.

-Quelle heure il est ?

Morgann regarde sa montre puis me tire à sa suite. Cette fois, c'est lentement qu'il m'entraîne sur ses pas, dans le long couloir, le personnel hospitalier et quelques personnes s'y baladant. Ça change de sa poigne habituel, qui ne survient que lorsqu'il me sait capable de tourner les talons. Là... C'est par précaution.

-Il est quinze heure et demi.

-On peut aller au lac ?

Il s'arrête et je lui rentre dedans par inadvertance, n'ayant pas prévu qu'il le fasse aussi brutalement.
-Pourquoi veux-tu y aller ?
Sa voix est pleine de doutes, d'incertitudes grandissantes, mais il semble prêt à m'écouter, m'entendre, cette fois patient concernant ce lieu.

-Je m'y sens bien, je confesse.

Mon regard tombe sur mes baskets, sachant pertinemment que c'est là que s'est joué le pire épisode de notre relation, mais ça... Je ne veux pas m'en rappeler, ni le voir de cette façon. Car, avant que tout ne déchante, c'était magique, fabuleux, d'une fascination cabalistique. Je l'ai aimé si fort, dès cet instant. Dès que mes yeux ont trouvé les siens, et que j'y ai chu lamentablement, véritable poupée qu'il s'est arrogé d'un coup d'oeil qui a duré une éternité dans ma chair et mes os.

Il s'est figé, droit comme un piquet, sa main serrant la mienne.

-Tu es sûre de vouloir y aller ? Tu ne pourras pas t'y baigner de toute façon.

Je hoche la tête de façon virulente, serrant son bras dans ma main, et il se contente d'avancer de nouveau, cette fois avec moins d'entrain.

On rejoint rapidement la voiture garée dans le parking souterrain, et il file droit vers le lac. Je m'avachis, la main sur mon abdomen recouvert du bandage, manquant de m'assoupir une nouvelle fois.

-On y est presque, il m'avertit.

Je me redresse dans mon siège, mes yeux voguant sur les arbres qui défilent à toute vitesse. Je me rassérène, maintenant proche de lui, sous sa coupe. Il passe sa main dans mon cou, et ça m'adoucit, me sécurise complètement, étanchant ma soif de paix.

Il met enfin la voiture à l'arrêt après les quelques secousses auxquels le chemin terreux oblige... Et on reste là, fixant face à nous le lac qui s'étend, frappé d'une pluie torrentielle, comme si des paillettes avaient été déposées sur la surface qui chatoie par clignotements. Le vent fait bruire et gronder les arbres dans un ballet déchaîné qui me garde éveillé.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant