CHAPITRE 3 : PERDITION (9)

177 20 0
                                    

Je l'observe entrer dans la salle de bain, puis il ferme le battant. À clé.

Je me triture les doigts avant de décider de me conformer à son exigence.

C'est la première fois, la première fois que Morgann m'aide à m'en défaire... Et j'ai bien peur d'y prendre goût. Comment ferais-je alors, ensuite ? Jusqu'ici, je n'avais même pas envisagé cette éventualité, je n'avais qu'imaginé à travers d'autres... Pas lui, en lui-même. C'était insoupçonné.

Mais alors, pour l'instant, je ne connais pas cette situation, ce sentiment, l'arôme qu'aura cette délivrance entre ses bras.

Je laisse tomber le pull au sol, puis je déchausse à nouveau mes baskets et mes chaussettes, décidant de garder mes sous-vêtements, mon coeur martelant sans pitié ma cage thoracique, me rendant anxieuse à m'en rompre une respiration vitale.

Morgann émerge soudain de la salle de bain, me faisant sursauter, vêtu d'un caleçon et d'un tee-shirt noir. Il a enlevé ses lunettes, et je les aperçois par la porte entrouverte, trônant près du lavabo sous la lumière claire.

-Je t'ai dit de tout enlever, il maugrée gravement avant d'attraper son pull et mes baskets au sol.

Je me pince les lèvres, et il fait face à mon hésitation avec patience.

-Assieds-toi sur le lit, je t'enlèverai ça moi-même.

J'opine du chef, toute chose, mon excitation s'exacerbant à chacun des mots qu'il m'offre alors qu'il s'occupe d'aller ranger mes affaires.

Je m'assois sur le bord du lit, les pieds caressant la moquette, nerveuse, le coeur au bord des lèvres...

Quel sera la prochaine étape ?

Mon corps entier bouillonne d'envie, et je serre les cuisses de nouveau en inspirant à fond, la tête rejetée vers l'arrière.

Il sort une nouvelle fois, la lumière s'éteignant dans son dos, puis vient s'asseoir sur le lit. D'une main leste, il saisit la brosse posée sur sa table de chevet avant de la ranger dans le tiroir.

Mes battements de coeur atteignent mes tympans. J'entends son corps se frotter au drap. J'ai du mal à respirer, me demandant pourquoi, cette fois, j'ai autant de mal à m'abandonner pleinement à lui, ce que je fais pourtant chaque jour, chaque heure, chaque minute depuis le lycée.

-Viens par là.

Je m'exécute sans attendre.

Il m'assoit en plein milieu du lit, sous la couette duveteuse, sans qu'une seule fois je n'aperçoive son visage. Mes mains deviennent moites, et je commence à devenir de plus en plus soucieuse. Un noeud à l'estomac me serre, je me mords l'intérieur de la joue, envahie par la pression. Mon souffle se saccade, mes yeux se perdent, secoués, dans l'obscurité de la chambre.

-Détends-toi, il m'intime doucement.

Je tente de calquer ma respiration à la sienne, ma poitrine s'élevant de façon incontrôlée, mais y peine grandement cette fois-ci. Son contact m'électrise de la tête au pied, et je sais que ce sont ses paumes chaudes et délictueuses au créent cette euphorie cardiaque.

Morgann... Morgann... Ton nom m'apaise, mais tes actes me rendent folle... est-ce normal ?

Je n'y parviens pas.

Pour la première fois, malgré ses tentatives d'apaisement, mon être entier ploie sous l'angoisse, la peur... Et une excitation grandissante qui mugit dans mon corps, et qui m'ordonne de lui donner un répit, suffisant cette fois-ci.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant