Morgann est une ombre menaçante dans la vie de Sacha. Son existence s'apparente plus à des lianes perfides qu'à une réelle protection. Des crocs acérés plantés dans une nuque aussi gracile que dévouée : Sacha s'offre à lui comme s'il lui était vital...
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Il clôt les paupières, surmené. Les mains sur les tempes, il me repousse violemment lorsque j'ose une nouvelle approche, en proie à une détresse qui me cloue les os sur le parquet.
Sa mâchoire se contracte, ses yeux deviennent fous, il serre les poings en éclatant rageusement :
-Je maudis ce jour où j'ai posé la main sur toi ! Car, autant que ton visage horrifié et paniqué m'a fait plonger dans la tourmente la plus horrible... J'ai senti en moi, dès cet instant, l'excitation s'exacerber le plus violemment possible, viscéral, impitoyable... Et ça a fait doubler cette tourmente que de me savoir aussi protecteur et destructeur à la fois, à me contenter de me complaire dans ces deux rôles contraires.
Je me laisse choir, abattue, mon regard s'agrippant au sien pour ne pas sombrer dans la géhenne. Je l'aime, l'aime tant... Pourquoi il m'abandonne ? Pourquoi semble-il se défaire de moi avec cette facilité déconcertante ? Pourquoi ai-je l'impression qu'il n'y ait que moi qui ne succombe à la torpeur ?
-Tu n'as réellement aucune idée de toute les horreurs qui me traversent l'esprit lorsque ton corps s'étend près du mien, sans même une maigre appréhension.
Je secoue la tête, certaine de même pas imaginer le quart, ni le centième de ce qu'il semble pouvoir me faire, de ce qu'il dépeint avec cette haine intransigeante, de ce qui le travaille jour et nuit et le rend malade au point d'être obligé de se défaire de moi.
-Morgann... Prend moi toute entière, je supplie presque, dans un état lamentable, sans précédent.
Sa colère gronde, il serre les poings rageusement.
-Car je ne ne t'abandonnerai jam...
Avant même que je ne termine ma phrase, sa fureur me propulse contre le lit, sa main plaquant durement mon cou contre la couche, mon souffle brusquement interrompu. Ses yeux se sont éteints, complètement... Là, il n'est rien que je ne puisse dire qui le fera reculer.
-ALORS C'EST ÇA ?! Il aboie.
Je me ratatine, effroi inquisiteur, brusquée, perdue, ne sachant quoi faire.
-TU ME FORCES À M'EN PRENDRE À TOI ! Il rugit, m'accablant de reproches.
-Morgann, je glapis fébrilement.
Sa poigne se resserre, l'air se retranche, mes yeux fouillent les siens, cherchant à dénoter une once d'humanité persistante qui le ferait reprendre brutalement ses esprits, mais rien. Je pose mes mains sur les siennes, maintenant en proie à une épouvantable répulsion, un affolement qui agite tous mes sens et me somme, maintenant, de m'enfuir. Sa main fouille sous son lit, quelque chose glisse contre le sol, et soulevant ma robe, arrachant ma culotte, complètement délirant, il enfonce son vibromasseur en moi sans douceur.
Ça me prend de court. Je m'étrangle, serre ses mains, mes ongles s'enfonçant dans sa chair...
Mais maintenant, il est loin. Il semble seulement spectateur de la scène avec une indifférence qui me tord les boyaux, me donne envie de mourir.
