CHAPITRE 6 : DESTRUCTION (7)

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Il avait raison...

Assise sur le trottoir, le regard perdu, ailleurs, très loin... Je masque mon corps disgracieux qu'il a roué de coup, ma seule consolation étant qu'il ne m'a pas bafoué, ne s'en est pas directement pris à ce que je réserve à Morgann dorénavant.

Je hais que d'autres que lui puissent voir juste. Je ne sais même pas si ce dernier est rentré, mais probablement, car mon téléphone ne cesse de sonner.

Assise près d'un arbre longeant la route le long de laquelle il a disparu, je reste recroquevillée dans mon coin, ne souhaitant voir son visage se décomposer à mon approche. Je n'aime pas lui faire face lorsque les violences que j'ai subi le mettent dans un état... Un état que je ne saurais décrire tant il me terrifie et me chagrine.

Les messages se succèdent, de lui uniquement, me demandant constamment où je me trouve, ce que je fais... Pourquoi je ne réponds pas.

Allongé dans l'herbe face à moi, je toise le nouveau téléphone d'un oeil torpide, mes pensées vagabondant près de lui, près de l'accalmie dans laquelle on se complaisait avant que tout ne déchante en début de semaine.

Elle n'est pas terminée, et là a été mon erreur que de penser que tout irait bien, que tout se terminerait bien... Qu'on trouverait un équilibre.

La terreur des coups l'emporte soudain, et le sang coulant de mon nez, je passe ma manche dessus, l'étudiant pour savoir si, maintenant, je pourrais rentrer. Je ne sais pas quelle heure il est, mais la soirée s'installe et je... Je ne sais pas quoi faire, une fois de plus, complètement impuissante. Si je rentre comme ça, dans cet état lamentable... Il se maudira et se condamnera, sous ma peine que de le rendre lui aussi impuissant.

Je ne sais pas quoi faire.

Je ne sais pas quoi faire.

Cette fois-ci, Morgann, mon Morgann, semble m'entendre, car il ne cesse d'essayer de me joindre, inquiet, probablement énervé.

Je ne sais pas quoi faire !

Je serre mon crâne de mes mains tremblantes, et je clos les paupières, la scène se rejouant, les insultes et les coups l'emportant sur... Sur ce qui persistait fébrilement; cette connaissance de moi-même.

Après tout, suite à toutes mes soirées de débauche, est-il une douceur que je mérite réellement ?

Chens me reproche de ne pas l'accepter, et il est bien le seul que j'aie refusé... Car il est trop grand. Trop immense. Distordu... Et plusieurs fois on m'a mise en garde de sa sexualité violente et dépravée, alors je me suis tenue loin de lui, certaine qu'un jour... Si Morgann se trouvait loin... Il finirait pas m'avoir.

Et j'avais malheureusement raison, car, de la même puissance que ce dernier, il est parvenu à me faire plonger dans cette torpeur dévastatrice qui ne cesse de me hurler combien mon existence est futile, et combien je devrais y mettre fin, une bonne fois pour toute, que cette souffrance cesse enfin, me laissant un répit mérité.

Je ne fais rien, ne dis rien, fondant en sanglot pour une énième fois, dévastée... Blessée.

Pas par Morgann, cette fois-ci.

Un nouvel appel auquel je raccroche, effectuant sans m'en rendre compte la torture qu'il m'a fait endurer la veille.

Je tâte mon abdomen dans lequel il a enfoncé son genou, me rompant une respiration vitale et vicieuse tant je souhaite l'éteindre une bonne fois pour toute.

Je garde les paupières closes, rétractée dans mon coin... le vent fait bruire un feuillage dense au-dessus de ma tête, la fraîcheur de la soirée calme la tempête de ces sentiments empiriques sur mon corps tremblant et paralysé. Lui aussi, je le hais, le hais tant...

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant