CHAPITRE 6 : DESTRUCTION (6)

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Sa main remonte le long de mon haut, et il semble prêt à le déchirer un instant, mais il finit par me l'enlever animé d'une agressivité affolante, me laissant en soutien-gorge, pouvant être découverte par n'importe quel passant se rendant hasardement dans cette ruelle.

Je rabats mes mains contre mon corps, le masquant maladroitement en cherchant à me cacher entre ses bras, mais, totalement en proie à une folie salace, il me repousse de nouveau, me tenant éloignée à m'en fendre le coeur, ses mains palpant mes côtes, tâtant ma peau comme s'il cherchait à se saisir de quelque chose, à s'emparer d'un objet que je possède, tapie sous ma peau, dans ma chair...

-Osho affirme que là où l'érotisme de l'homme est local, tout le corps de la femme est érotique, et tu es la première chez laquelle j'aperçois cela se manifester dans une urgence sensuelle. Mais je sombre dans ce péché sans le vouloir...

Soudain, ses traits se tirent une peine à moitié dissimulée, et il me lance, ailleurs :

-Et je me déteste à t'entrainer avec moi dans ces limbes où résident mes envies disgracieuses, extrêmes et sinistres... Mais tu es la personne la plus apte à les faire ressurgir et à pouvoir les assouvir...

Sa voix s'échoue dans le véhicule étroit, et je reste cette fois allongée, obéissante, mes mains posées sur le tableau de bord, lui se livrant à moi dans un état de catatonie totale, alternant entre ivresse passionnée et remords affirmés.

Ses mains s'incrustent dans ma chair, plus durement, laissant un sillage rougi et irrégulier, traçant ma peau de son emprise, griffant mon épiderme, cherchant à atteindre le derme enfoui dessous... et ça me fait mal, mais docile et malléable, autant que grisée par la situation, répondant instinctivement à son envie charnel, je le laisse me faire ce qu'il souhaite, sans que lui non plus ne s'en empêche, laissant mes gémissements franchir la barrière de ma lippe.

Ses pupilles paniquées, à nouveau, par automatisme, cherchent un endroit par lequel s'enfuir avant qu'il ne cède réellement... quand soudain il me repousse brutalement, me rasseyant sur mon siège sous ses halètements se mêlant aux miens.

Le tension se calme, déclinant tout à coup dans le cocon métallique dans lequel on reste enfermés, le regard porté sur un mur de brique rouge face à nous, les poings serrés tous deux. L'électricité qui voletait précédemment se retrouve à court d'énergie et s'échoue lamentablement, alors que le coeur souffreteux, on ne bouge pas. On ne fait rien...

On s'en remet péniblement.

Il démarre, tandis que je ramène mon siège à sa hauteur, malhabilement, tirant sur le levier, puis me rhabillant mollement.

On rentre.

Après toutes ces émotions, Morgann me laisse rentrer seule à la chambre, m'ayant affirmé qu'il préférait se déposséder de ses outils, horrifié d'avoir la possibilité de pouvoir s'en servir. Car alors, c'est comme s'il laissait une brèche ouverte, et qu'il pouvait à tout moment s'en servir, passer son bras à l'intérieur en défaillant, se laissant submerger par ses pulsions qui me laissent dans un état déplorable et secouée.

Alors je monte, le coeur au bord du gouffre, me maudissant de ne pas avoir insisté pour rester avec lui, le sachant en route vers cette grande maison que je ne supporte plus.

À mi-chemin, je m'arrête, réfléchis activement... Et me rue dehors en courant.

Sans cesser ma course, je me jette hors du bâtiment, le coeur battant à tout rompre, puis m'élance le long de la route, apercevant encore la voiture qui accélère.

-Morgann ! Je hurle, l'adrénaline pulsant et me jetant en avant avec plus d'entrain et d'énergie.

Il ne semble pas m'apercevoir, et je redouble d'effort dans la pente, mes pieds frappant la terre à une vitesse qui m'étonne, secouant ma main dans l'air pour le faire m'apercevoir.

Je ne cesse, ne cesse... de courir, encore, cherchant à l'atteindre, l'attraper, l'enserrer, les larmes aux yeux, refusant de le laisser affronter son père seul à nouveau, là où lui ne m'abandonne jamais les soirs où je vais retrouver ma mère qui sombre dans sa mélancolie sadique, s'usant de moi pour déverser un flot de paroles amères et cruelles.

Alors qu'un point de côté me gagne, une voiture freine brutalement derrière Morgann, et j'aperçois Chens en sortir, en furie, m'ouvrant ses bras.

Je m'arrête aussitôt, tétanisée. Je déteste avoir à remarquer chez lui cette particularité qui me cloue sur place et me transit de peur : celle d'une taille immense, me laissant minuscule et sans défense.

-Je t'avais bien dit que je t'aurais, je l'entends proclamer très fort.

Je lève le regard... La voiture à Morgann s'en va, et ça me déchire brutalement le coeur, ce pauvre dernier se retrouvant à ramper pour la énième fois, espérant constamment garder le sien près de moi.

-Je m'en vais en vacances la semaine prochaine, tu ne penses pas que ça serait une bonne idée de régler nos comptes ?

Il avance dangereusement, les poings serrés, prêt à en découdre... Et je comprends qu'il ne me sera pas aussi aisé de régler cette affaire, que celle avec Aglae en début de semaine. Elle m'avait énervé et là... je suis terrorisée.

Je recule maladroitement, manquant de tomber une première fois. Ça le fait rire, et ça fait gronder en moi cette injustice que de me laisser seule face à cette menace impitoyable et féroce qui ne fera qu'une bouchée de moi.

-C'est fini Sacha... Tu ne peux plus fuir.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant