CHAPITRE 5 : VOLUPTÉ (10)

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Rhabillée, et Nils près de moi... Je m'endors à ses côtés en claquant des dents.

Il est resté, malgré tout, sans chercher à savoir ce qui me préoccupe tant.

-Tu veux que je te ramène ?

Je secoue lentement la tête, mes paupières lourdes se fermant péniblement alors que j'essaye de garder les yeux ouverts. Le silence s'étend de nouveau... La pluie s'est calmée et, tous les deux assis près d'un arbre, j'ai posé mon visage sur son épaule. Sa main tient ma hanche, me prévenant à chaque fois de ne pas m'endormir d'un pincement taquin.

-Quelle heure il est ? Je demande, la voix faible.

Il sort son téléphone, me le montre : 19:54. En claquant plus durement des dents, j'acquiesce, et il me serre contre lui, pour vaincre ce froid qui me happe et me fait frissonner sans cesse. Il frictionne alors mon épaule, l'esprit ailleurs.

Je clos les paupières...

Mars se dévoile soudain, Morgann me tendant sa main large, une main pour laquelle j'offrirai tout, tant elle m'apaise. Ma main glisse dans la sienne, il m'attire à sa suite, le sable rouge transporté dans une tornade qui surgit brutalement de nulle part, dévastatrice...

-Sacha.

Mon coeur se remet à battre plus mélodieusement.

Somnolente, la tête sur l'épaule de Nils qui ne fait plus attention à la situation qui prend place, j'observe Morgann qui se tient droit... Et si, si triste.

Il s'approche de moi tandis que je commence à me redresser, puis, au lieu de me tendre sa main comme je pensais qu'il le ferait, il s'accroupit, tâte ma robe encore mouillée, puis relève ses deux prunelles agitées vers moi.

Dans l'obscurité, elles luisent, complètement noires.

-Tu vas bien ?

J'acquiesce, absente. J'observe mes mains maintenant lavées, puis il attrape mon bras, doucement, tout doucement, prudemment... comme pour ne pas me briser. Il m'attire à lui si paisiblement que mon corps entier se détend, son charme prenant d'assaut mes cellules.

Nils se redresse en silence et s'en va, sans un mot; ça me fait prendre peur, mais près de Morgann... près de Morgann, tout va bien. Près de Morgann, je ne crains rien.

Comme j'aimerais lui dire combien je l'aime, et combien désemparée je deviens lorsqu'il n'est plus dans les parages. Je suis faible, si faible... Comparée à lui.

Il fait glisser la veste que je lui avais emprunté plus tôt de mes épaules, et la substitue de la sienne, chaude et réconfortante. La tête ailleurs, j'aperçois Nils disparaître entre les arbres alors que Morgann tire mes cheveux vers l'arrière, lui dévoilant mes traits... Pour lire en moi, une nouvelle fois.

S'agit-il là d'une bonne idée, que de le laisser m'apercevoir à nouveau, là où lui semble ne rien vouloir m'avouer, ni me confier ?

Ma tête tombe sur le côté, contre sa paume douce comme une plume.

Je l'aperçois entrouvrir la bouche face à mes yeux qui lui dévoilent sans artifice combien je suis blessée, souffrante, laissée à l'asthénie, par ses actes...

Je sais à quel point lui révéler ce fait là est néfaste, quand bien même il le sait déjà, car alors... il se retrouve face à un choix impossible et dont il est le seul à en assumer l'entière responsabilité.

Sa bouche ouverte dans le vide, il se tait. Ses traits se trahissent d'un souci profond, et ses actes le confirment lorsque, pour la deuxième fois dans la journée, il me presse contre lui, contre son coeur battant, ne me laissant palper ce torse que par-dessus son tee-shirt.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant