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Je glissai mes doigts entre les persiennes pour me permettre de mieux apercevoir la scène qui se déroulait dans le jardin, trépignant sans pouvoir m'en empêcher

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Je glissai mes doigts entre les persiennes pour me permettre de mieux apercevoir la scène qui se déroulait dans le jardin, trépignant sans pouvoir m'en empêcher.

Qu'il était jouissif ! Ce spectacle que me permit Sacha, à se recroqueviller sur elle-même comme un animal sans défense, comme un être insignifiant et vulnérable... une faible bougie qu'un seul de mes souffles saurait faire taire.

Je me raclai la gorge et soufflai au combiné :

-Bonjour, Sacha.

Elle ne dit rien, mais son poing enfoncé dans la boue se resserra. Je laissai un petit temps d'accalmie, voir si elle était de nouveau prête à me cracher une rage que j'avais entraperçu à notre rencontre, mais elle ne dit rien.

-Je souhaite te soumettre un marché.

Elle se tut. Dos à moi, je la fixai, ratatinée dans la terre comme une moins que rien... Misérable.

-La question étant... Jusqu'où es-tu prête à aller, pour sauver ce cher et tendre Morgann...?

Probablement trop faible, seul son visage se redressa soudainement, me faisant frémir.

Il ne s'agissait que d'un avertissement. J'engageais une mise en garde, qu'elle sache que je comptais la faire ployer, l'atteler, la cloîtrer au deuxième étage.

Cet endroit que tous redoutaient. Que personne n'approchait.

Mon pouce frappa le logo rouge et coupa brutalement l'appel.

Levant mon verre à ma bouche alors que je posai mon téléphone sur le long comptoir de bois poli, je hochai la tête en la fixant, le liquide flambant délicieusement ma gorge. Sans que je ne le réalisasse vraiment sur l'instant, mes doigts serrèrent le verre en cristal si fort qu'il manqua d'éclater sous la pression.

J'essayais de comprendre, de saisir pourquoi elle méditait une réflexion qui l'encourageait à sauver Morgann alors que j'avais entendu ses cris, ses larmoiements, toute la douleur que ce dernier lui avait provoqué avant de la mettre à la porte.

J'essayais de comprendre pourquoi elle s'abandonnait à celui qui me ressemblait tant, alors qu'il la martyrisait sans relâche.

Peut-être car ce dernier s'y prenait de façon plus discrète, tapi dans le cerveau de cette faible jeune femme.

Elle avait tout de la victime parfaite, une sorte d'aliénation qui profiterait à n'importe quel dégénéré.

Délogeant ma cigarette du paquet, je la plantai dans ma bouche en reculant doucement, la pluie placardant une large fenêtre la masquant parfois, son corps gracile plongé dans la boue. Je ris tristement, sans pouvoir m'en empêcher, en saisissant les feuilles que je hissai devant ma face, la faisant disparaître un court temps.

Je lus ces foutus mots qui me déterminaient fatalement.

C'était si injuste.

Je les jetai rageusement dans la pièce, les laissant bruire dans l'air avant de s'éparpiller sur le parquet, puis sortis mon briquet. Les roues dentées crachèrent la flamme qui vacilla sous mon souffle. Je pouvais l'y apercevoir, Sacha... Dansant pour moi, brûlante comme le feu, corrosive comme la braise. Mon esprit la fit un instant résider dans ce flamboiement qui éclaira mon bureau enténébré et austère dans un crépitement sourd, ses bras remontant le long de son corps mince, se mouvant de façon souple, mortellement aguichante.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant