CHAPITRE 3 : PERDITION (4)

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Il roule depuis quelques minutes quand, enfin, on arrive face à la résidence étudiante.

-Attention.

Il m'aide à mettre un pied dehors.

Je serre mes bras l'un contre l'autre et le suis jusqu'au portail qu'il ouvre à l'aide de sa télécommande accrochée à son trousseau. On entre, puis on monte quelques escaliers avant de se retrouver face à sa porte.

-Je n'aime pas trop venir ici, c'est petit, il m'avertit, mais il y a ma mère chez moi, et je doute que ramener une jeune fille, les yeux bouffis de larmes, et trempée jusqu'aux os fasse bonne impression.

J'acquiesce, n'y trouvant rien à redire. Du moment que je ne rentre pas chez moi, tout me va. Je tais l'épisode de son père, quand bien même j'aimerais me montrer rassurante. Je dois d'abord régler les incohérences de mon être avant de prétendre aider qui que ce soit.

Il ouvre, laissant place à un studio à moitié meublé, assez étroit, comme il m'en avait laissé présager. Un canapé noir trône au beau milieu, accompagné d'une table basse toute aussi noire sur laquelle sont posés des tonnes d'affaires : livres, papiers, boites de cigarettes vide et une capote. Pleine.

Il grimace, accourt et la balance dans sa poubelle.

-J'ai un ami qui y vient régulièrement étant donné que je ne l'habite pas. Il est dégoûtant.

Je ne dis rien, et cela semble le mettre plus mal à l'aise encore.

-Je te laisse prendre une douche, c'est par là.

Je continue à le suivre jusqu'à une pièce carrelée assez exiguë, une douche dans le fond, les toilettes à ma gauche, et un lavabo surmonté d'un miroir que j'évite du mieux que je peux. J'y entre prudemment, comme si j'avais peur de marcher sur du verre, avant de commencer à me déshabiller, laissant la porte ouverte.

-Tu peux... fermer la porte... si tu veux, il bredouille.

La bouche sèche, je parviens à balbutier, la voix faible :

-Ça ne posera pas de problèmes à Aglae ?

Il fronce les sourcils, en proie à une incompréhension soudaine.

-Pourquoi veux-tu que cela lui pose problème ? On est pas ensemble.

Je hoche la tête.

-Je pensais.

Il m'attire soudain à lui, le souffle haché.

-Je sais qu'entre toi et Aglae c'est... Plus que la guerre, et je ne te ferais jamais ça.

Je me pince les lèvres. Je sais que j'aime bien Nils; et maintenant que Morgann a laissé place au vide, j'ai l'impression qu'il est bel et bien le seul à pouvoir être présent. J'ai juste peur de mal faire les choses... De le garder près de moi par nécessité, car je suis consciente que c'est le cas. Mais là, maintenant, tout de suite, seule sa poigne semble être présente pour pouvoir me rassurer. Me consoler. M'empêcher de commettre l'irréparable.

Il me tourne face à lui avec douceur, contemplant mon visage tâché de boue, le nez rougi par les larmes, les yeux bouffis et vitreux. Je claque des dents, encore, tentant vainement de masquer à quel point le froid me ronge.

-Je n'allume habituellement pas le chauffage, désolé... Mais je peux t'aider, il susurre à mon oreille avant d'embrasser ma mâchoire.

Je laisse échapper un souffle contrôlé, enfin. Ses mains descendent le long de mes hanches, puis l'une d'entre elle remonte vers ma nuque pour faire basculer mon visage vers l'arrière. Impétueuse, sa bouche se pose brutalement sur la mienne, comme s'il avait attendu ça depuis trop longtemps. Son souffle rauque se mélange au mien lorsqu'il me hisse contre lui. Il m'enlève sa veste violemment, fait passer mon pull par dessus ma tête avant que je ne fasse de même avec le sien. Son torse s'offre à moi, chaud et accueillant contre le mien, glacé, s'élevant difficilement. Il plaque à nouveau sa bouche contre la mienne, y mêlant sa langue, rallumant le brasier de ma libido débordante.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant