BIG BANG - Mon monde

CHAPITRE 3 : PERDITION (2)

Esther passe la plupart de son temps sur les réseaux sociaux, pas étonnant qu'elle ait toujours les derniers scoops des gens qui nous entourent, et plus précisément chaque nouvelle information dans la vie d'Aglae qui ne m'intéresse pas spécialement. Peut-être un peu.

-Ça se voyait qu'elle l'aimait bien, tant mieux pour eux, j'assène en haussant les épaules.

On s'assoit au dernier rang. C'est ça le problème avec Esther, elle déteste les cours. Elle vient pour qu'on s'y retrouve, mais elle tient à toujours rester tout au fond.

-Comment tu peux être aussi détachée, elle me souffle.

Je lui souris en prenant place, sortant l'ordinateur que m'a offert Morgann l'année dernière, puis le dictaphone.

-Tu sais... Avec la réputation qu'on me donne déjà, c'est pas si compliqué.

Elle se tourne vers moi, furibonde.

-Cette pourriture de Chens ne perd rien pour attendre, j'attends juste d'avoir assez d'informations compromettantes pour tout balancer sur les réseaux.

-Laisse tomber Esther, je ris, je ne me soucie plus vraiment de ça maintenant.

Du moment que Morgann est à mes côtés, rien n'est grave.

-Tu dis ça parce que tu t'es contentée de laisser la situation traîner et tu t'y es habituée, mais moi je te le dis ! Je ne le laisserai pas filer, elle grimace avec rage.

Je pose mon menton dans la paume de ma main en la toisant, puis ris doucement en apercevant le professeur entrer dans l'amphithéâtre.

-On est trop loin, je vais rien entendre, je marmonne.

Esther hausse les épaules en souriant, puis s'excuse doucement lorsque le cours commence.

Je parviens tout de même à saisir des bribes de phrases, et cela suffisamment pour suivre le cours. Je tape, je tape, les touches de clavier sont omniprésentes dans tout l'amphithéâtre, grouillantes comme un bourdonnement constant d'abeilles. À mes côtés, Esther continue à pianoter continuellement sur son téléphone en quête d'un potin à se mettre sous la dent. Je la zieute parfois, quand, tout à coup, un profil m'interpelle.

-Attends ! Je chuchote en me penchant vers elle pour regarder de plus près la minuscule photo près d'un commentaire.

Je perds le fil du cours, alors, par automatisme, ma main frappe le dictaphone pour l'enclencher avant que je n'attrape son téléphone pour l'approcher encore.

-Elle, c'est qui elle ?

Je clique sur son profil, puis sur sa photo. Ses longs cheveux de blé s'étendent sur une épaule dénudée, l'autre habillée d'un top à rayures rouges, ample. Elle sourit, son chat entre ses mains aux ongles rose pâles. Elle est jolie, très jolie.

-Oh, elle, c'est Camille... Pourquoi ?

Les sourcils froncés, l'air étonnée, Esther reprend précautionneusement son téléphone comme si elle ne craignait que je ne le jette à l'autre bout de la pièce.

Quelques visages sont tournés vers nous, par mon d'agitation, mais ce n'est honnêtement pas mon problème premier.

-C'est une pote à Matt, tu sais ?

Je garde un oeil sur sa photo. C'est elle, j'en mettrais ma main au feu.

-Elle était dans quelle primaire ?

Elle fait glisser son profil vers le bas, puis s'affiche en lettre grasse le nom de la primaire dans laquelle je suis arrivée en CE1.

-Oh... D'accord, ça devient carrément bizarre ta réaction madame je-m'en-foutisme, dis moi tout.