CHAPITRE 5 : VOLUPTÉ (3)

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Une chance que nos cours ne commencent qu'à midi, car je ne suis pas sûre que j'aurais réussi à me réveiller plus tôt. J'ai traîné avec moi toute ma fatigue de la semaine, si bien que le Vendredi est, littéralement, jour de repos salutaire.

Je m'étire dans le lit, apercevant les volets entrouverts, avant de jeter un oeil au cadran, les chiffres m'apparaissant sous des traits détachés et verts : 09:53.

Il me reste encore du temps.

À mes côtés, Morgann n'a pas rouvert les yeux. Ses cheveux en bataille couvrent ses paupières, et il a un bras par dessus la tête, l'autre pressé contre mon buste, sa main ayant perdu son accroche près de mon coeur. Allongé sur le ventre, il écrase son visage contre l'oreiller blanc.

J'ai l'impression, et en suis certaine, qu'il s'est levé dans la nuit pour parer nos oreillers de taies.

Un rayon filtre par le volet. J'espère intérieurement qu'il fasse beau aujourd'hui, et que la journée passe vite pour que je me prélasse plus longtemps près de Morgann, loin de tous.

Durant les week-end, j'oublie tout le monde. Il n'y a plus que lui et moi, allongés dans son lit, voguant dans de nouvelles galaxies. Deux étoiles suspendues loin du Tout. Ou bien on se promène en voiture, lorsqu'on s'ennuie, ou bien Morgann souhaite réviser et je l'accompagne dans un cyber-café ou dans des parcs.

Nous ne sommes pas vraiment innovants, on change rarement nos habitudes. Pour l'instant, cela nous convient...

Il se meut contre moi avant de tourner son visage de l'autre côté, son épaule roulant, sa main quittant mon corps, et j'en profite pour me redresser en douceur et aller près de la fenêtre. En mettant un oeil à travers les volets, le souvenir d'hier me frappe soudain, comme si apercevoir l'extérieur me rappelait combien il est épouvantable de s'y trouver.

Je me tourne vers Morgann. Il est toujours allongé, dos à moi, le visage masqué.

La main au coeur, je décide d'entrer dans la salle de bain pour prendre une douche avant qu'il n'aille chercher nos vêtements. Je trouve rapidement la serviette repliée sur un petit banc noir. Le lavabo est nu de tout matériel, et un gel douche est posé près d'une étagère, ainsi qu'une lotion de shampooing bas de game.

Ça devrait faire l'affaire.

Je m'en saisis, déjà complètement nue, puis me hisse avec précaution dans la baignoire, ayant enlevé mon pansement sur le front au préalable, puis allume rapidement l'eau chaude.

J'ai toujours éprouvé une répulsion prononcé pour les bords de lavabo ou de baignoire, y entrer pied et corps nu me fait frissonner de dégoût.

L'eau se réchauffe plus rapidement que prévu, et je ferme le battant en vitre, ayant laissé la porte ouverte : le premier réflexe de Morgann, lorsqu'il se lève, est d'aller dans la salle de bain pour se rendre aux toilettes, et se brosser les dents, quand bien même je lui somme constamment que cela est inutile, et qu'il vaut mieux se brosser les dents après avoir mangé son petit-déjeuner.

Par conséquent, il fait les deux.

Je me saisis du gant de toilette pour étaler le gel douche moussant, puis m'attaque à mes cheveux emmêlés. Ma touffe est condamnée sans après-shampooing, mais il me semble avoir aperçu une brosse posée sur l'étagère où j'ai trouvé la lotion. Je m'active avec plus de frénésie, tirant sans-pitié sur mes noeuds, étant très peu sensible du cuir chevelu, alors que la buée recouvre la surface vitrée, et me masque à moitié. Enfin... Je l'espère.

Comme prévu, la porte s'entrouvre après quelques longues minutes de solitude, et j'entends Morgann entrer, encore légèrement somnolant.

-Bonjour.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant