CHAPITRE 6 : DESTRUCTION (2)

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Samedi

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Samedi

Les larmes me terrassent sans relâche, domptant mon envie d'agir. Je ne parviens à me calmer, la main sur le coeur, mes sanglots dévalant sans cesse mes joues, le corps brisé d'émoi. Morgann n'est pas là, et la place vide et froide dans le lit en témoigne.

Il est trois heures du matin, et je ne l'ai même pas entendu partir. Seul ce pressentiment horrible qui m'a fait me réveiller semble s'être manifesté pour me faire réaliser, trop tard, qu'il est rentré chez lui, près de son bourreau, me laissant enfermée à clé dans cette chambre austère et hostile sans lui.

Je ne cesse, ne cesse, de pleurer, encore. Mon corps m'est si douloureux, souffrant de cet amas de sentiments qui me serre, m'enserre, m'étouffe, que j'hésite à m'en débarrasser définitivement.

Complètement angoissée, au bord de la crise de panique, je clique sur le bouton d'appel pour la énième fois, et immédiatement, la voix électronique me répond, me soumettant la possibilité de laisser un message.

Ça me tue.

Ça me tue à petit feu de devoir vivre cette attente horrifiante, celle de ne jamais savoir s'il se représentera face à moi chaque soir, me laissant tétanisée d'effroi.

Je le hais ! Le hais tant... Ce tortionnaire.

Sans parvenir à me calmer, voilà près d'une heure que je suis secouée de spasmes qui me laissent tremblante, complètement perdue, roulée en boule au pied du lit, le visage larmoyant dans mes bras posés sur mes genoux écorchés : mauvaise idée que de tenter de sortir par la fenêtre. J'ai vite abandonné, après une première tentative.

Mon coeur bat si fort dans ma poitrine douloureuse, submergée par cette mélancolie funèbre. Je ne sais pas quoi faire. Comment faire ? Comment puis-je l'aider ? Je lui ai déjà proposé d'en parler à la police... Mais cette influence néfaste dont son père est pourvu l'en a dissuadé, et pour la première fois, il m'a réellement menacé de s'en aller à jamais si je venais à me mêler de cette affaire.

Alors je me tais, ne fais rien, complètement impuissante face à cette attente constante et imprévisible. Je suis faible, je suis lâche...

Mon corps inextricablement enrôlé dedans, je ne peux m'en sortir si lui ne s'en sort pas.

Je me mouche une première fois, passant mes mains sur mon visage mouillé, mes larmes s'échouant jusqu'à mon buste. C'est une véritable cascade d'émotions débordantes.

Ça m'est si douloureux... Alors je n'ose imaginer combien ça l'est pour lui. Je tente maladroitement de le rassurer à chaque fois, mais il n'est rien que je puisse faire, face à cette menace titanesque. Immense... et distordue.

Je rappelle, sans relâche, espérant qu'une seule fois, une seule, il réponde. Entendre sa voix quelques secondes ferait décélérer cette agonie grandissante, quelques mots, ou rien, juste son souffle, comme je m'en contenterais ! Mais sadique, ce téléphone inerte ne me laisse pas le joindre, sa messagerie se jouant de nouveau. Je hurle de toutes mes forces en jetant mon téléphone à travers la pièce.

BIG BANG - Mon mondeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant