BIG BANG - Mon monde

CHAPITRE 2 : DÉMONS (3)

Cynthia est une jeune femme d'à peine vingt et un ans, bien qu'elle en paraisse davantage. C'est tout frais. Il faut dire que nous nous sommes quittés il y a près de seulement cinq mois, justement à son anniversaire. Elle n'a pas digéré le fait que je me sois laissée toucher par un mec à sa soirée, quand bien même ce fut-elle qui lança le pari, au jeu de la bouteille.

À vrai dire, elle avait simplement laissé ce gage dans un chapeau, et la bouteille avait décidé du sort de Marc et moi. On s'est alors enfermés dans la chambre pour faire ce que l'on avait à faire, et je pense que, secrètement, elle espérait que je n'en fasse rien. J'ai joué le jeu à fond, et l'alcool aidant, il m'a laissé mettre ma main dans son boxer jusqu'à la jouissance.

Si elle se fut énervée, Morgann, lui, me fit de sévères remontrances premièrement vis-à-vis de tout l'alcool que j'ingurgite continuellement, et dès que j'en ai l'occasion, ainsi qu'à mes pratiques débauchées.

Je crois que, si je me suis laissée charmer par Cynthia, c'est premièrement par son esprit de libertine qui transparaît jusque dans ses yeux rieurs et sa chevelure blonde follement coiffée. Ses vêtements sont méticuleusement choisis pour être sexy, sans être vulgaire. De nos ébats, je garde surtout le souvenir de sa poitrine que j'enviais, et du complet paradoxe entre ce qu'elle dégage de sexuel et sa timidité sous les draps : là où j'étais fiévreuse d'envie, elle gardait, malgré tout, une pudeur prudente. Il m'en fallut, du temps, avant de pouvoir pleinement profiter de tout chez elle.

Chez sa personne, ce que j'aimais le plus, c'était son franc-parler.

-Qu'a encore fait ton copain ?

Elle mord dans son sandwich avant de croiser ses jambes sur le banc et de se tourner légèrement vers moi en mâchant. Lorsque je la vois, j'ai la certitude de m'être tournée vers les femmes pour combler ce vide indéfinissable qu'aucun garçon ne semble pourvoir satisfaire... Sauf Morgann.

Et visiblement, une femme non plus ne saurait y parvenir.

-C'est moi le problème, je souffle.

Elle lève les yeux au ciel.

-Bon sang, je ne m'en serais jamais doutée, elle ajoute, sarcastique, avant d'avaler sa bouchée, explique moi tout maintenant, j'ai laissé mon appartement ouvert, je ne trouvais pas mes clés.

Je fronce les sourcils en secouant la tête.

-Tu es complètement folle.

-Justement, grouille !

Je croque ma pomme puis m'assois en tailleur.

-Tu sais que Morgann a toujours une place de choix...

-Je ne le sais que trop bien !

Je lui souris en hochant la tête.

-Il se trouve que Nils, tu sais, celui dont je t'ai parlé...

Elle acquiesce en faisant tomber un bout de salade sur sa jolie robe rose en mousseline.

-Putain, elle jure à voix basse.

Je l'observe s'essuyer en continuant :

-Et bien, lui je l'aime bien... Enfin, tu sais, vraiment bien. Il est... Gentil. Et le problème c'est que ma relation avec Morgann devient un véritable frein pour les autres, et je sais que je n'ai aucun droit à l'imposer aux autres... Mais c'est comme si lui et moi vivions dans une bulle, et que l'arrivée de quelqu'un pourrait la percer et me faire perdre Morgann à tout jamais. J'ai un certain équilibre, et je ne veux pas que son arrivée fasse contrebalancer mes acquis.

-Je n'ai jamais compris pourquoi tu t'efforçais de faire primer ce salaud.

Je fronce les sourcils en la regardant, et elle lève, pour la deuxième fois depuis le début de cette entrevue, le regard vers le ciel.