Partie 1

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Ploc, Ploc...

Les yeux toujours fermés, je retarde le moment d'affronter la réalité. Ma gorge se noue, mon estomac se serre. La bile me monte à la gorge. Les odeurs de souffre, corps calcinés, de sang me parviennent. J'ouvre les yeux. Toujours la même vision cauchemardesque. Un champ de cadavres et d'arbres brûlés. Partout autour de moi: des corps déchiquetés qui s'amoncellent, des têtes décapitées qui baignent dans des marres de sang. Mon cœur se serre de terreur. Les vautours approchent dans un ciel rouge sang. Il n'y a plus âmes qui vivent ni qui aient survécues ici.

Thalyaaaaa,souffle une voix.

Je réprime un frisson et sens la terre trembler sous ses pas. L'air me manque et la crise d'angoisse ne tarde pas à me submerger. De toutes mes forces, je cherche une bouffée d'oxygène. Soudain je sens une présence derrière moi. Lentement je me retourne pour buter contre un torse ou plutôt une armure noire et or. Mes yeux remontent pour rencontrer les siens. Ceux responsables de ce massacre, me terrifient. Ils ont la couleur de l'océan en tempête, durs, dénués d'émotion. Ce visage taillé dans le marbre pourrait être magnifique si du sang ne coulait pas le long de ses joues et de ses cheveux noirs corbeaux. Sa bouche a été conçue pour inciter au pêcher j'en suis certaine. Or à cet instant, tel un taureau prêt à charger, elle pousse de terribles rugissements.

Un casque de centurion troyen encadre le visage de ce dieu grecque et son épée porte encore les marques de son massacre. Je trébuche effrayée dans une marre.                                 - Tout ça c'est à cause de toi Thalya, accuse la voix virile.

Dans un même mouvement: homme et lame se penchent vers moi. Je tente de crier lorsque je sens la pointe de la lame effleurer mon abdomen mais l'oxygène me manque. Des tâches noires apparaissent puis tout s'assombrit. Je perd pied et tombe dans un puits sans fond.

Je me redresse en sueurs dans mon lit. Il me faut un instant avant de reconnaître les quatre murs de ma chambre. J'allume la lumière et attrape somnifère et verre d'eau. La dose de cheval devrait débrancher mon cerveau et l'empêcher de m'envoyer toujours les mêmes images à quelque chose près cette fois-ci : l'homme m'a parlé. Tout le monde fait-il des rêves aussi récurrents et détaillés? C'était si réel. Il faut vraiment que j'arrête d'étudier l'Histoire Antique. Ce sujet m'a toujours passionnée tout au long de ma scolarité aussi ai-je décidé de porter mon mémoire dessus. Cela me monte à la tête et en devient une obsession. A moins qu'elle ne m'ait jamais quittée. D'aussi loin que je m'en souvienne je fais le même rêve. J'éteins la lumière et ne tarde pas à sombrer dans le néant.

ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant