Partie 13

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Une nuit sans rêve est pour moi une bénédiction. Pas de cauchemars, de réveils en sursauts ni de terribles cernes au matin. Mais une nuit chaleureuse, ressourçante relève du miracle. A quand remonte la dernière nuit de ce genre ? Je n'en ai aucune idée. La soirée a vraiment du me vider. Pourtant aussi étrange que cela puisse paraître je ne me sens pas mal . Je cherche à tâtons ma chaîne dans le lit. J'ouvre les yeux et la voie suspendue sur ma lampe.Étonnant, aurai-je des crises de somnambulisme ? Il faudrait que je retourne faire le point avec mon médecin.

Le temps étant maussade aujourd'hui je ne décolle pas du canapé. Une tasse de thé pour me tenir chaud et la télé en fond sonore je me penche sur mon dossier Arès.

Les premières expériences politiques démocratiques ont lieu pendant l'Antiquité dans la cité grecque d'Athènes. Le terme démocratie vient du terme « demos » qui signifie peuple, la démocratie renvoie donc littéralement au pouvoir du peuple. Quel rôle le dieu de la guerre a-t-il pu jouer dans l'avènement de la démocratie ?

De premières recherches le présentent comme le fléau des hommes. Le dieu de la guerre incarne la destruction, l'aspect sauvage et désordonné du combat. Tantôt perçu comme le pourfendeur des boucliers, tantôt comme le défenseur des cités. Il est le seul dieu à prendre directement part aux combats, en tête de lignes tout en masquant son apparence. Dans une Antiquité qui perd ses repères et ses croyances il reste un dieu invoqué sur les champs de bataille et auquel les hommes continuent à croire. Il les pousse à se dresser contre l'ordre tyrannique des toutes puissances de l'époque.Immortel mais pas invincible à plusieurs reprises il doit rendre les armes. Plus loin j'apprends que son père Zeus le banni sur Terre pour avoir tué le violeur de sa fille. Un dieu sans pitié, sauvage et à qui pourtant on prête des liaisons amoureuses avec Aglaure et sa sœur Aphrodite. Serait-ce pour ses qualités héroïques lors des combats ou sa personnalité imparfaite que les humains croient en lui? Plus j'en découvre sur lui plus je me dis que ce dossier va me donner du fil à retordre mais me passionne. Je suis convaincue que toute légende découle d'un fait réel grossièrement exagéré. Il ne me reste plus qu'a trouvé son origine.

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Mon emploi du temps ayant changé cette semaine, je passe les premiers jours à la fac où je rencontre plusieurs fois Brieuc pour partager nos découvertes. Ses apports artistiques étayent mes arguments et nous avançons plutôt bien. Jeudi soir un mail m'informe que Mircella m'attend à la première heure demain matin. N'ayant pas eu beaucoup de missions cette semaine je crains que ce message ne présage rien de positif sur la suite de mon travail au journal. Je me couche en espérant dormir aussi bien que les nuits précédentes.Il semblerait qu'une nouvelle phase se joue. Une phase de sommeil réparateur. Je n'ai jamais dormi aussi bien que cette semaine. Je ne me suis jamais sentie aussi reposée et énergique au réveil.Toutefois je continue à me demander si je ne suis pas prise de crises de somnambulisme. Cela fait trois matinées où je trouve ma fenêtre ouverte or de nature prudente je la ferme toujours. Ce soir je sombre bien vite dans un rêve où je déambule dans les couloirs marbrés d'un palais antique. Tout est épuré, aéré, laqué. Je porte toujours cette même robe blanche. Mes pas me mènent jusqu'à un petit labyrinthe de jasmin avant de déboucher sur une fontaine ou trône l'imposante statue d'un héro grecque. Le soldat brandit hardiment son glaive dans sa main droite tandis que de la gauche il soulève son bouclier. Le regard fier droit devant lui et le torse bombé, il dégage une telle force et un tel charisme qui emplissent tout le lieu. Je m'assois sur le bord de la fontaine et fixe cette statue fascinée. Tout doucement je me laisse aller au bercement des clapotis de la fontaine puis ferme les yeux, laissant les rayons du soleil me réchauffer le visage. J'aime venir ici, m'isoler, personne n'y vient jamais. Une ombre obscurcit soudain le tableau m'obligeant à rouvrir les yeux. Je croise un regard dur, des prunelles perçantes, un front plissé et des cheveux en bataille. L'inconnu de samedi soir se tient droit devant moi, me dominant de toute sa hauteur. Je dois lever les yeux pour croiser les siens et m'arrête au passage sur son tee shirt noir qui souligne sa puissante musculature. Ses bras sont croisés révélant au passage ses biceps,sur un torse aussi contracté que sa mâchoire. Il est furieux. Qu'ai-je fait pour le mettre dans une telle rage ? Je le dévisage à présent en lui renvoyant son regard. Nous sommes là à nous affronter silencieusement lorsqu'il me redresse soudain en m'empoignant les épaules. La fureur monte d'un cran tandis que nos visages ne sont plus qu'à dix centimètres l'un de l'autre. Je sens son souffle saccadé sur mon visage. L'atmosphère se charge d'une dangereuse électricité qui m'envahit de part en part comme si un millier de fourmis cheminaient dans mon corps. Ne me touche plus ! lui crie mon corps. Je le déteste, je le haïs de tout mon être. Mais alors pourquoi est-ce sa bouche que je fixe avec rage et sur laquelle j'ai envie de passer ma colère ? Il se penche en avant, une lueur agressive dans le regard et sans savoir qui de nous deux fait le pas, nos bouches s'écrasent l'une sur l'autre. L'énergie contenu en moi explose partout autour de moi nous projetant en même temps. Je fais un bond dans mon lit. Rêve ou réalité j'aperçois une dernière fois les prunelles tempête. Un mouvement à la fenêtre attire mon attention. Le rideau flotte au vent.



ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant