Partie 32

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Nous traversions depuis un bon moment déjà d'immenses plaines où toutes les couleurs, graines, fruits et légumes se côtoyaient. De délicates flagrances embaumaient nos narines et nos coeurs. La vallée de Déméter, m'avait appris Léandre. Par endroit les cultivateurs s'abaissaient récolter le fruit de leur labeur ou le doux cadeau de mère nature. Car ici, il n'y avait aucune machine, une harmonie parfaite avec la nature y régnait. Les hommes vénéraient leur terre et elle le leur rendait à foison. Le soleil déclinait lentement au profit d'un ciel parsemé de tâches de rousseur qui câlinait une dernière fois le champ de blé qui nous entourait désormais. Une voix grave nous parvint alors. Le conducteur y répondit.

- Nous arrivons à Eleusis, me traduit Léandre d'un mouvement tête en avant.

Les premières voitures disparaissent entre les colonnes d'une immense forteresse taillée dans le marbre. L'agitation parvient vite à mes oreilles: un fourmillement de voix ainsi qu'une puissante musique lyrique.

- C'est ici que tout se vend et que tout se troque. La citadelle vient y embaucher des mercenaires pour grossir les rangs et nous permet de faire une halte pour faire nos provisions. Nous passons la nuit ici avant de reprendre la route demain. Nous allons en profiter pour te trouver une chambre pour la nuit. Les hommes dorment tous dans un dortoir afin qu'aucun ne déserte. Je viendrai te chercher demain avant le départ. Il poursuit plus gêné, la température et les corps se réchauffent la nuit, il faut être prudente...

Je suis soulagée de l'avoir rencontré. Je sens que nous allons très bien nous entendre. Un détail me chiffonne cependant.

- Une chambre, mais je n'ai pas de quoi payer...

- Ne t'en fais pas, je t'avance et tu me rembourseras quand tu auras reçu ta solde.

Je lui souris pour sceller notre accord. Les carrioles traversent uneruelle pavée bordée de palmiers et de plantes exotiquesavant de déboucher sur une agora. Mes yeux ne savent oùse poser face à ce grouillement de vies et d'étalages en tout genre. Soie, lin, poteries, animaux et fruits exotiques, baies de toutes les couleurs, artisanat en tout genre, jarres à vins, draperies. Un bouquet de formes, de matières et de couleurs pour les yeux, un ravissement pour les narines et les papilles.

A coté de nous, une femme métissée déambule telle une danseuse du Crazy Horse en tenant une autruche en laisse. Cette place est irréelle, envoutante.

-Et encore ils ont ramassé la moitié des stands. Le jour se couche, c'est une autre agitation qui va avoir lieu, explique mon compagnon devant mes yeux brillants d'admiration.

Il m'aide à descendre tout en maintenant mon drap autour du visage. Il confie ses bagages au cocher, signe un registre et m'entraîne déjà loin des autres hommes qui n'ont pas encore repéré ma présence. Les lumières tamisées de la grande place ajoute un côté mystique au lieu. Nous flânons à travers les emplacements. Je découvre avec merveille tous les trésors et objets insolites de ce monde. Les saveurs inédites de fruits juteux et des pâtisseries locales ravissent mes papilles. Tout m'émerveille: du vendeur d'oiseaux aux plumages chatoyants, à la marchande aux épices, aux plantes carnivores géantes, des bijoux scintillants, des amphores en terre cuite et tant d'autres objets dont j'ignore encorel'utilité. La musique lyrique emporte chacun de mes pas et je me perds avec plaisir dans tout ce tourbillon.                                                 Léandre m'aide à réserver une chambre pour la nuit. Nous nous séparons un court instant afin de faire nos toilettes et de nous changer. Mon nouvel ami me conseille de m'habiller très sobrement pour ne pas attirer l'attention sur moi. Surprise, j'écoute néanmoins son conseil et revêts un pantalon beige ainsi qu'un haut de la même couleur, ayant remarqué que les habitants s'habillaient plutôt en lin par ici.

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