Partie 21

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Une nuit agitée, peuplée de garces aux griffes meurtrières, de regards assassins, de tiraillements. En ouvrant les yeux dans ce lit inconnu,cette chambre..., tout me revient en mémoire. Hélas, ce n'était pas un cauchemar. Je suis toujours là. J'abaisse vivement le drap sur mon abdomen. Plus rien ! Pas même une égratignure !En regardant bien une cicatrice presque invisible assure que je ne deviens pas complètement folle. Je me hisse hors du lit. Aucune douleur ne vient me tirailler. Il faut absolument que je quitte cet endroit. Cet homme hier soir... ses mains qui serraient...Pourquoi me sauver pour ensuite vouloir me tuer ? Je n'ai pas envie de découvrir la réponse. J'attrape sur le fauteuil adjacent mon téléphone complètement déchargé, un skinny noir, une chemise assortie et ouvre aussi discrètement que possible la porte. Je tends l'oreille : aucun bruit. Un coup d'œil : personne. Vigilante, à pas feutrés je traverse l'immense salon doré.

-Madame ! me surprend la voix de la douce gouvernante.

Je me retourne vers celle qui me dévisage l'air contrit, le plateau du petit déjeuner en mains.

-Merci Silaa. Merci d'avoir pris soin de moi.

La vieille femme secoue la tête en guise de réprobation.

-Le maître a donné des instructions très précises. Il ne va pas du tout aimé ça.

-Je m'en tamponne de votre maître Silaa. Je ne suis pas en prison. Je vous suis très reconnaissante, mais je refuse de finir chez les fous. Il faut que je rentre. Prenez soin de vous et quittez cet endroit. Personne n'a le droit de vous traiter comme ça. L'époque de l'esclavage est terminée depuis longtemps.

Je referme la porte et laisse derrière elle, j'espère, toute cette démence.


Retrouver ma maison vide n'était pas des plus réconfortant. En arrivant, je mis mon téléphone en charge, j'essayerai de joindre Lucie pour passer la nuit chez elle. En attendant c'est d'un bain bien chaud que j'ai besoin pour me ressourcer. Je ferme les yeux et laisse cette chaleur m'envelopper. C'est elle. Mes traîtresses de pensées me ramènent inévitablement, encore et encore à ces événements.Comme si derrière tout cela il y avait un message que je ne comprenais pas encore. Et le pire c'était la cassure dans le regard sombre qu'il m'a jeté. Comme si le mur qu'il avait érigé dans son regard venait de s'écrouler. Je me demande ce que cette voix a voulu dire et je ne peux m'empêcher de m'interroger sur mon amnésie. Ai-je toujours vécu ici ? Ai-je connu ces gens ?Pourquoi me suit-il jusque dans mes rêves depuis toutes ces années ?Qui est-il ? J'ai parfois entendu qu'on ne pouvait rêver que des gens qu'on a déjà croisés. Serait-ce les souvenirs d'une vie antérieure ? Je m'enroule de mon peignoir et décide d'aller chercher des réponses au grenier. Ma grand-mère m'a toujours dit qu'une partie des affaires de mes parents y avaient été stockée.Après leur décès, ma grand-mère m'a souvent interdit d'y monter car le médecin craignait que je subisse un nouveau troisième choc traumatique et émotionnel après le deuil et l'amnésie. En revanche, elle a toujours promis de répondre à toutes mes questions. Aujourd'hui elle n'est plus là. Je gravis donc les marches grinçantes et poussiéreuses. Un faible rayon lumineux se pose sur une petite malle, seul objet dans cet immense grenier sous combles. Surprise que « toutes les affaires » de mes parents se trouvent dans un si petit compartiment je m'en approche dubitative. Je saisis un cadre photo de mes parents, le même que celui sur ma table de nuit. Je me suis habituée à ce couple en photo que je ne connais pas. Cette grande blonde est assise sur les genoux de cet homme brun et lui sourit amoureusement. Ils transpirent le bonheur et le couple parfait. Je suis déçue de ne pas en découvrir une inédite. Elle est en tout point identique à celle que j'ai déjà. Je me demande en quelle année elle a été prise.Je retourne le cadre, décroche les attaches et tombe d'un building !Je dévale à toute vitesse les escaliers, déboule dans ma chambre et renouvelle l'opération avec le cadre. Ce qu'on m'a fait passer pour une gentille photo souvenir n'est en réalité qu'un article de magazine découpé. J'ai l'impression que le ciel m'est tombé sur la tête. Je m'assois sur le lit. Tant de questions se bousculent dans ma tête. J'ai l'impression qu'elle va exploser. Pourquoi ce si gros mensonge ? Il y a-t-il une partie de vrai dans tout ce qu'elle m'a fait croire depuis si longtemps ? Des créatures, cet homme sorti de mes rêves, puis cette mascarade... Où est la caméra cachée ? Que m'a-t-elle caché d'autre ? Je me lève et ouvre la porte de sa chambre. Une odeur de renfermer m'accueille.

Le temps est suspendu dans cette pièce comme je l'ai voulu. Je ressens encore son léger parfum, sa présence, ses souvenirs... Mon cœur se serre. Elle me manque tant.

J'ouvre son placard pour humer ses pulls, les frotter contre mon visage

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J'ouvre son placard pour humer ses pulls, les frotter contre mon visage. J'en oublie presque la raison pour laquelle je suis entrée. Je n'obtiendrai aucune réponse dans cette pièce épurée. Il n'y a que cette armoire, son lit et sa table de chevet. Sur celle-ci un objet,qui m'avait toujours échappé, attire aujourd'hui toute mon attention : une boite à bijoux. Ma grand-mère n'en portait jamais ! Je m'approche, l'ouvre délicatement...mes doigts tremblants découvrent une lettre jaunie.

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Ma chérie,


Je suppose que si tu lis cette lettre c'est qu'il m'est arrivé quelque chose.

Je suis désolée de t'avoir abandonnée et de te laisser seule face à toutes ces questions que tu me posais déjà et auxquelles tu n'étais pas préparée à entendre les réponses. J'ai toujours tout fait pour t'éloigner du danger. J'aimerai te dire que je suis navrée pour tout un tas de choses mais j'ai toujours pris mes décisions pour te protéger de ton passé, des personnes qui cherchaient à te nuire.J'ai du faire des choix mais je n'en regrette aucun. Nous avons fui nos origines lorsque nous sommes arrivées ici. Il a fallu effacer nos traces, disparaître et recommencer une nouvelle vie toutes les deux. J'espère que tu me pardonneras un jour pour t'avoir caché tant de choses mais moins tu en sais moins tu cours de danger. Si les choses se gâtent par ici, si tu assistes à des événements que tu ne t'expliques pas, si tu te sens suivie je t'en supplie fuis le plus loin possible! Tu n'es plus en sécurité ! Lorsque tu sens que tes émotions prennent le dessus, il est capital que tu rétablisses la paix. Vas courir ou fais toi violence, tu ne dois rien laisser transparaître. Rappelle-toi: maîtrise et observation,et si les choses dérapent : la fuite est la seule option. Je m'excuse de ne pas t'avoir expliqué tout cela mais fais-toi confiance et ne l'accorde pas à n'importe qui ! Toutes les réponses sont déjà en toi. Tu es très forte et entraînée depuis toujours. Ta force est aussi ta plus grande faiblesse, c'est elle quite met en danger mais parfois le destin nous rattrape. J'espère que tu seras loin à ce moment.


Thalya, je t'ai toujours considérée comme ma propre fille, mon cœur se serre à l'idée de t'avoir abandonnée, d'être loin de toi. Tu es une merveilleuse personne, prends soin de toi et évite les ennuis. Tu vivras alors la vie que j'ai souhaité t'offrir, et pour laquelle nous avons fait ces sacrifices.


Ta très dévouée nourrice Mirwala.

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Mirwala..ce nom...Le même que lors de cette étrange hallucination chez la voyante. Tout n'était qu' hurlements, destructions et à travers tout cela l'écho du vieillard raisonne encore :

« -Ils ont pénétré l'enceinte Mirwala, La garde a cédé, nous sommes les derniers remparts. Il faut lui laisser une chance d'arriver jusqu'au port.... ». Un corps et des dizaines d'autres qui s'embrasent, une rage venue des profondeurs de mon être, des yeux sombres, puis les abysses...



Les pièces d'un immense puzzle commencent à se dessiner, quelques unes à s'assembler et le mystère sur l'image finale s'épaissit.

ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant