Arès

Partie 26

Il n'a fallu pas plus de deux minutes pour boucler ma valise, dix pour rejoindre sa suite luxueuse et embarquer une valise noire ainsi que des encas préparés par la douce gouvernante, trente secondes pour prévenir le journal qu'une urgence familiale m'obligeait à m'absenter une semaine minimum. Et même si je ne revenais pas à temps, l'espoir d'obtenir des réponses à toutes mes questions, en valait la peine. Mirwala m'a servi une série de mensonges, pour mon bien m'a-t-elle dit. Et si ma mémoire me fait défaut, le reste demon corps me ramène constamment à cet homme. Je saisis la seule piste qui se présente aujourd'hui pour obtenir des réponses. Après une demie-heure de trajet dans un silence pesant, l'aéroport et ses lumières nocturnes se dressent devant nous. La lamborghini noire contourne les bâtiments et s'arrête plus loin sur une piste isolée. Mon voisin coupe le contact sans m'accorder un seul regard. Je me tourne vers lui, l'interrogeant du regard. Ses prunelles tempêtes se posent dans les miennes. Il détache nos ceintures à l'instant même où on nous ouvre les portes. Les voituriers s'inclinent et se chargent des bagages. L'espace d'un instant j'ail'impression d'être une de ces personnes privilégiées. Je coule un regard vers celui dont j'ignore toujours tout à commencer par le prénom. Il tend ses clés à un voiturier. Une hôtesse perchée sur échasses s'approche gracieusement de lui.

- Monsieur, salue-t-elle.

- Voici notre plan de vol, adressez-le au pilote. Veillez à ce que mon invitée ne manque de rien durant le trajet mais ne m'importunez pas.Vous savez comme j'apprécie la discrétion c'est bien pour cela que je préfère les voyages privés, exige-t-il implacable.

- Bien monsieur, s'incline-t-elle.

-Plus aimable tu meurs, je jure entre les dents devant tant d'impolitesse et d'arrogance.

L'imposante carrure se tourne dangereusement vers moi, une lueur indéchiffrable dans le regard. Ses belles lèvres se pincent, sa mâchoire puissante se crispe. Ses yeux dérivent sur ma bouche, un subtile sourire se dessine, illuminant une fraction de secondes son visage taillé dans le marbre. Chaque parcelle de mon corps s'éveille lorsqu'il déploie son charisme sauvage et animal et énonce de sa voix la plus féline possible.

-Je suis ravi de constater que certaines choses ne se perdent pas. Comme il me tarde d'arriver et reprendre ce qui a été arrêté.

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Sept heures que nous avons commencé cette ascension. Les premières végétations luxuriantes ont laissé place à des plaines chaotiques. Mes pieds foulent cette terre grise, percutent les cailloux, manquent de trébucher encore et encore. Des ampoules se sont formées au creux de mes mains à force de porter cette maudite valise.

- Nous y voilà: Le Mont Olympe ! avait-il annoncé fièrement.

Quelle ironie pour moi qui ai toujours été passionnée par la mythologie grecque et qui dois rendre un dossier sur un de ses puissants dieux de me rendre sur place et de me rendre compte que le fameuse cité des dieux n'a de grand que son interminable sommet. Des heures que le taxi nous a déposé ici, et le sommet me semble s'éloigner à chaque pas. Nous n'avons croisé aucun randonneur, aucun animal. Il n'y ait pas âme qui vive ici. Désertique. Lorsque j'ai demandé à mon compagnon ce que nous faisions là il m'a seulement répondu que nous allions rendre visite aux dieux et chercher mes réponses.

-Moi qui l'ai toujours idolâtré ce n'est rien de plus qu'une maudite montagne, un tas de cailloux...

Je perds l'équilibre et bascule en avant lorsque mon pied se coince entre deux rochers. Une poigne ferme me saisit avant que je ne frappe le sol. Je me niche contre un torse athlétique et relève les yeux sur une bouche parfaitement dessinée, un regard envoûtant. Mon cœur manque un battement, une nuée de papillons en profitent pour s'envoler. Je sens la chaleur de son regard se poser sur moi.