Des murmures et des cris transpercent les ténèbres qui m'entourent. Je suis là, je vous entend, ai-je envie de crier à mon tour mais aucun son ne sort de ma bouche. Mes paupières sont trop lourdes pour que je puisse les ouvrir. J'essaie de bouger- en vain. Mon corps refuse de se soumettre à ma volonté. J'essaie du plus profond de mon corps de trouver le force de faire un mouvement. Quelques doigts se réveillent. Je sens que lourdement mes paupières cherchent la lumière. Elles se brûlent dans les rayons qui pénètrent le rideau de cil. Elles battent en retrait.
-Il faut la cacher c'est elle, Dimitrio qu'ils viennent chercher.
Je rouvre péniblement les yeux. Je ne reconnais ni les lieux,, ni les personnes qui courent dans tous les sens. Suis-je encore entrain de rêver ?
Je tourne la tête pour connaître la personne qui me soutient. Une vieille femme en capeline brune tente de me relever.
-Je ne le sais que trop bien Mirwala. Ce jour devait arriver. Hâtons-nous de la mettre à l'abri, répond un vieillard en toge grise.
Les hurlements reprennent de pire en pire. Un effroyable Fuiiieez !!!!! surplombe tous les cris. A peine tournai-je la tête que les corps s'embrasent et se réduisent en poussière.
- Ils ont pénétré l'enceinte Mirwala, s'épouvante le vieillard en nous saisissant les épaules. La garde a cédé, nous sommes les derniers remparts. Il faut lui laisser une chance d'arriver jusqu'au port....
Ses yeux s'exorbitent. Ses traits se figent. Les bras qui nous tiennent se consument sous mes yeux. Mirwala pousse un cri d'agonie et s'effondre à mes côtés. Des griffes transpercent et arrachent les tripes des habitants. A travers je distingue, les auteurs de ce massacre. Des démons cornus, aux yeux jaunes et aux courtes ailes embrasées poussent des cris bestiaux. Ils déchiquettent les jugulaires à coups de crocs. Ils dévastent tout sur leur passage, rien ne les arrête. Personne ne nous aide. Une rage venue de l'enfer, rebondit contre tous les murs,fait taire tous les cris, fracas, souffrances et les attaques. Mon cri. Mon corps n'est que brasier.
Une main se pose sur mon épaule, je me retourne, des yeux... Le néant à nouveau.
J'essaie de puiser en moi la force de poursuivre ce rêve. J'exige d'en savoir plus. Je tente de franchir cette barrière invisible. Je refuse de me réveiller. Je cherche dans tout mon corps le retour en arrière. Je saisis une énergie, je la suis. Quelque part un rempart cède. Je rouvre les yeux. Ici le temps est suspendu. Malgré l'opacité de la brume, je sais que quelque chose de terrible se produit. La mort règne. Les barbelés, les uniformes rayés, les corps rachitiques ne trompent personne, pas plus que les soldats qui gardent ce camps de la mort. Ma vision se brouille. Je suis à présent dans une pièce avec des enfants portant des casques dont plusieurs câbles s'échappent et sont reliés à des machines. Des tests sont faits sur ces enfants. Un homme se penche lent... Quelqu'un me tire en arrière, loin très loin. Je suis expulsée sans ménagement de ce monde. Je suis renvoyée à ma chaise dont je tombe à l'instant où je rouvre les yeux pour comprendre l'origine de tout ceci.
La vieille femme porte la main au cœur tandis que ses yeux sont exorbités. Je cherche un soutien autour de moi et sens l'aide de Lucie, l'air terrorisé qui m'aide à me relever.
La femme reprend des couleurs.
- Ceci m'appartient jeune fille. J'ignore comment vous avez fait pour y accéder. Vos capacités sont sans limite. Ils vous ont traqué et vous traqueront pour ça. Je ne peux plus vous aider. Un voile masque votre histoire. Vous avez décidé de le porter, fait-elle en se touchant le cou Instinctivement je porte la main à ma chaîne.
Ses paroles sont complètement déjantées et bien que je devrai ne pas y faire cas quelque chose remue en moi.
-Pour écrire son présent et prédire son futur il faut laisser entrer le passé, prévient-elle.
Coïncidence ou signe c'est la deuxième fois en peut de temps que je me confronte à cet adage en peu de temps et je retourne ce soir à l'Antique.
Je me lève pour prendre congé.
-Laissez entrer le passé et vous saurez qui vous êtes. Bonne chance jeune fille.
Alors que je m'attendais à une explosion de rires à la sortie de la part de mon amie, qui ne prend pas grand chose au sérieux, je me confronte à son mutisme.
-Lucie ?
Je la rappelle deux, trois fois avant qu'elle n'atterrisse.
-Qu'est-ce qui vient de se passer Thalya ? Je n'ai rien compris !
-Je n'en suis pas sûre non plus, j'observe toute chamboulée.
Yeux ronds comme des queues d'pelle.
-Thalya... Je parlais de votre conversation. Vous êtes restées bien dix minutes à vous fixer sans ciller. Tu es tombée de cette chaise...Et puis c'était quoi cette...cette langue ? Je ne savais pas que tu parlais le...le quoi au juste ? Je n'ai jamais entendu quoi que ce soit qui y ressemble !
Nous nous dévisageons un instant sans nous comprendre. Haussement d'épaules :
- étrange comme expérience, lance-t-elle la première. On va pas se miner la soirée pour autant, aller viens, me fait-elle en me prenant par le coude, on va retrouver les garçons.
Nous longeons les stands illuminés, songeuses.
-Thalya, je peux te demander ce que tu as vu dans le miroir ?
Sa question me prend au dépourvu. Je ne sais quoi répondre. Le sais-je vraiment ?
-...mon pendentif...
Explosion de rire. Lucie se marre avant que je n'ai pu terminé.
Lucie opte pour le côté rationnel des choses. C'est ma meilleure amie mais comment pourrais-je lui dire que c'est précisément ce que j'ai vu ? La mort partout autour de moi. Lui dire qu'avec un simple toucher j'ai eu- je n'arrive pas bien à me l'admettre- des bribes de souvenirs de la vieille dame dans ce camp de la mort.
-Tiens les voilà ! observe-elle en les pointant du doigt.
On ne peut faire plus cliché : Brice a remporté à la tire à la carabine un énorme tigre qu'il offre à sa prétendante. Nathan me lance un regard navré de n'avoir pu en faire autant. Je lui envoie un sourire rassurant. Quelle gêne au contraire ça aurait été s'il m'avait offert quoi que ce soit !
![](https://img.wattpad.com/cover/163213134-288-k455359.jpg)
VOUS LISEZ
Arès
Paranormal« Laissez entrer le passé, ouvrez une parenthèse dans le présent, préparez-vous à écrire votre futur ». Or Thalya a tout oublié. Un traumatisme lui bloque l'accès à ses souvenirs. La nuit, d'étranges rêves ou souvenirs du passé viennent la hanter...