Arès

Partie 28

- Il est hors de question que nous partagions cette chambre, je souffle durement en m'appuyant contre le chambranle de la chambre.

- Ne fais pas l'enfant. Nous n'avons pas d'autre choix. Et ce n'est pas comme si c'était un partie de plaisir, rétorque-t-il durement, tentant d'insérer la clé dans la serrure.                           Je ne me bouge pas d'un pouce, l'affrontant du regard. L'enfoir... ! Le mufle !

- Je refuse de passer la nuit près d'un homme qui...qui...tous les arguments menacent de me submerger.

- Qui ? reprend-il en ouvrant la porte et me coinçant de l'autre côté.

-Dont je ne connais rien, qui a quelqu'un dans sa vie...je chuchote en le repoussant le plus loin possible.

Sa capuche s'abaisse sur ses cheveux sauvagement décoiffés. Il passe une main rageuse dans sa crinière et se rapproche.

- Il est un peu tard tu ne crois pas pour t'inquiéter ?! Quelqu'un dans ma vie ? poursuit-il sans comprendre.

Mes joues s'enflamment au souvenir de l'Antique et de son boxe rouge.

- Un parfait inconnu dis-tu? Je note néanmoins un certain intérêt pour ma vie sentimentale, qui au passage ne te concerne en rien. Je n'ai pas de temps à perdre avec ces arguments stériles.

Le brun me tourne le dos, se déleste de sa veste qu'il pose sur une table en bois. J'en profite pour parcourir la pièce constituée d'un lit large en fer forgé, d'une lanterne devant la fenêtre ainsi qu'un petit foyer traversé par des tuyaux en fonte.

- Faire preuve de discrétion et t'amener saine et sauve voilà les miens, poursuit-il comme pour lui même au bout d'un moment.

Il ouvre une porte attenante à la cheminée. Une lueur vacillante éclaire une douche en pierres imbriquées avant que la porte ne se referme. Exténuée par la voyage et bercée par le jet d'eau, je ne tarde pas à m'assoupir.

Un déclic me tire de mes rêveries. Une délicieuse odeur boisée chatouillent mes narines. Mes paupières s'entrouvent timidement avant de rester figées dans l'encadrement de la porte. La température du foyer me consume toute entière, à moins que ce ne soit mon thermomètre interne. Je prie pour qu'un filet de bave ne trahisse pas la fascination qu'exerce le spécimen sortant de la douche. Tandis qu'il ébouriffe ses cheveux avec la serviette, mes yeux parcours ce torse à damner tous les saints. Quelques gouttes ruissellent entre les pectoraux fermes et les tablettes de chocolat parfaitement dessinées. Mon doigt s'imagine parcourir tous les traits qui soulignent ces muscles, longer le v au-dessus d'une serviette blanche. Soudain, mes joues me brûlent. Mes yeux honteux trouvent bien vite l'origine de mon trouble. Ses yeux gris m'aspirent. L'ébauche d'un sourire apparaît furtivement au coin de ses lèvres. Le félin avance de quelques pas, augmentant à chaque fois la température de quelques degrés.

-Je te conseille d'aller prendre ta douche avant que la suite ne porte atteinte à ta pudeur, son ton ironique brise le magnétisme qui m'avait capturé.

Quel macho ! Il me prend pour une petite écervelée coincée. Par pur esprit de fierté je m'avance la tête haute, l'air dédaigneux en le détaillant de haut en bas.

- Il en faut bien plus que cela pour m'impressionner.

J'ai tout juste le temps d'entrevoir une moue pincée avant d'attraper ma valise et refermer, à mon tour, la porte derrière moi.

Les efforts et les émotions de la journée ont ruisselé sur ma peau en symbiose avec l'eau chaude. La sensation de bien être et de délestement ont eu raison de mes dernières forces et réticences à faire chambre commune. Après avoir enfilé mon shorty noir et le débardeur assorti, j'ouvre le plus discrètement possible la porte de la chambre. Les lumières tamisées des bougies éclairent le torse athlétique qui se soulève et s'abaisse régulièrement, signe qu'il s'est endormi, les bras croisés au-dessus de la tête. Par chance, il dort sur les couvertures et le lit paraît suffisamment grand pour éviter tout frôlement. Je me glisse alors à pas de loups de l'autre côté du lit. Une fois mon collier détaché, je ne tarde pas à rejoindre les bras de Morphée.