Au réveil des martèlements dans ma tête me rappellent ma mésaventure nocturne. Je repousse les couvertures et fais face à mon terrible reflet dans la salle de bain.
Ma tignasse blonde est en pagaille, mes yeux bruns sont cernés, ma peau est pâle comme la mort, même mes tâches de rousseur sont parties se cacher. J'ai vraiment une tête à faire peur.
Après une bonne heure à cacher comme je peux la misère, je file travailler. Depuis deux ans je paie mes études de Littérature en travaillant à un mi temps pour un journal étudiant. J'ai dégoté ce travail grâce à mon amie Lucie. Sa mère est la rédactrice en chef de ce quotidien. L'équipe se constitue d'une trentaine de personnes dont cinq jeunes : trois garçons, Lucie et moi qui sommes envoyés tester les lieux branchés et les actualités de la ville. Toutes les deux, nous sommes les opposés. J'ai rencontré cette grande brune extravertie au lycée à un sombre moment de ma vie. Tandis qu'elle croque les joies de la vie à pleines dents,j'enchaîne les désillusions et les drames : je suis la seule rescapée d'un accident de voiture où périrent mes parents, ma grand-mère m'a quitté il y a trois ans et côté cœur je suis une handicapée de l'amour, verrouillée de partout. J'essaie pourtant mais rien n'y fait soit je ne craque pas soit je suis prise pour une imbécile. Lucie m'a très vite apporté la dose de folies qui manquait à ma vie. Elle m'a traîné de force hors de chez moi,conduite en cours, sortie le museau de mes cahiers, appris à m'amuser, et proposer ce travail. Elle est devenue mon véritable soutien pendant cette longue traversée du désert.
Je retrouve toute l'équipe déjà en salle de réunion, ce qui me vaut un froncement de sourcils de Mircella pour mon retard.
-Thalya dernière arrivée, dernière servie. C'est toi qui vas aller à L'Antique cet après-midi. Tu as rendez-vous à 15h. La gérante aimerait qu'on fasse un grand article sur l'ouverture de la boite qui a lieu samedi soir. Dossier très délicat avec un sacré chèque à la clé si le patron est satisfait. Attention ils sont très exigeants et attendent un article très détaillé et élogieux. Tu sais comme moi que le journal ne peut pas se passer de signer un gros contrat. Si nous ne remontons pas la pente, des postes risquent d'être supprimés et le grand patron commencera par les derniers arrivés.
J'hoche la tête, message plus que passé.
-Bien les rendez-vous sont répartis pour la semaine, ouvrez les deux yeux et les oreilles et soyez bons. Je vous remercie vous pouvez disposer.
Mircella ferme d'un coup sec son porte-documents, et prend la porte la première. Lucie en tailleur mauve très chic me rejoint.
-T'as de la veine ! Apparemment c'est une bombe cette boite !Un style antique qui change, une clientèle sélectionnée avec soin. Voilà le plan : tu te mets dans les bons petits papiers et tu nous dégotes des entrées pour ce week-end !
-Tu ne perds jamais le nord toi, je plaisante.
-C'est pour ça que tu m'aimes ma belle. Aller je file je couvre le salon de l'érotisme aujourd'hui. Brice vient avec moi, rajoute-t-elle avec un clin d'œil coquin. Depuis quelques temps elle s'est mise en quête de faire succomber ce grand blond aux yeux bleus.
-Dis donc c'est que ta mère te connaît très bien. Évite quand même les ennuis et raconte moi tout dès que tu peux.
-Tu me connais, sage comme une image. Sur ce, j'ai du pain sur la planche, continue-t-elle avec son air espiègle.
Pour ma part je passe la matinée à rédiger les petites annonces pour mardi et préparer ma rencontrer de l'après-midi. D'après Mircella le propriétaire était très exigeant concernant l'article qui allait être publié et nous récompenserait d'un gros chèque. Bon il faut dire que mon poste est aussi en jeu et pour le coup mes études.
La boite de nuit étant en périphérie de la ville et le rendez-vous de bonne heure, je mange en vitesse et file. Une demie heure plus tard j'emprunte une petite allée peuplée de palmiers et peupliers tout près des quais. Devant moi se dressent des colonnes antiques qui encadrent un immense manoir. Les panneaux directionnels sont écrits en grec ancien : εγγραφή. Sur le perron une étrange inscription attire mon attention : « laissez entrer le passé, ouvrez une parenthèse dans le présent, préparez-vous à écrire votre futur ». Bien que le grec me soit totalement étranger, une certaine ressemblance avec le latin que j'ai étudié pendant des années me vient certainement en aide pour traduire cet écriteau.
J'ai à peine le temps de toquer à la porte que celle-ci s'ouvre mystérieusement. Devant moi se présente un bureau en marbre dont le fond est dissimulé par un rideau or : les vestiaires probablement.
-Bonjour ? je lance pour annoncer mon arrivée.
Aucune réponse.
J'emprunte un petit couloir recouvert de tentures que j'examine au passage. Je crois reconnaître des scènes étudiées en littérature et Histoire Antique : Zeus sur le mont Olympe, la naissance de Vénus de Botticelli, Vénus et Adonis, le Lion de Némée, Apollon et enfin le grand dieu guerrier Arès. En pénétrant dans la salle principale mes yeux s'agrandissent d'admiration. Tout est recouvert de marbre : des dalles au sol,au plafond dont trois énormes rectangles contiennent des spots dorés ainsi que des symboles grecques. Des lumières vertes éclairent les pupitres antiques qui servent de tables hautes et une version miniature du panthéon avec ses colonnes grecques s'avère être la piste de danse. De part et d'autre de cette piste: des boxes avec rideaux dorés. Devant, des chaînes en velours rouges y délimitent l'accès. Ce lieu est tellement...
-hors du temps, je souffle.
-Ravie de vous l'entendre dire, me surprend une voix. C'est précisément l'effet recherché.
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Arès
Paranormal« Laissez entrer le passé, ouvrez une parenthèse dans le présent, préparez-vous à écrire votre futur ». Or Thalya a tout oublié. Un traumatisme lui bloque l'accès à ses souvenirs. La nuit, d'étranges rêves ou souvenirs du passé viennent la hanter...