Chapitre 41

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La voix revient comme une vague qui s'échoue dans ma tête. Elle murmure des paroles incompréhensibles qui l'emplissent totalement. Je secoue la tête comme pour les chasser et l'abaisse sur mes mains. C'est seulement à ce moment que je perçois une chaleur progressive qui me contraint à poser l'œuf au sol. Au-dessus de nous le ciel s'obscurcit, mais personne n'y prête attention. Nos regards sont rivés vers cet être qui cherche à s'affranchir. Par à-coups la coquille se perce, s'agrandit. Un bec sort en premier, suivi d'une tête écarlate ornée de plumes et d'un cou rayonnant d'or. Puis, la coquille se brise totalement, dévoilant un corps pourpre, recroquevillé. Des ailes grenades se lèvent, une queue azure se dresse. Mon cœur s'emballe. Les grouillements dans ma tête atteignent leur paroxysme puis se taisent. Le voile se lève sur deux petits yeux noirs comme les ténèbres. Ils me fixent, sans ciller. Comme une réponse à ma question muette, l'oiseau hoche la tête. Se pourrait-il qu'il soit la voix dans ma tête? Sa tête se penche à nouveau avant de lever son bec au ciel. Il s'ouvre et pousse un cri déchirant. Une soudaine explosion me fait reculer et sous mes yeux terrifiés l'animal s'embrase. Les flammes l'ensevelissent.

-Non ! crié-je le cœur au bord des lèvres.

Je vais pour me précipiter l'en sortir mais je suis immobilisée par deux bras puissants. Les ailes du petit oiseau se débattent frénétiquement ne faisant qu'attiser d'avantage le brasier. Ses cris de détresse me brisent le cœur. Les larmes coulent sur mon visage, intarissables. Je m'effondre, prisonnière de cet étau. Le hurlement se meurt tandis que par dessus les flammes deux ailes immenses aux plumes embrasées surgissent. Un cou, immense se dresse. Il est magnifique.

- C'est impossible.

- ça ne se peut, j'entends derrière moi.

Une fine pluie tombe sur son plumage et le teinte d'un bleu océan. Un dernier regard à mon intention et les grandes ailes se déploient, prennent leur envol dans les airs. Toutes les têtes suivent son ascension.

Lorsque le dernier point lumineux disparaît dans le ciel tous les regards pleuvent sur moi

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Lorsque le dernier point lumineux disparaît dans le ciel tous les regards pleuvent sur moi.

Des échos me parviennent, tout d'abord incompréhensibles, puis de plus en plus distinctement. Un mot est jeté, interrogé, répété, scandé par quelques-uns. Mon froncement de cils interroge les trois super soldats. Ils me regardent comme s'ils me voyaient pour la première fois, mais avec un quelque chose de plus dans le regard.

Je me trouve alors vers l'unique personne qui ne me traite pas différemment. Fidèle à son habitude, aucune émotion ne trahit ses pensées.

- Dispersion, crie un homme alors que la corne retentit dans l'arène.

Dans un désordre inédit l'arène se désemplit. Je me tourne à mon tour vers la sortie quand une légère pression sur l'épaule me retient.

- Il faut que tu vois quelque chose, m'annonce énigmatiquement l'asiatique.

- Toi aussi, ajoute-t-il dans mon dos.

Je le devine, le ressent sans avoir besoin de le voir que Rassan est le destinataire de cette invitation. Il se tient derrière moi, silencieux. L'élite échange un dernier regard puis les deux autres disparaissent pour nous laisser dans une arène vide.

ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant