Chapitre 43

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Cette voix c'est la mienne. Elle jette ça comme une constatation: les harpies, l'attaque dans les forges et Arès qui ne revenait pas...

- mais ce soldat inconnu... Je n'osais formuler cette question ni dans ma tête ni à voix haute.

L'homme pose un long regard sur moi et mon cœur s'emballe craignant une réponse qui m'impliquait.

- Les oracles le prédisent comme la lumière dans les ténèbres. Certains ont fait le rapprochement entre cette fresque et leur prophétie. Mais tous ignorent qui est-il ni quand cela se produira.

- Jusque là...objecte une voix qui n'avait pas encore prit par à la conversation.

Le regard perçant qu'il posa sur moi, me hanta longtemps après avoir refait surface. Les paroles de l'asiatique tournèrent en boucle toute la nuit. Si bien que je parvins guère à trouver le sommeil. Pour parfaire le tableau, le lendemain, j'eu toutes les peines du monde à donner l'impression que les nouveaux regards que l'on portait sur moi ne m'atteignaient pas. Je ne dirai pas que l'intégration que j'avais eu tant de mal à acquérir était à refaire à zéro. Non. Il y avait quelque chose de différent dans la manière dont la plupart des soldats me regardaient. Un mélange de crainte, incompréhension et de curiosité. Je préféra éviter la foule sur les temps de rassemblements et ne me présenta que tard dans l'après-midi dans l'arène d'entraînement.

Contrairement à d'habitude, les gradins, d'ordinaire vides, accueillaient quelques curieux.

On me fit d'abord m'entraîner avec mon compagnon d'infortune. Ses coups étaient plus durs, furieux et impérieux. Aussi je me demandais si jusque là il ne les avait pas contenus. Il fit valdinguer mon épée par dessus ma tête, sous mon œil surpris.

- Il te faut t'entraîner plus dur. A la guerre il n'y a pas de temps pour la réflexion, pas de place pour les faiblesses.

Le temps de me dire que ceci devait être la phrase la plus longue qu'il m'avait adressé jusque là, il fonçait à nouveau sur moi.

J'esquive tout juste le coup, me reçois une poignée de sable dans les yeux. Sale coup, pensai-je, aveuglée.

Une morsure au niveau de l'épaule m'arrache un cri et redouble ma fureur. Je ferme les yeux, pour les rouvrir, rouge. J'ai l'impression d'être en feu, littéralement. Son regard, d'abord surpris, charge à nouveau. Je saisis son glaive dans l'air, lui donne un coup de tête, le sonnant et le surprenant en même temps. Je ne sais pas d'où me viennent ces coups. La rage? L'instinct? Lui qui me conseillait de ne plus penser. Mon pied rencontre sa cage thoracique, le pliant à terre, la pointe de sa lame sous la poitrine. Mon corps essoufflé est arrêté brusquement par deux prises au niveau des bras. Je lève un regard encore furieux, prête à en découdre avec ce nouvel assaillant. Athor, le grand blond toujours jovial, m'éloigne en riant.

- une vraie tigresse, une sacrée recrue les gars, se moque-t-il.

- je comprends pourquoi on nous l'a mis dans les pattes, grogne Athor, le Viking roux

- un sacré potentiel et une grande colère à évacuer, ajoute l'Asiatique.

Folle de rage, je quitte l'entraînement. Furieuse d'avoir offert le spectacle, j'en avais également contre Rassan qui avait voulu me donner je-ne-sais quelle leçon. Les jours qui suivirent ne me laissèrent aucun répits. Agax le Viking roux, Athor et Ming prirent chacun le temps de m'enseigner leurs techniques de combat, dans lesquelles, je l'avoue, je pataugeais car je n'étais pas bien douée. Je mangeais chaque jour la poussière et je me demandais à nouveau quelle était ma place ici. Je passais les fins de journée avec Rassan en combat rapproché et sans arme sur la plage. Les duels avaient toujours lieu dans le plus grand silence mais je m'en sortais mieux, m'aidant des outils environnements pour au moins égaliser. Nous nous baignions ensuite, toujours silencieux. Rassan avait pris l'habitude de me tourner le dos et de prendre le large pour nager plus loin.

Au moins me considérait-il comme un alter ego et non comme une femme qui n'avait pas sa place. J'avais rejoins ce petit groupe élitiste et chacun d'eux me poussait à me dépasser.  

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Ce soir avait lieu le grand rassemblement. Les femmes soldats Athéniennes rejoignaient la forteresse pour se confronter aux hommes. Le grand manitou avait orchestré des épreuves d'affrontement pour chaque section. Chaque camp prétextait n'avoir besoin du sexe opposé pour vivre mais Léandre ne m'avait pas caché la teneur réelle de cette soirée. Deux soirs l'an, les hommes et les femmes se retrouvaient à la nuit tombée assouvir toutes leurs passions refoulées. Une manière de tenir les soldats avait-il ajouté. J'avais vu la série Spartacus et je n'ignorais pas qu'une fois les portes des cages ouvertes tout se débriderait et Qu'une grande débauche aurait lieu. Peu désireuse d'assister à un tel spectacle j'étais ravie que le Titan à la peau ébène m'ait assigné à la surveillance sur les remparts pour la soirée.

Le soleil nous offrait ses derniers rayons avant d'aller se cacher derrière un immense duvet cotonneux. Les premières étoiles scintillaient au milieu des deux lunes qui venaient d'apparaître. Le ciel était magnifique ce soir.

Le ferraillement des lames qui s'abattent plus bas m'arrache à ma contemplation

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Le ferraillement des lames qui s'abattent plus bas m'arrache à ma contemplation.

Je reporte mon attention au centre de l'arène où a lieu le dernier combat de la journée. D'un côté: les hommes scandant le nom de Rassan, cette montagne de muscles saillants, bronzés par les heures d'entraînements au soleil.

De l'autre, des femmes aussi viriles que féminines brandissent leurs bras pour encourager l'amazone qui affronte mon hercule- notre hercule, rectifie ma conscience. Dire que l'adversaire était de taille est une euphémisme. La guerrière devait le dépasser de deux bonnes têtes. Longue, fine et souple sur ses jambes, elle le forçait depuis un moment à danser autour d'elle esquivant ses assauts. Rassan tente de percer ses flancs mais la femme aux peintures de guerres n'en est pas à son premier combat. Elle est aussi féroce que le cris qu'elle pousse. Enhardie par les encouragements de son camp elle se jette droit devant ne ménageant aucun flanc. Gauche, droite, gauche, tête, pied, gauche... Rassan est forcé de reculer et se retrouve bien vite acculé contre le gradin. Mon cœur se serre. L'issue du combat ne joue pas en sa faveur. Mais l'homme tout en muscles a plus d'un tour dans son sac et tandis que l'arme adverse plonge dans sa direction , il effectue une pirouette en se saisissant de son épaule libre, maintenant la jeune femme face contre le mur.

Le combat commençait à devenir intéressant. La jeune femme s'accroupit et se relève d'un bond le déstabilisant. Elle saute littéralement sur lui et se retrouve jambes à la taille, le serrant de toutes ses forces pour l'étouffer.

Elle le fait chuter au sol, lui fait lâcher l'arme qu'il tenait d'un coup de coude. Ses bras se retrouvent coincés sous ses cuisses. La femme s'empare d'une poignée conséquente de ses cheveux et avec un sourire victorieux lui les coupe. Le visage de Rassan d'ordinaire si impassible se métamorphose sous la vague des émotions. Malgré la distance qui nous sépare je les lis sur son visage et les partage au cœur de mes veines. La tristesse et la honte font place à un cri puissant. Je ne saurai si c'est le mien ou le sien qui fait taire l'assemblée. Je me suis levée comme un seul homme avec mon partenaire- si je pouvais le qualifier ainsi. Les têtes se tournent à la fois vers lui et vers moi. Les femmes crient quelque chose que je ne saisis pas de l'autre côté de la tribune mais qui m'est destiné. La femme au cœur de l'arène dresse un doigt vers moi avant de se retrouver projeter à terre , une lame sous la gorge avant de ciseler la longue tresse, symbole de leur puissance et de leur féminité.

La corne sonne et le géant couvre les discordes de sa puissante voix qui les somme de se taire.

- combat annulé !

La femme se révèle, saisissant la natte à terre, son regard haineux fait un va et vient entre elle et moi.

ArèsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant