I - Chapitre 1 : Terre-en-Landes

7.5K 374 415
                                    

***

Ron, il faut que tu saches que les fidèles de Vous-Savez-Qui faisaient apparaître la Marque des Ténèbres chaque fois qu'ils tuaient quelqu'un. Tu n'as pas idée de la terreur qu'elle inspirait ... Tu es trop jeune. Imagine que tu rentres chez toi et que tu voies la Marques des Ténèbres flottant au-dessus de ta maison en sachant ce que tu vas trouver à l'intérieur ... C'est la pire terreur du monde ... la pire ... 

- Arthur Weasley, Harry Potter et la Coupe de Feu

***

Chapitre 1 : Terre-en-Landes.

-Ne te balance pas si fort, Arthur !

Je relevai le nez de son livre et plissai les yeux quand mes iris furent heurtés par le soleil estival. Une mère s'élançait vers son fils, un garçon d'environ cinq ans, qui se balançait en « cochon pendu » à la barre des jeux du parc. L'enfant riait aux éclats, pourtant la femme le ramena fermement sur la terre et le rouspéta sèchement avant de le prendre par la main et de le sortir vivement du parc, sous les cris et les protestations dudit Arthur. Depuis mon banc, j'esquissai un sourire avant de me replonger dans mon épais volume aux pages jaunies. Un volume désuet et sans âge, qui arrachait des regards curieux de chaque passant qui me croisait. J'accordai à chaque passant stupéfait un léger sourire avant de se replonger dans sa lecture. Je venais sur ce banc presque chaque jour car curieusement, en été c'était l'un des endroits les plus calmes et les plus tranquilles du village. La plupart des familles avec enfant étaient en vacance, et ne se trouvaient dans ce petit parc que quelques ados qui écoutaient de la musique pour fuir leurs parents et la chaleur, et la famille du petit Arthur qui n'avait pas les moyens de voyager. Et chaque personne qui venait dans ce parc m'adressait un regard curieux, ainsi qu'un sourire poli. Je savais que personne dans à Terre-les-Landes ne savait quoi penser de moi. J'étais absente tout le long de l'année, et revenais pour les vacances grandie de quelques centimètres, avec de vieux grimoires et des sucreries étranges que j'offrais parfois aux enfants du parc. Au delà d'être responsable d'une partie des carries des enfants de Terre-en-Landes, j'étais également un épais mystère pour le reste des habitants, un mystère que mes parents entretenaient soigneusement tout en essayant de le masquer.

Car ce que la majorité des habitants ne savait pas, c'était que j'étais une sorcière.

Je souris en refoulant le rire qui me montait dans la poitrine. Une sorcière oui, une vraie. Avec une baguette et un balai. En revanche je n'avais pas de verrue et détestais les chapeaux pointus que mettaient les professeurs à l'école.

L'école, mon école, ma belle école. Poudlard, ma vie à présent. Ce monde inconnu qui s'était imposé à moi alors que je n'étais encore qu'une enfant à peine sortie de l'école primaire, sous la forme d'une lettre écrite à l'encore verte et signée « La directrice-adjointe, le professeur McGonagall ». Mes parents avaient lu la lettre une bonne dizaine de fois avant que le message leur paraisse clair, et avaient posé des yeux profondément choqués et déçus sur leur fille de onze ans. Leur petite fille parfaite et si délicieusement normale se trouvait être une étrangeté dotée de pouvoirs que personne ne soupçonnait – sauf Gary Hawlker qui avait hurlé sur tout les toits que j'avais transformé sa peluche en araignée. Ou l'épicière Elisabeth Fisher qui était persuadée de m'avoir vu faire voler des bonbons trop hauts pour moi. Mais pour mes parents, cela avait été un choc, d'autant qu'Alexandre, mon grand frère, n'avait certes reçu aucune lettre, mais leur faisait vivre la vie dure à la maison et à l'école. Je savais que mes parents avaient compté sur moi. Pour rattraper le coup, pour faire de belles études malgré de premières difficultés à l'école. Mais ces études, c'était à Poudlard que j'étais destinée à les faire, et malgré leur acceptation progressive, je savais que cela leur était resté en travers de la gorge. Alexandre, lui ne s'était pas calmé et je le savais parti battre la campagne en moto avec une bande d'amis que personne de notre famille n'approuvait, ajoutant quelque peu à leur amertume. C'était pour cette raison que je m'isolais toujours loin de la maison pour faire mes devoirs de vacance et taisais le plus que possible ma condition de sorcière, y compris chez moi. C'était difficile, car j'avais trouvé un monde extraordinaire et vivais des expériences vivifiantes que j'aurais aimé partager avec ma mère, mon père ... Mais si ça permettait à mes parents de me sourire, je m'y pliais volontiers.

Ombres et Poussières [I-II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant