II - Chapitre 14 : L'étrange Noël de Victoria Bennett

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Boooonjour ! 

Bon les concours se rapprochent alors je poste quand j'ai le temps (et ce week-end je ne l'aurais pas). J'espère que vous allez bien et que tout va bien chez vous dans ces temps troublés ! Mais détendons-nous, c'est assez pénible d'en entendre parler sans cesse, parlons plutôt chapitre ! 

Merci beaucoup pour les réactions sur le chapitre précédant, elles me vont trop au coeur ! j'espère que ce chapitre vous plaira tout autant ! Il est long, mais normalement c'est un des derniers "monstres" si on veut ! 

Bonne lecture ! 

PS : * avec explication en commentaire 

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Le temps était fini où les jours se succédaient, vifs, précieux, uniques : l'avenir se dressait devant nous, gris et sans contours, comme une invincible barrière. Pour nous, l'histoire s'était arrêtée

- Primo Levi, Si c'est un homme. 

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Chapitre 14 : L'étrange Noël de Victoria Bennett.

J'avais pensé que Simon installerait un matelas à côté de son lit mais la réalité fut la même que le soir où je l'accompagnais dormir dans son dortoir : j'avais fini par m'endormir, vaincue par mes pleurs, la voix éraillée d'avoir trop parler mais la gorge enfin libérée, et je m'étais réveillée le lendemain matin en constatant que Simon s'était écroulé à côté de moi et dormait d'un sommeil agité, un oreiller pressé contre son ventre. Je l'avais observé à la dérobé, les éclats d'or et de cuivre qu'éclairait le soleil dans ses cheveux et son nez bien trop grand et trop pointu et alors qu'un nouveau spasme l'avait parcouru, je m'étais demandé ce que Miles pourrait bien penser du fait que je dormais dans le même lit qu'un autre garçon. Certes, c'était ce garçon, et j'ignorais totalement si Miles était jaloux ou non. Mais la question me mit assez mal à l'aise pour que je m'extirpe du lit et reprenne mes clics et mes clacs pour sortir de la chambre à pas feutrés. J'avais alors erré dans Terre-en-Landes, grelottante et versant quelques larmes en songeant aux mots que j'avais pu attendre la veille, montant vers les hauteurs du village pour me baigner dans l'aube naissante. Un nouveau jour s'était levé devant moi, un jour où je renaissais petite-fille de cœur d'un meurtrier repenti à l'âme déchirée, et le vide en moi me parut moins lourd à supporter. Le soleil brillait fort dans le ciel quand j'étais rentrée chez moi, de l'éclat froid des rayons d'hiver mais qui avaient pour mérite d'exister et de colorer ma vie. Encore une fois, rien n'annonçait la neige chez nous, même si l'air glacial nous mordait la peau et ce fut donc transie de froid, mais l'esprit relativement clair que j'avais passé la porte de chez moi pour monter directement dans ma chambre, m'emmitoufler dans mes couvertures.

Les jours suivants furent assez pénibles : si mon père se montrait toujours adorable et me demandait même de faire de la magie – souvent pour des petits travaux, comme réparer le tiroir de la cuisine, ou faire léviter le carton de décoration trop haut pour lui – je percevais la moue réprobatrice de ma mère, ce qui rendait nos relations assez froides et cordiales. Ça ne gênait pas : quand je croisais son regard, mes yeux la dévisageait pour énumérer tout ce qu'elle n'avait pas de Miroslav Liszka, et ma poitrine se compressait. Et chaque fois qu'elle grognait quand elle apercevait ma baguette, je me faisais la réflexion qu'apprendre que le père qu'elle estimait tant était un sorcier la détruirait sans doute, et peu à peu, je me mis à accepter le secret imposé par mon grand-père et à lui construire une carapace au fond de moi pour l'y enfouir et ne plus y penser, pour le bien de ma mère et l'équilibre de la famille. La mort dans l'âme, je compris ce que mes grands-parents avaient voulu réaliser en nous cachant les secrets de mon grand-père – et ce que j'allais devoir réaliser à mon tour si je ne voulais pas que la famille explose. Je leur en voulais d'avoir laissé cette situation s'installer et s'instiller ce poison en moi, mais à présent je ne pouvais dénouer ce qui avait déjà été fait : il fallait que je l'accepte et que je maintienne cette famille à flot avec les outils que j'avais.

Ombres et Poussières [I-II]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant