26. Le manoir

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La longue file de voitures qui voulait partir de la ville était infinie, mais toutes avaient été vidée de personnes, comme si elles n'avaient jamais appartenu à quelqu'un. Tous se sentaient étranges en voyant cela, car jamais une telle chose était arrivée depuis leurs naissances. D'abord l'apparition des mordeurs et la disparition d'Antoine, puis les opérations nettoyages, et enfin tout ce sang qui jonchait les routes étaient la preuve que le monde avait changé.

-Ne regarde pas, Oscar, obligea Angélique.

Un corps entièrement déchiqueté était en plein milieu de la route, celui d'une femme aux cheveux blonds bouclés qui ne s'était pas relevé. Derrière la voiture des Wilson se trouvait celle de Barbara et Tim, dont cette dernière disait :

-Il faut le r'tirer ou on va l'embrocher avec nous.

Angélique regarda son mari, hésitant et apeuré. La femme hocha négativement la tête, puis se retourna :

-On peut pas ! C'est... c'est trop dégoûtant.

-On va être obligé un moment ou un autre. Parce que si vous vous le laissez pourrir ici, il va se coller à vos roues et votre devant d'voiture.

-Je crois qu'on n'a plus le choix, murmura Thomas. Garde les enfants et ne les fait pas regarder.

Barbara et lui se mirent à prendre le corps en évitant soigneusement de le regarder ou de le sentir, mais malgré son envie de rester non-malade, Barbara préféra l'observer pour vérifier qu'il ne se réveille pas, et heureusement non. La femme saisit doucement les chevilles et sentit la peau froide et molle dans ses mains. Thomas, lui, avait pris les deux bras dont un qui se décollait et se dépêcha de jeter le corps dans le fossé. Ils reprirent la route en s'essuyant pendant cinq minutes les mains pour éviter de se faire infecter et de se transformer comme eux. Toute précautions étaient bienvenues.


Des heures plus tard, ils roulaient sur la route aux bordures de forêts aux bois sombres. La nuit était tombée et Angélique reconnaissait l'endroit où elle avait buté le corps d'un homme et qu'elle l'avait tué. Le manoir de Nicole était à l'horizon, son haut portail en fer forgé se dressait devant eux, mais il paraissait impossible à ouvrir. Barbara et Tim ne parlaient plus, laissant les habitués de cette place faire le travail. Thomas et Angélique sortirent, vérifiant autour d'eux qu'aucune créature ne surgissait de parmi les feuilles de la forêt environnante.

-Elle m'avait dit qu'elle avait invité plusieurs de ses amies, informa Angélique à Thomas qui la regardait d'un air sombre. 

-Qui sait ce qui se trouve là-dedans... Tu es sûre de vouloir entrer ? 

-Absolument. On n'a pas fait tout ce chemin pour rien.

Le couple se mit à pousser le portail, puis l'ouvrir dans un grincement horrible. Ils le bloquèrent pour ne pas qu'il puisse se refermer, puis Angélique fit entrer sa voiture, suivie de Barbara et Tim. Leurs phares allumés, ils pouvaient voir précisément l'entrée du jardin, qui était étrangement charmant. Une brise de vent frais leur faisait frémir, alors Angélique se dépêcha de rentrer pour se réchauffer. Malheureusement, l'intérieur de l'édifice était sombre comme tout, et aucun signe de vie ne se manifestait. 

-Attendez, murmura Angélique. Suivez-moi. 

Le petit groupe descendit et entrèrent par le garage. Angélique menait tout le monde et s'arrêta devant une porte, celle où elle avait enfermé le premier mordeur qu'elle avait vu. Malheureusement, elle était ouverte. 


Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant