64. Les choses interdites sont les plus dangereuses

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Le lendemain matin, Alix entendit quelqu'un frapper à la porte de sa maison. Chez elle, tout le monde était parti pour aider Thomas à renforcer la communauté pour le dernier jour. L'adolescente déjeunait, revolver en main, jouant avec sans avoir peur. La jeune femme se leva et ouvrit la porte d'entrée. Paula se tenait derrière, ses grosses lunettes rondes augmentant la taille de ses yeux.

-Tu veux encore t'entraîner, c'est ça ? Ria Alix. Attends, je me prépare. 

Ces deux dernières avaient une relation plus amicale, à présent. Elles s'appréciaient, et avaient passé une fois toute leur après-midi ensemble. Si aucune d'entre elles ne mourraient avant demain, elles pourraient devenir de très bonnes amies. Dix minutes plus tard, Alix s'était à peu près coiffée, et habillée avec de vieux vêtements. Elle avait pris son revolver, puis regarda le chargeur. 

-Vide, murmura Alix. 

-Et les gardes ne vont pas vouloir nous en donner sans qu'on sache ce qu'on fait avec. 

-Je connais un endroit où est stocké plusieurs munitions, mais il va falloir être discrètes. Tu me suis ?

-Je te suis déjà. 

Les deux coururent alors silencieusement vers la maison où était anciennement enfermé Ethan. Elles s'incrustèrent dedans, et descendirent dans la cave où était emprisonnée Océane, qui dormait à même le sol. Paula regardait, terrorisée, sa cheffe de toujours salie et dans une posture qu'elle n'aurait jamais pu rêvé d'elle. Alix lui prit l'épaule.

-Si on la réveille, on est foutue. Elle le dira aux autres et on se fera choper. La seule chose qu'on peut faire, c'est de ne pas faire de bruit, c'est clair ? Il fait noir, mais... on devrait voir quelque chose. 

Alix s'approcha de l'armoire où elle avait vu les balles, et l'ouvrit à tâtons. Paula vérifiait avec un regard distant le corps d'Océane qui jonchait le sol, la respiration lente. 

-C'est bon, je les ai ! S'exclama Alix. 

Océane se leva et regarda ensommeillée les deux adolescentes prises sur le fait. Elle eut un malin sourire, puis se leva en se cramponnant aux barreaux. Elle prit un air triste et posa sa tête entre les fentes des barres de fer. 

-Je n'avais jamais pensé à quel point c'était barbare d'enfermer des gens dans une prison dans le noir. Quand j'étais encore aux commandes de cette ville, je réfléchissais à d'autres choses. Vous devriez m'ouvrir, je meurs là-dedans. 

-Pourtant vous aviez l'air fière de vous lorsque vous avez enfermé Barbara pour subir les actes meurtriers que vous faisiez. Vous n'aviez pas honte. 

-Et toi ? Lâcha t-elle avec dégoût. Quand tu lui as tourné le dos au lieu de le défendre ? Quand TU as décidé que ça ne valait pas la peine de le sauver ? On est tous pareils. 

-Alix n'aurait jamais fait ça ! Cria Paula. 

Les deux adolescentes se regardèrent, Alix lui donnant un regard plein de confiance. 

-Oh, mais ma petite, tu ne sais rien de ce qui s'est passée. 

-Maintenant, tout le monde est éclairé. On sait que vous êtes une meurtrière et que vous méritez de mourir ici. Vous n'avez que ce que vous cherchez, protesta la fille aux grosses lunettes. 

-Que feront les autres, vous pensez... Lorsqu'ils apprendront que vous venez ici ? Pourquoi faire, d'ailleurs ? Pourquoi venez-vous ici ? Je suis sûre que là-haut, ils essaient de régner de leur façon, de dominer tous autant que vous êtes. Mais aucun de vous ne sait ce qui les attends. Vous êtes des ignorants, vous ne savez rien de votre avenir. Bientôt, cet endroit est un cimetière où vous serez tous morts. Mais malheureusement pour vous, il n'y aura personne pour vous enterrer parce que la seule qui restera vivante sera derrière les barreaux, coincée. Les charognes ou les Humains vous feront la peau. 

Alix la regarda sans lueur dans les yeux. C'était comme si elle s'apprêtait à commettre un meurtre. Paula posa sa main sur le poignet de son amie comme pour lui dire d'arrêter. 

-Nous serons plus intelligentes que vous, n'est-ce pas Alix ? On va se boucher les oreilles, et on va partir. Bonne journée, Madame.

-Nous sommes la journée ? Bonté divine, déjà ? C'est donc demain que vous allez mourir ? Ha ! Bonne chance ! Même si c'est inutile de le souhaiter... 

Avant de partir, Alix prit les clés de la prison qui étaient dans l'armoire, et les jeta sur une poutre.


-Heureusement que tu m'as retenue, fit Alix une fois qu'elle et Paula furent dehors clandestinement. Je sais pas ce que j'aurai fait. 

-Je ne te connais pas vraiment, mais je sais que tu ne tuerais pas. Tu n'es pas une tueuse, tu sais très bien qu'il ne faut pas être comme elle. Bon, on va où, cette fois ? 

-Barbara m'a donné une carte. On va aller à cinq cents mètres d'ici, près d'un fleuve. 

-Quoi ? S'exclama Paula, effrayée. Mais... c'est plus loin que d'habitude ! 

-On aura moins de chance de se faire entendre. Tu as vu, Océane n'a même pas vu qu'on a pris des balles ! Peut-être que si, en fait...

-Arrêtons de parler de ça, tu veux ? Elle t'a parlé que deux minutes et tu la gardes toujours dans ta tête. Là ! Une charogne ! Je peux ? 

-Pas au pistolet, on est trop proche de la communauté. Essaie au couteau. Et appelle ça un mordeur, charogne, ça fait trop "Océane", tu vois ?

Paula hocha la tête, et dégaina son arme, la main tremblante. Pour la rassurer, Alix posa sa main sur son poignet et elles se regardèrent un long moment. Dès leur contact, Paula se sentit décontractée, prête à tuer. 

Elles se baissèrent toutes les deux derrière un rocher aussi haut qu'elles, et attendirent que des pas incertains et lents s'éloignèrent. Paula se leva, et regarda droit devant elle, sans ciller. Elle s'avança discrètement vers le mordeur passé et l'acheva d'un coup de couteau. Alix se releva elle aussi, et croisa le regard vainqueur de son amie, avec une tâche de sang sur la joue. Mais alors qu'elles se souriaient, leurs visages sombra tour à tour. Paula prit un air effrayé en pointant du doigt quelque chose derrière l'épaule d'Alix. Tandis que la fille Wilson hurla de peur lorsque la fille aux lunettes tomba, alors qu'un mordeur enfouit sous les feuilles lui avait prit la cheville. 

En tombant, Paula avait perdu ses lunettes, et en même temps son couteau. Alors, même si elle ne voyait rien, elle donna le plus possible de coups de pieds dans son corps pourri sans qu'il ne se détache d'elle. Elle se décida alors de l'éjecter avec ses deux pieds et de ramper plus loin pour rechercher son couteau. Elle plongea ses mains sous les feuilles, et tomba sur ses lunettes, qu'elle posa sur son nez à toute vitesse. Elle continua de chercher. Le mordeur s'avançait vers elle de plus en plus, grognant, les bras tendus vers sa proie comme un aimant. L'adolescente trouva enfin son couteau et alors que la tête du rôdeur était juste au dessus de la sienne, elle planta la lame de l'arme dans l'œil laiteux du mort. Pendant ce temps, un goutte de sang mordeur tomba dans sa bouche.

Mais alors que Paula se releva, de nouveau fière d'elle, elle entendit des pleurs, ceux d'Alix derrière la pierre. 


Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant