50. Tueurs

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-Combien de bornes il nous reste à faire ? Demanda Thomas, ayant pris le siège passager. Les enfants commencent à avoir faim et tout ce qu'on avait pris du manoir était dans la voiture de Barbara et Tim.

-Dix kilomètres, répondit Angélique, froide et sans quitter son regard de la route.

-Quoi ? Qu'est-ce que t'as ? Tu me reproches quelque chose, c'est ça ?

- J'ai pas trop apprécié comment tu as parlé à notre fille, tout à l'heure.

-Quand je lui ai demandé de partir quand on parlait de Tim ? 

-Tu lui as pas demandé de partir, tu lui as ordonné. C'était comme si elle avait fait quelque chose de grave. Comme si... ce n'était qu'une enfant qui ne sait pas se défendre, comme si ce n'était qu'une esclave !

-Je n'aurais jamais pensé ça, voyons, je... Enfin, Angie, tu ne me vois pas comme ça ? Angie !

-Non, je ne te vois pas comme ça, c'est pour cette raison que j'ai été choquée.

-Je suis à cran, je commence à péter les plombs...

-On est tous à cran. 

-Tu me remets tout sur le dos ? Non me je rêve, là ! Heureusement que les enfants dorment, on va pouvoir largement parler de ça ! C'est humain de faire des conneries, bordel ! J'ai fait le con avec Alix, je le reconnais, mais toi aussi, je te signale ! 

-Cite-moi une seule mauvais chose que j'ai fait depuis que ce monde est parti en merde ! Dis-le moi, j'ai besoin de savoir. 

-Regarde le volant quand tu me parles, tu veux ? Tu veux que je te cite un truc de débile que tu as fait ? Très bien, j'ai une liste, et elle est longue, très longue, crois moi ! Le jour où tu courais dans cette forêt enflammée ! Des mordeurs te suivais à la trace, t'étais tellement fatiguée que tu as fait un malaise ! Tu as risqué ta vie pour rien ! Attends, j'ai autre chose aussi, la nuit où tu as laissé ta propre mère mourir dans son manoir alors que tu savais qu'elle était en danger ! Mais ce n'est pas le pire ! Le pire, c'est que tu nous as ramené là-bas en pensant qu'elle était peut-être miraculeusement vivante alors que c'était un putain de cimetière, Angélique ! Un cimetière ! C'est de ta faute, si elle est morte, et c'est aussi de la tienne si Tim s'est fait mordre ! Tu as réussi à nous détruire ! 

Angélique versait toutes ses larmes, regardant l'homme qu'elle avait toujours aimé. Malgré sa colère et sa tristesse, elle se défendit quand même :

-Tu crois que je sais pas ce que ça fait de se sentir coupable, de revoir les visages des personnes qui sont mortes chaque nuit dans ses sommeils, si peu soient-ils que tu ne dors que deux heures toutes les vingt-quatre heures ? Je sais que je les ai tués ! Mais je ne suis pas la seule dans cette voiture qui ai tué quelqu'un.

-Ah ouais ? Cite-moi le nom.

-TOI ! Beugla la pauvre femme qui pleurait. Toi, putain ! Tu as tué Antoine ! Tu n'as pas su le protéger... tu l'as perdu... tu l'as tué.

-Je suis désolé, Angélique, d'accord ? Désolé ! Je ne voulais pas le perdre...  Je croyais qu'on devait garder espoir ! On s'était dit ensemble qu'on devait ne pas baisser les bras !

-Ah, parce que tu crois qu'on est ensemble, là ? Lâcha Angélique, reprenant ses émotions, Maintenant c'est trop tard, il va falloir que tu assumes tes actes.

La jeune femme se retourna vers la route, les lèvres pincées, décidée à ne plus parler à son mari pendant le reste du trajet. Elle bouillonnait à l'intérieur de son corps, avec une envie de serrer fort le cou de son mari jusqu'à ce qu'il meure. Mais elle devait se retenir, elle avait déjà ôté trop de vies. Il fallait que ça cesse. Elle souhaitait s'arrêter de conduite, se cacher dans un endroit où personne ne pouvait la voir ou l'entendre, pour qu'elle puisse crier, voire même pleurer. Se défouler pour oublier. Lorsqu'ils arriveraient à destination, elle chercherait tout de suite une bouteille d'alcool, histoire de se remettre les idées en place. 

-Je vais les réveiller, murmura Thomas pour détendre l'atmosphère.

-Hum. On est arrivé, dit-elle sept minutes plus tard.

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant