78. Prisonniers à leur tour

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-Oscar, reste ici, il va falloir que je trouve la clé de la cellule. Océane, tu sais où elle est ? 

-Elles sont juste ici, dans l'armoire à balles. 

Robert se tourna vers le meuble en bois et l'ouvrit, faisant face à des dizaines et dizaines de boîtes en carton de balles de toute sorte. Sauf les clés n'étaient pas là, il n'y avait la moindre trace de ça ici. Il se tourna alors vers Océane, qui avait l'air aussi déboussolée qui lui. Plus loin, les camions continuaient de klaxonner. 

-Je sais ! S'exclama Océane. C'est Alix ! Regarde sur la poutre !

-Laquelle ? Se demanda Robert en regardant tous les morceaux de bois du plafond. Il y en a des dizaines !

-Fouille ! Allez, ils vont revenir ! 

Robert se dépêcha de prendre une chaise, puis monta dessus pour fouiller toutes les poutres, passant sa main dessus sans rien trouver. Océane lui indiqua la zone qu'elle pensait où se trouverait la clé, tandis qu'Oscar montait pour vérifiait ce que faisaient les camions. Il se posa contre le rebord d'une des fenêtres et vit les gros véhicules éloigner tous les morts des horizons. 

Ils attirent les monstres plus loin, expliqua Oscar aux deux autres. 

-Peut-être que si je te délibère, on pourra se faufiler avec eux et passer inaperçu. 

-Comment ça, se faufiler avec eux ? C'est pour ça que t'es recouvert de boyaux ? 

-Oui.

-Ce sont des organes de charognes, que tu portes là ? 

Robert ne répondit pas et continua à chercher, de plus en plus en stress. Il fouilla partout, passant la main dans tous les recoins. Il trouvait beaucoup de poussières et de choses étranges, plus haut, mais pas de clé. Ce fut évidemment lorsqu'il chercha à la dernière qu'il trouva le petit objet doré et l'inséra dans la serrure. 

-Juste avant que je te fasse sortir d'ici, murmura Robert. Je décide, je fixe les règles. Tu ne fais rien de stupide et tu stoppes d'appliquer tes lois. N'oublie pas qu'on t'a sauvé la vie, alors ne nous plante pas de couteau dans le dos. 

-Non mais tu crois que je suis quoi ? Un monstre ? 

-Une meurtrière. Et je ne le crois pas, je le sais. 


Les trois se mirent à sortir, tous couverts de sang mordeur après en avoir tué un et dépecé dans le salon de la maison. Ils se faufilèrent parmi les morts restants et marchèrent avec eux, côte à côté vers les klaxons qui ne s'étaient pas arrêtés. Il n'y avait pas beaucoup de monstres, près d'eux, donc ils ne pouvaient pas se camoufler correctement. 

-Qu'est-ce qu'on fait s'ils nous repèrent ? 

-On se rend, répondit calmement. 

-Et si ils nous exécutait juste après, on se rendrait toujours ?

-De toute manière, si on se fait voir, on est mort. Alors arrête de parler et continue d'avancer. 

-On peut choper des armes dans l'armurerie, continua de murmurer Océane alors que les morts se déplaçaient à quelques mètres d'eux. 

Pour la faire taire, Robert la regarda sévèrement. Les trois continuaient de marcher sans bruit, sauf Oscar qui lâchait quelques larmes de peur. Un enfant si petit ne devrait pas faire ça, tout le monde le savait, mais pour survivre, il fallait qu'il soit fort, désormais. Plus ils avançaient, plus les trois amis se rendaient compte que trois camions s'étaient placés tactiquement autour de la communauté. Des hommes sortaient et commençaient à fouiller. 

Oscar avait du mal à respirer. Alors il ferma les yeux, mais n'arrivait plus à avancer. Alors Robert le tira par la main, en vain. 

-Je ne veux plus, pleura t-il. C'est trop dur. 

-Vite, les mordeurs se dispersent et on va être seul. 

-C'est mieux... On arrête, maintenant. 

Sans bruit, Robert et Océane s'avancèrent rejoindre les mordeurs, obligeant le petit à les suivre. Alors qu'ils commençaient à avoir un bon rythme, une voix menaçante s'abattit sur eux :

-Arrêtez-vous. Maintenant. 

Mais plutôt que de l'écouter, Robert mima les morts et grogna comme eux. Océane continuait de marcher en imitant à la perfection ceux qui les entourait, sauf Oscar qui s'arrêta une fois de plus. Sans prévenir personne, l'homme derrière eux tira et fit retourner à l'occasion Océane. Robert savait où la balle tirée était partie, alors il s'écroula sur le sol et pressant l'endroit où il était blessé. Du sang coulait de sur sa jambe droite, là où la balle était entrée.

 -Maintenant suivez-moi, obligea l'homme en s'éloignant des klaxons. 

-Où est-ce que vous nous emmenez ? Demanda Océane en aidant Robert à se lever. 

-Ici, c'est moi qui pose les questions, et vous y répondez. 

Oscar se tourna vers les camions klaxonnant et remarqua qu'une dizaine de mordeurs les avaient repéré. Il avertit alors tout le monde qu'il fallait se dépêcher, au risque de se faire mordre. Alors l'homme qui avait tiré dans la jambe de Robert se dépêcha de prendre le bras ridé du vieillard pour le tirer sauvagement vers un des camions. 

-Doucement, vous allez lui faire mal ! Hurla Océane. 

-Vous voyez bien qu'on nous talonne, alors soit il se fait bouffer, soit il rentre avec nous. 

Oscar courut alors vers le camion, suivi par le chrétien. Robert escalada difficilement la remorque, mais à l'aide d'Océane, il y pénétra en une dizaine de secondes minimum. Deux mordeurs s'étaient placé juste devant, prêts à mordre, mais Oscar les tua en deux coups de couteaux. 

-NON, NE LES TUEZ PAS ! Hurla alors l'homme. 

-C'est eux ou nous, défendit Océane. Qu'est-ce que vous croyez, qu'on allait les laisser nous bouffer ? 

-On ne les tue pas. 

-Ils sont déjà morts, alors on ne les tue pas, on les sauve. 

-Vous changerez d'avis très prochainement, lorsque je vous présenterai à Saint A. 

-C'est qui, ce bonhomme ? S'intéressa Robert en pressant sa plaie. 

Le chrétien se leva et sortit une petite croix de Jésus avec une lame très fine. Il pointa son arme sur le visage de Robert, qui se recroquevilla sur lui-même, apeuré. 

-Ici, vous ne posez pas les questions. 

Les portes de la remorque se refermèrent et ils plongèrent tous dans la pénombre. Soudain, le camion dans lequel ils étaient se mit à rouler pour fuir cet endroit. Tous avaient peur, sauf bien sûr celui qui les avait recueilli. Robert savait très bien à présent que ces gens-là ne leur voulaient pas du bien, au contraire. Il avait peur de la suite. Il en avait marre de trembler pour tout ce qu'il vivait. Il redoutait son costume de sang, sa traversée dans la communauté remplie de morts, Océane dans la prison. Il tremblait à chaque secondes de sa vie, désormais. Il se rendait compte qu'il avait peur de vivre, tout simplement. Et il ne voulait pas ça. Désormais, c'était soit il mettait fin à sa vie de souffrance, soit il mettait fin aux vies de ceux qui se mettaient en travers de son chemin. Et jamais il ne tuerait. 

-Au fait, je m'appelle T. 

-Vous nous voulez du mal, n'est-ce pas ? 

-Nous cherchons à accepter le destin que Dieu nous a confronté.

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant