57. Frigorifique

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-De quoi veux-tu parler, Antoine ? Demanda Océane en se levant et en se recoiffant.

-De tas de choses. Tout d'abord, j'aimerais qu'on pense sérieusement à la punition qu'aura Ethan après avoir tué un homme hier. Le mettre derrière les barreaux, c'est trop simple.

-J'ai déjà réfléchi, et je sais quoi faire pour. Et toi, tu as une idée ?

-Non, mais je veux qu'il regrette ce qu'il a fait. C'est un policier, il est censé faire régner ordre et sécurité au sein de la communauté, pas les contrefaire.

-Je sais, mais ne t'inquiète pas, tout sera rentré dans l'ordre dans quelques jours. Veux-tu me parler d'autre chose ?

-Oui. J'aimerais que vous dites à tout le monde que ma famille est innocente et qu'elle n'a fait aucune victime. Elle vient d'arriver, à la recherche de sécurité, et au lieu de ça, elle est évitée comme un monstre.

-J'y remédiais, mais... es-tu sûr qu'ils sont innocents ? Rien ne me prouve qu'ils n'ont pas tué nos policiers. Peut-être qu'ils vont essayer de faire un coup d'état. Si c'est le cas, je les attends de pieds fermes, je suis prête.

-Ce n'est pas le cas, annonça Antoine en relevant la tête. Ma famille est humaine avant tout. Nous n'avons pas tous été d'accord, il y a eu des moments sombres, des morceaux durs à recoller, mais nous restons ensemble, parce qu'on s'aime.

Océane hocha la tête, s'observant dans le miroir. Elle paraissait impeccable, comme d'habitude, avec ses chaussures rouges. Lorsqu'elle se retourna vers l'adolescent, elle eut un malin sourire.

-Tu es surtout venu pour me parler des "Menaces", c'est bien cela ?

-Oui. A vrai dire, je pense que que ce sont ces gens qui nous harcèlent depuis des jours qui tuent nos amis un par un.

-Non, coupa fermement la cheffe. Celui qui tue mes habitants n'est autre qu'un de mes habitants, et j'en suis certaine. Ce dont j'hésite, c'est le nombre de tueur dans cette cité. Peut-être deux. Ou trois. Si ça se trouve il est tout seul.

-Comment le meurtrier tue ses victimes ?

-Il s'empare d'elles pendant la nuit, discrètement, il les emmène vers le porche, et les ligote. Puis il les tue en silence en l'étranglant. Personne ne peut voir ce qu'il fait. Personne ne l'entend non plus. A vingt-quatre heures, cette nuit, une troupe de soldats vérifieront les alentours. C'est à ce moment précis que nous pensons que le meurtrier tue.

-Je vois. Merci pour votre temps.

-De rien, je n'ai que à faire.

-Ça ne vous ennuie pas de rester toujours cloîtrée dans cette pièce ?

-J'aime travailler. Ça me permet de rester en contact avec l'ancien monde. C'est peut-être stupide, comme ça, mais ça m'aide et c'est très important pour moi. 

-J'ai autre chose. J'aimerais qu'on apprenne à tous les habitants comment tirer. Moi-même, je ne sais pas comment faire et je pense que tôt ou tard on aura besoin de savoir. 

-Je ne suis pas pour, mais si jamais tu veux t'entraîner, sors de cette communauté et tire autre part. Je ne veux pas voir d'armes en main dans cette place. Les charognes ne viendront pas si tôt, si c'est de ça dont tu es effrayé. 

-Ce ne sont pas des morts, dont j'ai peur. Mais des menaces qu'on reçoit toutes les nuits. Il faut qu'on puisse les stopper le moment venu, et j'ai bien peur qu'il faudra passer à la violence. 

-La violence ne résout rien, tu devrais le savoir. Ethan l'a comprit, à présent. 

-C'est ce qu'on verra, lâcha l'adolescent en quittant la pièce. 

Il sortit de la maison, puis resta dehors un long moment, méditant sur ce qui se passerait dans les prochains jours à venir. Il se réchauffa les mains et salua un passant qui baissa le regard, comme ils le faisaient tous maintenant. Contrarié, il s'avança dans la rue principale et vit Barbara, la femme que sa famille avait recueilli, avancer difficilement. Tout le monde ayant peur d'elle, personne n'allait la voir pour lui demander pourquoi elle souffrait tant dans sa façon de marcher. 

Antoine accourut vers elle, et sans dire un mot, il l'aida à marcher vers la maison. La femme le regardait comme un remerciement, puis continua d'avancer en claquant des dents. Sa peau était dure et froide comme la pierre, ses lèvres violettes et sa peau blanche comme la neige. Ses cheveux et ses vêtements étaient gelés, et tremblait de froid comme elle ne l'avait jamais fait auparavant. 

Une fois entrés tous les deux dans la maison, Antoine déposa Barbara sur le canapé du salon, et lui posa une couette sur le corps. Elle continuait de grelotter sur les coussins, n'ayant même pas la force de lever ses bras. Oscar arriva en courant, puis s'approcha de son amie. Il s'accroupit à côté d'elle, et lui fit un long bisou sur le front chaleureux et la câlinant. 

-Je vais t'allumer un feu, fit le garçon tandis qu'Antoine ramenait des vêtements secs et chauds. 

Oscar s'approcha de la cheminée juste à côté, et fit ce qu'il avait dit, en mettant des bouts de bois dans l'âtre. Barbara lâcha un gémissement de plaisir. 

-Je suis désolé pour Tim, s'excusa le petit en caressant la joue de son amie avec ses petites mains. Je l'aimais beaucoup. Mais tu vas voir, ici, papa m'a dit qu'on sera tous heureux pendant des années loin des monstres. On va vivre comme avant. 

-Pousse-toi, Oscar ! Hurla Antoine en déposant les nouvelles affaires de Barbara. Va couler un bain chaud. Elle a toujours trop froid. 

Le petit partit, tandis qu'Antoine se rapprocha de l'inconnue qui habitait chez lui. 

-Je t'ai mis de l'eau chaude sur un gant, expliqua Antoine en le posant sur le front de la blessée. Bon sang, qu'est-ce que tu es partie faire dehors par un temps pareil ? 

Barbara n'avait pas la force de répondre, ni de bouger la tête, elle voulait juste dormir. 

-Je ne te connais pas, tu ne me connais pas, et pourtant, on habite dans la même maison et tout suppose à croire qu'on se voit depuis des années. Il va falloir qu'on s'apprenne, tout les deux. C'est pas que je ne te fais pas confiance, mais je veux savoir qui tu es, d'où tu viens. Tu m'as l'air d'être une femme avec un sacré caractère, vu le coup que tu nous as fait à la grille, mais ne recommence pas. Les soldats ici sont très secs, sauf mon ami Paco qui sait à peine tenir une mitraillette. Tu peux te faire virer d'une minute à l'autre. 

-C'est quoi... la "Menace" ? Parvint à articuler Barbara. 

-Le bain est prêt ! Annonça Oscar. 

-Allez, je vais t'aider à y aller, fit Antoine en détournant clairement le sujet de la conversation.

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant