53. Adaptation

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Une semaine s'était déroulée. Leur arrivée dans la nouvelle communauté a été difficile au début, les gens ayant du mal à voir de si piteux survivants atterrir dans le même endroit de vie qu'eux. Mais plus les jours passaient, plus la population s'habituait à voir la famille Wilson. Ils avaient tous pris leurs bonnes vieilles habitudes d'avant l'apocalypse, dans une belle et grande maison qu'ils se partageaient. Antoine était heureux de revoir le reste de sa famille, il était si euphorique que tous ses pas étaient si légers qu'on aurait cru qu'il volait. Malheureusement, la vie n'était pas aussi rose pour tout le monde, puisqu'il y avait toujours un problème. Un problème qui continuait d'effrayer les gens, qui avait du mal à reprendre ses mœurs. Ce problème était Barbara. En effet, cette dernière, qui vivait sous le même toit que ses amis, était la seule qui avait gardé son comportement d'aventurière et ses manières sauvages. Elle n'avait pas pris goût au retour de l'électricité, ni de l'eau chaude dans le bain. Elle détestait même se sentir propre.

Un matin, Angélique se leva, peignoir blanc sur le corps, et se décida à faire chauffer du bacon avec des œufs sur la magnifique plaque de cuisson dans sa nouvelle cuisine. Antoine et Alix se réveillèrent à leur tour, puis Thomas, fatigué comme s'il n'avait pas dormi depuis des jours, déambula dans le salon, puis s'assit sur une des chaises, mou comme du beurre.

-Tout va bien ? S'inquiéta Angélique.

-Non, pas vraiment.

-Dis-moi.

-Je suis stupide.

-Tu n'es pas content d'être ici ? Tu es triste d'avoir retrouvé Antoine ? Demanda-t-elle ironiquement. Tu devrais sourire de toutes tes dents.

-Je suis un mauvais mari, Angie. Et un mauvais père, et ne me dis pas le contraire, tu me l'as affirmé dans cette voiture.

-J'étais énervé, ce jour-là. Je sais que c'est dur, mais maintenant qu'on a retrouvé notre fils, on peut repartir de zéro et vivre comme si rien n'était arrivé.

-Mais tu sais que ce truc, c'est temporaire. Ces murs ne feront jamais l'affaire, face à eux. Ils ont réussi à s'emparer du manoir de ta mère, il vont facilement réussir à détruire ces fines grilles de métal. Ce jour-là, il faut qu'on soit prêt.

-Tu es toujours à guetter le danger comme s'il rôdait toujours parmi nous. Calme-toi. On est en sécurité, ici, autant en profiter.

-Tu as sûrement raison, mentit Thomas, heureux que la querelle entre lui et sa femme soit terminée.

Antoine arriva, les cheveux ébouriffés, comme un adolescent normal n'ayant jamais connu la vie avec les mordeurs. Il salua ses parents d'un geste ensommeillé et mou, puis se laissa tomber sur une chaise.

-Il faudrait commencer à couper tes cheveux, lança Angélique. Ça commence à devenir très touffu.

Thomas pouffa de rire, tandis que leur fils se mit à grogner en guise de réponse. La vie redevenait comme avant, avec des matins calmes et pour certains durs. C'était comme si ils rattrapaient les semaines perdues ensemble.

-Mais où est Oscar ? Demanda Thomas.

Angélique eut un sursaut. La dernière fois qu'elle avait dit cette phrase, elle était dans le manoir de sa mère, et elles avaient trouvé avec Alix le petit garçon en train de rire avec un mordeur. Mais au même moment, des cris d'enfants surgirent de dehors, et tout le monde s'approcha pour voir Oscar jouer au foot avec quelques autres enfants de son âge.

-Ici, on a cinq enfants, explique Antoine. Oscar aura assez d'amis, vous inquiétez pas. Il ne pourra rien lui arriver ici. Cette place est sûre.


Quelques minutes plus tard, Alix s'examina dans le miroir, observant de près tous les contours de son visage. Elle avait changé. Beaucoup changé. Ses traits s'étaient durcis, ses yeux plus fermés et son corps plus maigre. Elle avait l'air toujours terrifiée, près à se battre à tout moment, comme si elle était restée dehors. Mais le pire qu'elle voyait était la peur qu'elle pouvait clairement lire sur son visage constamment. Elle se mit à pleurer, les paumes de mains sur ses yeux, triste de se voir dans cet état mais heureuse de pouvoir enfin se reposer entièrement dans un endroit calme. Elle n'avait pas l'habitude de relâcher toutes ses larmes, elle se sentait faible comme ça. Alors elle respira un grand coup, et décida de se maquiller, de s'habiller correctement et de sortir dans la rue, pour en découvrir un peu plus sur l'endroit où elle allait vivre.

Les gens marchaient comme elle sur les trottoirs, certains la toisant en voyant cette inconnue, d'autres faisaient cuire un barbecue, tandis que de vieilles personnes jouaient aux cartes en riant à plein poumons. C'était comme si tout ce petit monde était une grande famille qui cohabitait ensemble depuis des semaines en tranquillité permanente.

-Salut ! Débarqua une adolescente du même âge qu'Alix en se posant devant elle.

-Hey, salua Alix en continuant son chemin.

Mais l'autre avait l'air de vouloir continuer à parler puisqu'elle se plaça de nouveau vers l'adolescente, les pieds collés au sol, un sourire figé sur son visage.

-Qu'est-ce que tu veux ? S'impatienta Alix.

-T'es la nouvelle, c'est ça ?

Alix commença à s'énerver à l'intérieur d'elle même. Cette fille lui barrait le chemin sans arrêt sans raison, et elle n'avait pas trop apprécié qu'on l'appelle la nouvelle.

-Oui, je suis la nouvelle.

-Tu t'appelles ?

-Alix.

Alors elle continua sa route en évitant encore une fois l'adolescente aux cheveux frisés et aux lunettes roses aussi larges que des balles de tennis. Elle avait l'air ennuyante, et trop nouvelle à ses yeux. Mais alors qu'elle n'avait fait que deux pas, la fille se posta devant elle de nouveau, sourire aux lèvres. 

-Moi, c'est Paula. Je vis ici depuis que ça a commencé, et je suis la seule fille de mon âge, ici. 

-Ça se voit. 

-Hum hum. Euh... Tu vis dehors depuis longtemps ?

-Depuis que ça a commencé. 

-Tu n'es pas très bavarde, comme fille, commenta la nouvelle. 

-Mais je t'emmer...

-Excuse-moi de te bourrer de questions comme ça, mais je suis en manque de social, ces temps-ci. Je voulais parler avec toi parce que j'adore ta façon d'être. Je sais que t'en as bavé pendant tout ce temps à survivre avec tes amis, et d'ailleurs ça s'est vu quand ta copine rousse a disjoncté...

-Elle s'appelle Barbara, et elle n'a pas disjoncté. Nous sommes des survivants, alors on sait de qui se méfier. Et en ce moment je me demande de quelle façon je vais bien pouvoir te faire comprendre que tu m'emmerd...

-Je voulais te dire que je n'ai jamais tué de... "mordeurs", comme tu dis. Ici on appelle ça des charognes, mais, bref, on s'en fiche. Je sais que tu dois être forte pour ça, et étant donné la situation, il faut que tu m'apprennes à me défendre. 

-Comment ça ? Quelle situation ? Demanda Alix les yeux grand ouvert, prête à entendre le pire. 

-Nous sommes menacés. Et ce depuis quelques jours à présent. 

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant