63. Cette journée est la première du reste de notre vie

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Robert, Océane et Thomas sortirent tous les mordeurs de la cave d'Océane. Les trois vivants déposèrent les morts dans le jardin, tous alignés comme morceaux de bois. Fatigués, ils observèrent leur dur labeur. Thomas s'approcha d'un des monstres et lui effleura la lettre gravée sur son front. Il examina ensuite la croix qu'il portait autour du cou, et la prit. Il compara le collier avec celui des autres. 

-Ce sont tous les mêmes. Tous ces mordeurs proviennent du même endroit. 

-Mordeurs ? Répéta Océane avec dégoût. Ici, c'est charogne. 

-Chacun sa façon de dire les choses, je suppose, essaya de calmer Robert. Bon, mettons-nous au boulot avant que tout le monde ne voie ce que l'on fait. 

Il y avait 30 mordeurs, plus un qui venait d'être trouvé ce matin. Puisqu'il ne restait plus que deux jours avant que la croix soit à l'envers, il restait donc deux mordeurs pour compléter le puzzle. Mais Thomas, Océane et Robert s'en fichaient, ils trouveraient quand même la solution. Ils prirent trois heures pour déchiffrer le code, une matinée entière pour finalement trouver une petite phrase qui leur glaçait le sang. Les rôdeurs étaient à la fin correctement alignés, côte à côte, formant donc si on lisait une par une la lettre sur leur front : 

"La clé est la résurrection, Dieu restera"

Il manquait le "R" et le "A" car ils viendraient sûrement dans les deux jours qui suivront, mais ils avaient clairement trouvé la réponse aux Menaces. Robert s'avança vers eux, et fronça les sourcils : 

-Qui sont les barbares derrière tout ça ? Nous veulent-ils du mal ou est-ce donc pour nous protéger ? 

-Nous le saurons dans deux jours, confirma Océane. Si nos calculs sont bons, on devrait être prêt pour affronter ces gens. Robert, merci pour votre aide. 

-Il n'y a pas de quoi, voyons, ça m'occupe. D'ailleurs, votre grille-pain et réparé et votre vase est presque terminé. Il ne me reste que quelques morceaux et il sera comme neuf. Enfin presque. 

Il se mit à rire, puis s'en alla. 

-Merci à toi aussi, Thomas. 

-Je ne compte pas m'en aller maintenant. Que comptez-vous faire ? 

-Mettre en sécurité ces gens. Et inspecter les alentours. Les croix sont partout... sous forme de collier ou accrochées aux murs. Je dois envoyer des soldats surveiller les églises. Il ne m'en reste plus que trois. 

-Il faut que la population sache tirer. Moi-même, je ne sais pas comment faire. Si nous sommes encerclés par des mordeurs...

-Charognes. Ici, c'est charognes. 

-Si on est encerclé par des charognes, ce n'est pas un simple couteau qui fera l'affaire. Ou même si ceux qui nous menacent arrivent pour faire un génocide, on doit savoir tirer. Point barre. 

-Je refuse de céder à ces propos. Vous avez des méthodes pour survivre, mais ici, on est dans MA communauté. Alors ce sont mes règles, mes lois. Je ne veux pas voir d'armes ici dans les mains des miens. Est-ce bien clair ?

-Je crois que vous ne pigez pas l'ampleur du problème. Vous n'êtes plus en position de force, Océane. Je peux vous faire sautez à tout moment. J'ai la clé du pouvoir, je peux vous manipuler, faire ce que je veux de vous. J'ai des secrets qui ne devraient pas être révélés au grand public, mais... on me dit souvent que je n'arrive pas à contenir certaines choses. Alors maintenant, on va appeler les morts des mordeurs. Les armes seront légales et on va faire apprendre à tout le monde comment tirer, pour leur survie. Et je serais aux commandes de cette ville. 

-Va te faire foutre, Thomas ! Toi et ta famille va te foutre ! Virez de chez moi ! VIREZ DE MA COMMUNAUTÉ ! 

-C'est donc votre dernier choix. 

Thomas hocha la tête face à une Océane excédée. Alors l'homme sortit du jardin, et hurla de la plus forte voix qu'il pouvait : 

-OCÉANE EST LA TUEUSE ! C'EST OCÉANE QUI TUAIT CES POLICIERS ! LA MEURTRIÈRE EST LA CHEFFE ! METTEZ-LA DERRIÈRE LES BARREAUX !

Les habitants se mirent d'abord à froncer les sourcils, puis tous ceux qui étaient dans le rue se dépêchèrent de rentrer de force dans le jardin de la cheffe. Ils se ruèrent sans exception chez elle, et à peine quelques minutes plus tard, elle avait pris la place de Barbara et d'Ethan. Elle jurait sur tout ceux qui la portait, Thomas plus particulièrement. Mais au moins, tout le monde sera tranquille. 

-A partir de maintenant, cette ville sera une démocratie, annonça Thomas sur un piédestal. Personne ne sera aux commandes, et le pouvoir est entre les mains du peuple. Nous sommes le peuple, et nous allons chacun contribuer à cette communauté. Nous savons tous que dans deux jours, la croix qui est sur le mur blanc, là-bas sera complètement à l'envers et nous allons devoir nous préparer, se battre pour notre futur et celui de cette ville ! C'est pour cette raison que des cours de tirs seront disposés pour tout le monde à chaque heure de la journée pour être prêt au maximum. Robert, qui est l'ouvrier de la ville, aimerait que l'on renforce les murs, améliore le portail. Cette journée est la première du restant de notre vie. Bonne journée, et n'oubliez pas. Le danger approche et il faut qu'on soit prêt pour l'affronter. 

Après ces belles paroles, Thomas descendit et fut acclamé par tout le monde. Quelques minutes après, Barbara avait installé des cours de tirs, Robert, avec quelques morceaux de bois, renforçaient la barrière, et d'autres personnes s'occupaient d'embellir la ville. C'était devenu une belle communauté soudée et, à la fin de la journée, les vingt habitants restants admirèrent leurs travaux. Ils se mirent tous à dormir, armes à feu sur leurs tables de chevet, prêts à se battre. 


-Tu as eu une belle journée aujourd'hui, mon chéri, murmura Angélique en se couchant sous les draps. Tu les as tous convaincu, j'en suis très fière. Mais es-tu convaincu, toi ? 

-Bien sûr, que je le suis. Océane n'était pas faite pour diriger autant de personnes. Il fallait que ça change, on ne pouvait rester aussi endormi face à ce monde. Je sais que si tout le monde se donne à cœur joie, on va s'en sortir. 

-Ce ne sont pas deux journées de cours de tirs qui vont nous faire faire pros de la gâchette, tu le sais bien. Et trois morceaux de bois accrochés à la clôture ne nous garantit pas la sécurité.

-Tu es en train de me dire que ce qu'on a fait aujourd'hui est inutile ? Demanda calmement l'homme. 

-On ne sait pas qui est derrière tout ça. Ils sont peut-être une centaine à vouloir notre mort. Peut-être même qu'ils ne nous veulent aucun mal. 

-Réfléchis, Angélique. Les mordeurs qu'ils nous envoient, la croix qui tourne sur elle-même de jour en jour. Ce n'est pas bon signe du tout. Bon allez, bonne nuit. Notre travail n'est pas terminé. 

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant