Face aux Portes de la Mort ( TWD )

54. Un meurtrier parmi nous

Le lendemain matin, Océane, la cheffe de la communauté passa en revue les vidéos qu'elle avait prise des nouveaux arrivants hier soir. Elle les avait tous les cinq filmés, dans sa propre maison, pour ensuite les observer de près dans leur regard. Elle saurait s'ils seraient donc dignes de confiance. Elle alluma son appareil photo, puis visionna la première vidéo, celle de Thomas. 

-Nous avons voyagé pendant un bon bout de temps sur la route, déclarait celui-ci. On a tout d'abord fuit notre ville natale et on l'a vu se faire désintégrer devant nos yeux. Les flammes étaient partout, on a eut du mal à nous en remettre. On s'est fait attaquer par des mordeurs sur la route où on était stationné. 

-C'est là qu'on est arrivé, mon frère et moi, avait dit Barbara sur sa vidéo. On les a sauvé in-extremis, et on est parti vers le manoir de la mère d'Angélique. Ça nous avait pris du temps, la route, mais on a réussi à arriver à destination. C'était sombre et froid, là-bas. Il régnait une terreur constante, et on sentait que tout ce qui trouvait dans l'enceinte de ce château était mort depuis bien longtemps. 

-Ma mère a été retrouvée, mais elle était morte, avait décrit Angélique sur sa vidéo. On a eu du mal à l'accepter pendant un long moment. Alors on a fini par quitter cet endroit de malheur pour retourner vers le camp de militaire. Cette communauté avait été au début notre première destination, mais je refusais d'y aller avant d'avoir retrouvé ma mère. 

-Après toutes ces péripéties, continua Alix sur sa vidéo. On a fait le chemin inverse. Mais l'une de nos voitures s'est coincée dans une grande flaque de boue, et on a commencé à se battre dedans, en espérant que les mordeurs qui nous attaquaient tombent dedans. Mais ce ne sont pas eux qui se sont enfoncé en premier. 

-C'est ici que mon frère est mort, avait continué Barbara sur sa vidéo. Il s'était fait mordre et son sang coulait de partout. On s'est dépêché de venir vous rejoindre pour trouver un remède mais il est mort avant. On a trouvé un bel endroit où il pouvait reposer en paix, puis on est venu vous voir. 

-Je me suis senti super content quand je suis arrivé là, avait annoncé Oscar dans sa vidéocassette. Je savais que quand je rentrerai chez vous, les morts ne seront plus là et je pourrais enfin vivre comme avant avec mon frère. Il me manquait beaucoup, d'ailleurs... S'il vous plaît, ne punissez pas Barbara pour ce qu'elle a fait, avant d'entrer pour la première fois ici. Elle est triste, son frère est mort et c'était la seule personne en vie qu'elle aimait pour de vrai. Tim, il était... très gentil, il m'a sauvé la vie, une fois, dans la voiture où j'étais coincé. C'était un héros, même si il avait du mal à l'avouer. C'était un héros, et il est mort avant d'avoir pu le prouver au monde entier. 

Océane referma l'appareil photo, heureuse de voir que les survivants qu'elle avait accueilli avait gardé leurs sentiments humains et leur similarités à une famille unie coûte que coûte. Elle soupira, fatiguée, puis plongea dans son confortable fauteuil, pensant à la prochaine menace où elle sera confrontée. Soudain, quelqu'un toqua. Elle ouvrit la porte d'entrée et accueillit Barbara, resplendissante dans ses nouveaux vêtements. 

-Ouah, vous êtes magnifique ! S'exclama Océane. 

-Merci, c'est gentil. J'ai réussi à en trouver à ma taille, blagua Barbara. 

-Ne dîtes pas ça. Bon, que me voulez-vous ? 

-J'ai une question. 

-Oui, dîtes-moi laquelle. 

-Hier soir, je vous avais dit que mon frère était mort juste avant d'avoir atteint les grilles de cet endroit. Vous pensez qu'il aurait...

-Non, répondit simplement Océane avec un sourire triste. Même si votre frère aurait franchi ces portes, il n'aurait pas pu être soigné. Vous avez peut-être passé des semaines dehors, mais vous n'avez rien raté sur l'actualité : il n'y a pas d'antidote face aux morsures. La seule chose que vous auriez pu faire aurait été de lui couper le membre touché. 

Barbara regarda avec horreur le visage d'Océane, comme si son nez venait de tripler de volume. Elle s'agrippa au mur pour éviter de tomber, puis se déplaça maladroitement vers la porte de sortie, puis partit au loin dans la rue, sans que la cheffe ne puisse faire quoi que se soit pour essayer de comprendre ce qui se passait dans sa tête.  

Barbara avait une fureur irréparable au fond d'elle. Elle aurait pu couper le bras de Tim avant que sa morsure n'infecte tout son petit corps. Elle aurait pu éviter qu'il meure. Mais elle ne l'avait pas fait. Si seulement... Il aurait été encore auprès d'elle, à lui parler comme un enfant qu'elle aurait bercé. Il fallait qu'elle casse quelque chose pour se détendre. 

Océane sortit de chez elle pour essayer de retrouver Barbara pour savoir ce qui trottait dans sa tête, mais l'un des habitants de la communauté s'approcha d'elle paniqué, en lui criant dessus. 

-Que se passe t-il, Robert ? Demanda la cheffe au vieillard qui l'abordait.

-Quelque chose de grave s'est passé cette nuit ! Quelqu'un est mort. 

-Une nouvelle menace ? 

-Non, d'après mes analyses, ce ne sont pas des traces ennemies, mais plutôt un traître entre ces murs. Vite, madame, allez voir ça tout de suite. 

Les deux se hâtèrent d'aller voir le mort, qui était situé sous un porche d'une maison, tout près des grilles. Cinq autres habitants s'étaient attroupés autour d'un cadavre qui pourrissaient ici depuis au moins dix heures. La cheffe s'accroupit près du mort, puis le retourna sans crainte qu'il se réveille.

-Le tueur lui a touché la tête, il ne s'est pas transformé. 

-Qu'en pensez vous, madame ? Demanda Robert. 

-Celui qui a fait ça avait des intentions personnelles, il ne voulait pas tous nous tuer. Dans le cas contraire, il ne l'aurait pas achevé entièrement et il l'aurait laissé se réveiller pour qu'il fasse le boulot à sa place. 

-C'est Sammy, le policier de la ville, remarqua Robert en regardant tristement le cadavre. 

-Heureusement, il en reste encore deux, des policiers, fit Océane en partant d'un pas rapide, le regard en flammes.