43. Entre mère et fille

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Le vieux corps se retourna lentement, montrant une face ridée, la peau morte et les cheveux gris d'une vieille femme, ayant été transformée depuis quelques jours. Elle portait d'élégants vêtements, et sur l'un de ses pieds une chaussure à talons hauts, qui la faisait marcher de façon bancale. 

Nicole s'avança, le pas lourd, vers sa fille. Elle ne pouvait plus penser, car la seule chose qu'elle savait à présent était qu'une nouvelle proie venait d'apparaître devant ses yeux. Ses yeux s'étaient éclaircies, et lorsque la vieille femme grognait surhumainement, on pouvait remarquer que sa gencive avait pourri et qu'elle était devenue noirâtre. Ses jambes avaient l'air aussi molle que de la pâte à mâcher, et sa mâchoire devenait mal emboîtée.

En la voyant ainsi, Angélique prit du temps à digérer la nouvelle. Elle lâcha d'abord le vase qu'elle tenait, qui se brisa en des milliers de morceaux qui s'étalèrent partout autour d'elle. Ensuite, elle plaça ses deux mains devant sa bouche et tomba sur le sol, genoux en avant, la face déformée par la tristesse qu'elle exprimait. Elle ne pouvait fermer les yeux devant sa mère, pétrifiée devant celle qui l'avait éduqué.

Elle n'avait jamais désespérée. Elle l'avait toujours cru en vie, qu'elle s'était enfuie et qu'elle avait réussie à s'échapper de la horde de mordeurs qui s'était déferlée chez elle. Malheureusement, depuis ce moment-ci, tous ses espoirs s'étaient envolés dans l'air, et venait de détruire une bonne partie du cœur d'Angélique.

La jeune femme ressassait dans son esprit tous les bons moments passés avec sa mère. Les soirs d'été, assise ensemble dans le jardin, les Noëls de famille, ou encore les pique-niques dans les bois juste à côté la faisait pleurer encore plus. Les larmes inondaient ses joues claires, et ses yeux rougissaient sous l'effet, ce qui lui donnait un aspect presque aussi épouvantable que Nicole.

Elle ne pouvait pas tuer sa mère, elle n'en n'avait pas le courage. La seule personne qu'elle avait tué était quelques jours auparavant, dans un accident. Mais elle ne pouvait pas en commettre un deuxième face à Nicole. C'était ce genre de chose dont elle savait qu'elle ne serait jamais capable de faire. Tuer pour sa survie n'était désormais quelque chose qu'elle se promit de ne plus faire. Alors la femme laissa sa mère s'avancer vers elle, ses grognements de plus en plus proches.

Plus qu'une dizaine de mètres et elle se ferait dévorer.

Thomas, Barbara, Tim, Alix et Oscar vinrent silencieusement, regardant la scène qui se déroulait juste devant eux. Le petit garçon hurla, et se réfugia dans les bras que sa sœur lui tendait. Alix, essayant de contenir la force en elle, ne pu résister à la tentation de pleurer. Barbara et Tim faisaient face à la morte qui s'avançait lentement, oubliant que sa fille figurait dans son menu. Les cinq membres étaient alignés, tous observaient la vieille, choqués. Apprendre que la personne dont ils avaient consacrés des jours entiers pour sa recherche venait d'être retrouvé morte leur contractaient le cœur. Ils avaient passé des heures à voyager pour arriver dans ce manoir, risqués leurs vies pour tuer les morts qui le remplissaient et passé des jours à la rechercher. La voir dans cet était leur donnait l'impression d'avoir échoué, d'avoir tué indirectement la vie de cette innocente vieille femme. Ils savaient qu'ils venaient de perdre la partie.

La bouche ouverte, poussant de petits sanglots, Angélique ne détachait pas son regard de sa mère, toujours en train de marcher de plus en plus rapidement, les grognements qui s'intensifiaient. Sa fille savait que ce n'était pas elle, mais elle ne pouvait s'empêcher d'être terrorisée devant le regard d'animal qui lui jetait Nicole. Ses mains recourbées comme des griffes, la mâchoire prête à dévorer et ses grognements forts et brutaux lui montraient que ce n'était plus qu'une morte parmi tant d'autre sur cette Terre.

N'ayant plus le choix, Thomas s'avança, sortit avec un revolver qu'Alix lui avait donné, puis le leva sur la tête de la grand-mère, à présent à quelques mètres de lui. Il attendit un long moment avant de tirer, observant une dernière fois les traits de la doyenne, essayant de les apprendre par cœur pour ne pas les oublier. Il devait l'éliminer pour sauver sa femme, ses enfants et ses amis. Sa respiration devenait rapide, elle s'accélérait plus le temps passait. Puis, après un long moment pour repousser le moment tant attendu, il tira. 

Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant