Barbara marchait dans la rue, sans se soucier des regards qui traînaient sur elle. Elle en avait rien à faire, de ce qu'on pouvait penser d'elle, ça ne lui laissait aucun problème. On pouvait l'insulter, parler derrière elle ou la prendre pour une tueuse en série, elle aurait toujours la chance de rester dans ce lieu sûr. Depuis son entrée ici, elle se sentait fraîche, neuve. Bien sûr, le deuil de son frère restait gravé en elle, mais elle savait qu'elle ne perdrait plus personne avant un bon moment, ici. La grosse femme rousse se déplaça vers l'entrée, et s'adressa à l'un des gardes.
-Hé ! Toi là-haut !
-Qu'est-ce qui y a ? Demanda l'homme en se tournant vers elle.
-Je peux sortir quelques heures ?
-Tu vas faire quoi ?
-Je pars en ravitaillement, aujourd'hui. C'est dans un centre commercial, pas loin de là. J'aimerais le voir de plus près avant d'emmener tout le monde là-bas. Histoire d'être sûre qu'il n'est pas envahi.
-Prends la voiture garée juste à côté. Ouais, la rouge, indique t-il en balançant les clés. Te fais pas mordre, et ramène-nous la voiture.
-Je peux prendre une arme ?
-Sûrement pas, après le coup que tu nous as fait il y a deux jours... Et puis, c'est juste pour voir, non ? Tu n'auras pas besoin d'armes qui tu restes dans ta bagnole.
Fière d'avoir berné le garde mais furieuse d'être désarmée, Barbara s'empara de la voiture, et sortit calmement de la communauté, tandis que le grand portail qui avait été ouvert venait de refermer ses portes.
Elle roula pendant de longues minutes, puis s'arrêta sur la route surplombée de feuilles mortes. Elle sortit lentement de la voiture, regardant autour d'elle les arbres nus, puis saisit un pied de biche. Il faisait froid, désormais, et son manteau troué ne la protégeait pas assez. Elle déglingua deux-trois mordeurs qui titubaient non-loin d'elle, et arriva près d'un grand étang où un cercueil flottant reposait. Elle s'approcha de l'eau glaciale, et plongea ses mains dedans pour attraper une corde et tira pour ramener le bateau. Elle entendit quelques grognements derrière elle, mais ils paraissaient assez loin, alors elle ne s'y attarda pas.
Mais alors que le bateau était à un mètre, elle sentit quelque chose qui lui agrippa l'épaule et l'odeur nauséabonde d'une créature. Alors elle roula sur elle même, saisit son pied de biche et frappa violemment sa tête. Elle failli lâcher son arme avant de remarquer une dizaine autres. Alors elle se jeta sur le bateau et atterrit dessus. Ce dernier tanguait affreusement, mais après quelques secondes d'équilibre, elle réussit à le stabiliser et à rester dessus.
La femme jeta un long regard sur les mordeurs qui s'enfonçaient dans l'eau pour la suivre, puis caressa le tissu qui enveloppait le corps de son frère. Avant de l'emballer comme un cadeau pour Noël, elle avait laissé un revolver dans sa poche. Alors elle le déchira, et observa avec dégoût le corps de son frère putréfiée. Il ressemblait à un mordeur, la peau tirée et grise, les lèvres noires et molles, les yeux blancs laiteux. Ce n'était qu'un cadavre de plus dans ce monde de mort, sauf qu'il n'ouvrait pas les yeux.
Barbara saisit l'arme, et la regarda fièrement. Elle avait réussi. Alors elle se tourna de nouveau vers les morts, et, avec la crosse de sa nouvelle arme, elle ratatina tout le monde qui essayait de la faire tomber. Avec son pied de biche, elle essaya ensuite de faire comme si elle les pêchait, en riant comme elle ne l'avait jamais fait.
Mais alors que tout allait bien se passer, elle sentit quelque chose remuer en dessous de la coque, si bien que le bateau se renversa et elle tomba dans l'eau gelée. Le cadavre de Tim coula jusqu'au fin fond de l'eau, et Barbara se retrouva encerclée par des mordeurs s'avançant vers elle en mettant leurs bras en avant pour la dévorer. La jeune femme mit un certain temps à se rendre compte de ce qui venait d'arriver. Lorsqu'elle ouvrit le yeux, elle se dépêcha de saisir son pied de biche et de fracasser les crânes autour d'elle, les mouvements au ralenti. Tous ses membres étant alourdis par l'eau, ses mouvements étaient lents, comme dans les films où le temps devenait moins rapide. Elle en tua deux autres, puis sortit son revolver, où elle en tua deux autres, des bulles d'air s'échappant de l'arme lorsqu'elle tirait.
Manquant d'air, elle refit surface, recrachant l'eau qu'elle avait avalé. Elle secoua la tête, frotta ses yeux, et tâtonna dans le vide un bout du bateau qui lui permettrait de reprendre son souffle. Elle se débarrassa d'un dernier mordeur qui lui tenait la jambe et agrippa à ce qui était le bord de l'eau, sur le sol dur et froid. Elle resta un moment allongée sur la terre, frigorifiée, comme si elle n'avait jamais connu la chaleur. Ses vêtements lui collait à la peau, et ses deux armes s'étaient enfouies sous les feuilles.
La grosse femme se releva, et saisit ses moyens de défense à l'aide de ses doigts de pierre. Elle s'avança alors vers la route où était garée sa voiture, malgré la difficulté qu'elle avait en raison du froid qui lui glaçait les os. Elle prit son corps entre ses bras pour se réchauffer un peu, et slaloma entre les arbres en essayant de se cacher du vent glacial qui lui traversait la peau. Deux mordeurs grognaient à sa droite, l'ayant aperçue. Au lieu de les attaquer comme elle l'aurait fait en temps normal, elle les fuit, pour rejoindre sa voiture.
Elle atteignit la route, ouvrit la portière de la voiture et se réfugia dedans. Les mains des mordeurs rayaient la vitre, et, les mains gelées, Barbara se cacha le visage dans ses mains. Elle avait si froid ! Elle n'arriverait pas à conduire, c'était trop dur. Revoir le visage décomposé de son frère, échapper de si peu à la mort, il fallait qu'elle se défoule, qu'elle laisser échapper ses larmes. Lorsqu'elle rentrerait, elle dirait à tout le monde que le centre commercial est envahi et qu'il ne faudrait pas y aller. Elle ne pouvait pas se permettre de perdre sa vie maintenant. Cela faisait quelques jours qu'elle se demandait si vivre était une bonne raison, mais maintenant, elle avait la réponse. Elle ne voulait pas se laisser tenter à rejoindre son frère. Ce n'était qu'une pourriture, désormais, une pourriture qui continuait de se décomposer au fond d'un étang gelé. Et elle savait à présent que survivre seul en compagnie des morts était automatiquement voué à une mort horrible.
Sans attendre de geler sur place, elle démarra la voiture, et s'en alla, laissant les deux mordeurs qui tapaient sur le véhicule sans proie.
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Face aux Portes de la Mort ( TWD )
Ficção AdolescenteUne épidémie de zombie est survenue sans prévenir. France touchée, monde écroulé, familles déchirées. Il n'y a plus de lois, plus de contraintes, mais surtout plus de vie. Sur une terre peuplée de zombies, la famille Wilson se verra obligée de survi...