Le choix ultime

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-C'est bon, j'arrête de tuer, répliqua Thomas à sa femme en partant. 

-C'est pas le seul problème, répondit-elle en colère. Tu m'as laissé dans le vide. Tu aurais pu m'aider et potentiellement me sauver la vie, mais tu as préféré courir après ce crétin. 

-Je suis désolé, d'accord ?

-Tu crois que ça me suffit ? Tu prétends vouloir le tuer parce qu'il nous voulait du mal, mais... tu m'as laissé en danger. J'allait mourir et tu m'as abandonnée. 

-Je te promets...

-Je me fiche de tes promesses ! S'écria Angélique en se dégageant de l'étreinte de son mari. Bordel, mais qu'est-ce qui va pas, chez toi ? VOUS êtes les mêmes ! Vous abandonneriez tout pour sauver votre peau. 

-Enfin, ma chérie...

-Ne m'appelle pas comme ça, articula lentement la jeune femme. 

Thomas fronça les sourcils et s'éloigna de sa femme, puis s'avança sur le grand balcon qui donnait une vue spectaculaire sur le hall rempli de morts. C'était terminé. Angélique avait beau critiquer Thomas sur ses façons de procéder, elle se sentait soulagée. Plus jamais elle ne vivrait une situation comme elle l'avait vécu. Il ne restait plus qu'à trouver un moyen de sortir d'ici sans se faire mordre. En parlant de morsure, elle se souvint de ce qui était arrivé à Thomas. 

-On doit t'amputer, lâcha Angélique à son mari, inquiète.

-Oui... Trouvons de quoi couper mon bras. 

-Pourquoi tu ne t'es pas arrêté, dans ce couloir ? Je t'appelai.

-Je ne t'avais pas entendu, mentit l'homme en pressant sa blessure. 

Angélique baissa la tête, et se mit à pleurer. Elle repoussa toute tentative d'affection de son mari, préférant se débrouiller seule. Désormais, à chaque fois qu'elle regardait Thomas dans les yeux, elle était prise de dégoût, et une soudaine envie de partir. Elle n'éprouvait plus aucun sentiment amoureux envers lui, juste une faible amitié qui risquait d'être détruite à tout moment par n'importe quoi. Angélique n'oubliait pas toutes ces années vécues ensemble, ni leurs enfants, mais quelque chose s'était brisé entre eux. Quelque chose irréversible. 

Thomas et cette dernière se dirigèrent vers une pièce, mais ne trouvèrent que quelques coffres et bazar inutile. Ils s'avancèrent alors vers une deuxième porte, et la poussèrent ensemble. Ulysse était accroupi ici, tremblotant, dans ce qui ressemblait à un dortoir avec plusieurs lits doubles. Le mari d'Angélique se jeta alors sur l'homme et l'étrangla, sans laisser parler sa victime. Le soumis, étant trop faible par rapport à son agresseur, ne pouvait rien faire et resta immobile sur le sol en pierre, lâchant quelques cris étouffés. 

-Thomas, arrête-toi tout de suite, ordonna Angélique en dégainant son revolver.

Mais ce dernier ne l'écoutait même pas et continuer de presser ses deux mains sur le cou d'Ulysse, à présent rouge comme le sang. 

-Tu ne me laisses pas le choix, continua la femme en chargeant son arme, pleurant. 

Elle leva son revolver et tira, ce qui stoppa net Thomas dans son meurtre. L'homme se retourna lentement vers sa femme, et la regarda avec une expression qu'Angélique n'avait jamais vu. Ulysse pressa ses mains à sa gorge et cracha du sang plus loin. 

-Sors, obligea Angélique au pauvre homme.

L'agressé s'exécuta, et Thomas regarda lentement sa femme fermer la porte pour ensuite les plonger dans la pénombre. Le couple se regarda longuement, une grande froideur dans leurs pupilles noires. C'était comme s'ils ne s'étaient jamais vu, jamais parlé. 

-Tu viens de ruiner vingt ans de mariage, lança tristement Angélique. Tu as réussi... à tuer des dizaines d'hommes et femmes en une nuit.

Elle s'était assise sur une chaise, pointant toujours son arme à feu sur son mari, resté agenouillé sur le sol. La pièce était gelé, et si sombre qu'ils avaient du mal à se distinguer. 

-Qu'est-ce que tu es devenu ? 

-Une nouvelle personne, répondit glacialement Thomas. Quelqu'un ayant réussi à s'adapter à ce nouveau monde. 

-Trois mois se sont écoulés depuis que tout cette merde a commencé. Trois mois qui t'ont fait devenir un monstre, un tueur. Tu n'es pas quelqu'un. 

Thomas sentit son cœur plonger dans son corps après cette terrible phrase. Il se sentait étrange, pas comme d'habitude. 

-En fait... t'as toujours été comme ça. Tu viens juste de révéler ta vraie nature. Tu te souviens quand on est allé au commissariat pour l'enlèvement de notre fils aîné ? J'ai du te retenir pour ne pas frapper le policier. Et après l'enterrement de Tim, tu avais engueulé Alix si fort qu'elle avait eu peur de toi. Pourquoi... pourquoi  tu ne lui as pas réservé le même sort qu'Océane ? Pourquoi tu n'as pas enfermé Saint A dans une prison ? Il aurait pu changer, comme elle. 

-Il l'a dit lui même, c'est un malade. Tu penses vraiment qu'il aurait pu changer ? Après ce qu'il a fait ? Il a tué sans regrets son frère, et tu trouves ça réversible ? Quand il a collé la lame de son couteau sur ma gorge, tu n'as rien ressenti au fond de toi, même pas une once d'envie meurtrière. 

-Quand toute cette merde a commencé, je me suis juré de ne pas tuer. Au final, j'ai percuté sans faire exprès un homme. Et la deuxième personne, se sera toi. 

-Pourquoi ? Implora Thomas en pleurant. Je t'en supplies, arrête-toi avant qu'il ne soit trop tard. 

-Il faut que je sache survivre, que je sache tourner la page. 

Angélique remua ses cheveux blonds et lança un regard assassin à l'homme qu'elle allait devoir tuer. Elle savait que ce qu'elle allait devoir faire ne serait pas facile, loin de là, mais Thomas état allé trop loin, malgré tout ce qu'on avait fait pour l'arrêter. Elle se mettait à pleurer elle aussi, torturée à l'intérieure entre le laisser en vie, ou le tuer. Elle avait toujours aimé son mari, elle se sentait protégée avec lui, à l'époque. Mais aujourd'hui, elle avait peur. 

-Tu ne dois pas faire parti de ce nouveau futur qu'on va construire, cracha Angélique. 

-Pourquoi tu le devrais, toi ? On est tous pareil... des gens qui tueraient pour sa propre survie. 

-Je ne t'aurais pas laissé les deux pieds dans le vide. Pas comme toi.

-Que dirais nos enfants, s'ils nous voyaient ? 

-Que tu n'es plus leur père. 

-Tu te sens si indifférent à la mort de Saint A, à tout ce qui vient de se passer ? Tu ne crois pas que tu es complice de tout ça ? 

-Comment oses-tu penser des choses pareilles ? Non, je ne suis pas prise en compte dans toutes les atrocités que tu as faite cette nuit ! Je n'ai rien à voir non plus à ton énième meurtre de la soirée ! J'essayais juste de nous garder en vie, et tu as tout gâché ! Tu as trop changé, Thomas. Tu n'es plus l'homme que j'ai connu et aimé. Tu as perdu ton cœur face aux horreurs de cette apocalypse. 

La jeune femme chargea son arme et lâcha une larme. 


Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant