Une réunion dévastatrice

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Il était tôt, ce matin, si tôt qu'il faisait encore nuit. Des cloches avaient sonnées et retentirent dans toute la cathédrale. Tout le monde dans la chambre de Thomas se réveilla difficilement, sauf lui, n'ayant pas fermé l'œil de la nuit après le meurtre qu'il avait fait. C'était la première fois qu'il tuait, sans compter les nombreux mordeurs accumulés depuis le début de leurs apparitions. Angélique à côté de lui se réveilla et se leva difficilement. Alix posa ses pieds chaussés à son tour sur la pierre, tandis que Barbara restait dans son lit. Ulysse décida de prendre alors sa robe blanche qu'elle avait laissé traîner par terre. Il était heureux d'enfin en porter. 

-Tiens, c'est drôle, t'as des tâches, dans ton dos, remarqua Angélique à Thomas. C'est quoi ?

-J'en ai aucune idée. Où ça, tu m'as dit ? 

-Dans ton dos. Comment tu peux faire pour te tâcher dans le dos ?

-Je sais vraiment pas, mentit Thomas, le regard fixé sur quelque chose d'invisible. 

Les cloches continuaient de tinter, cassant les oreilles de tout le monde. Barbara finit finalement par se lever, ayant trop de bruit pour la faire dormir. 

-Putain, c'est quoi ce bordel ? Où est ma robe ? 

-Désolé, je te l'ai prise, fit Ulysse. J'aimerais au moins une fois sortir de cette chambre, tu vois ?

-Vas-y, vous me raconterez. 

Tous les quatre sortirent alors de la chambre commune pour descendre l'escalier qui menait au hall principal. Comme d'habitude, tous les croyants étaient ici, vides, regardant Saint A qui se tenait sur sa petite scène. Encore une fois, un corps traînait à ses pieds. 

-Bienvenue à tous, et à toutes. Si je vous ai réuni très tôt ce matin, c'est parce que je suis très mécontent. Très très TRÈS mécontent. 

Thomas déglutit difficilement en voyant l'homme qu'il avait étranglé hier allongé sur le sol. Il cacha un peu sa capuche sur les gouttes d'alcool de sa robe. Il ne fallait pas que quelqu'un les voie. Il tourna sa tête vers la droite de la salle, où se trouvait Robert, Océane et Oscar. 

-PAPA ! Hurla le gamin en traversant la pièce, bousculant tout le monde sur son passage. 

Effrayé, Thomas lui fit signe de ne pas courir, de ne surtout pas crier pour se faire remarquer par Saint A. Mais son regard n'ayant pas suffit, le petit se jeta dans les bras de son père et de sa mère, pleurant comme il n'avait jamais pleuré. C'était la première fois qu'il était si heureux. Il se sentait si rassuré à présent, que l'espoir perdu en lui refaisait surface. Il savait qu'ils allaient gagner et sortir de cet endroit de malheur qui lui rappelait vaguement le manoir de sa grand-mère. Mais toute cette joie fut rapidement retirée lorsqu'il se fit attraper par deux gardes qui s'emparèrent du petit et le maîtrisèrent sur le sol.

Voyant T aussi violent, Océane baissa la tête, déçue. La grande croix paraissait effrayante, comme si une menace pesait sur tout le monde. Elle paraissait plus grande que d'habitude.

Thomas s'avança alors vers le prêtre, prêt à en découdre une bonne fois pour toute. Mais Angélique le retint, pétrifiée de peur à ce qui allait arriver à son plus petit fils. Son homme fit l'effort de l'écouter, puis regarda la scène qui était une torture mentale pour lui. Saint A avait posé son pied sur le dos du petit, en signe de puissance. 

-Si quelqu'un a un appareil photo, qu'il n'hésite pas à me prendre, plaisanta t-il. T, A, désarticulation. Il leva l'index et le majeur de sa main droite et les deux hommes mentionnés s'occupèrent du gamin en l'emmenant plus loin. Il criait de peur et de rage, sa voix s'égosillant à tous les mots qu'il prononçait. 

Lorsque sa scène fut enfin libre, Saint A se plaça près de la grande croix pointue.

-A cause de vous, un homme s'est pendu hier soir, expliqua le prêtre en montrant du doigt le cadavre. J'aimerais... si ce n'est trop demander, que vous vous aimiez les uns les autres, que vous prêtiez plus d'attention à autrui pour le bien de la communauté. Si cet homme a décidé de mettre fin à ses jours, c'est qu'il y a une raison, et cette raison, c'est un manque de bonheur. ALORS VOUS ALLER VOUS MAGNER LE CUL POUR FAIRE RÉGNER UN MINIMUM DE JOIE DANS CETTE FOUTUE EGLISE !!! 

Il sortit sa croix de Jésus-couteau et lança son arme au hasard dans la foule. Une de ses hommes s'effondra lentement sur la pierre froide, regardant avec horreur la lame ayant transpercé son torse. Ses genoux heurtèrent le sol, puis se corps tout entier. 

-Je pense que c'est à cause de lui. L'homme que je viens de tuer s'était disputé avec ce pauvre G, qui est tristement mort hier soir. Non, il ne s'est pas suicidé. Ils s'étaient battus. Une bouteille de champagne s'est brisée sur son crâne et G l'a étranglé. Si il avait été un minimum intelligent, il aurait nettoyé la scène de crime, pour paraître plus discret. Enfin bref, l'affaire est réglée. 

Il descendit de l'estrade, et retourna l'homme qu'il venait de tuer. Saint A retira son arme fétiche du corps de G et la brandit devant tout le monde, montrant le sang rouge qui dégoulinait. 

Il était juste tout près de lui. Thomas pouvait le sentir. Il serra les poings et la mâchoire, voulant le tuer une bonne fois pour toute. Il était très grand, mais son visage sadique aux traits terrifiants l'empêchaient de se battre. Il était trop fort. Alors il baissa la tête et se tourna vers sa femme. 

-Hahaha, j'adore tuer ! J'rigole, chuchota le prêtre à Thomas, qui n'en pouvait plus. Ça doit être dur pour vous tous de vous voir crever un par un, mais c'est pour votre bien, bordel ! Alors ma p'tite Alix, ça te plaît, ce que j'ai bâti ? 

L'adolescent n'osait même plus relever la tête pour le défier, elle était terrifiée. 

-Si tu serais venue aux portes ouvertes, t'aurais su comment je fonctionnais. Maintenant tout le monde comprends, j'espère ! Si je revois la moindre conneries, j'tue le gosse. J'aime pas faire ça, aux petits, d'habitude, je fais d'autres choses moins... catholiques... Hahaha ! 

Thomas se jeta sur lui et lui donna un violent coup de poing. Mais d'autres hommes le tinrent et l'emmenèrent plus loin, dans un autre endroit. Quelques minutes après s'être fait enlevé, on l'entendait toujours crier. Pas de souffrance, mais de rage. 

-Le petit sera exécuté demain matin, prononça indifférent Saint A en partant, laissant les Wilson trop choqués pour pouvoir bouger un seul de leurs membres.  


Face aux Portes de la Mort ( TWD )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant