-ARRÊTEZ-VOUS ! ARRÊTEZ-VOUS ! Hurla Thomas en s'interposant entre deux hommes qui se battaient. Il faut qu'on arrête de se stresser, on est tous à cran, je sais, mais il ne faut pas qu'on s'entre-tue avant qu'ils n'arrivent.
-On dirait les paroles d'Océane, réplique l'un des bagarreurs.
-Je ne suis pas comme elle, se défendit Thomas. Je ne l'ai jamais été et je ne veux pas l'être. Elle a tué, et j'ai bien peur que nous allons devoir faire de même demain.
-Est-ce que ça veut dire qu'on deviendra comme elle ? S'inquiéta une femme qui les écoutait plus loin.
-Non. Parce que nous ôterons des vies seulement pour protéger les nôtres. On devrait nouer de nouveaux liens entre nous tous pour pouvoir mieux se battre. Une équipe soudée est une équipe qui gagne ! Trouvons des solutions pour s'aimer tous ensemble ! Ceux qui nous menace n'ont aucune raison de le faire, nous sommes donc très différents d'eux. Et dans toutes les histoires, ce sont les gentils qui gagnent.
-On ne connaît rien de leur identité, fit un autre homme. On ne sait pas quand ils frapperont, si ça se trouve, nos hypothèses sont fausses. Ils ne nous veulent peut-être aucun mal.
-Chaque nuit, la menace devient de plus en plus forte. La croix sera complètement inversée demain. Et tout le temps, des mordeurs avec une lettre différente sur le front nous sont donnés. Nous avons reconstitué le puzzle et ça disait : "La clé est la résurrection, Dieu restera". Des idées ?
-S'ils parlent de résurrection, ils veulent sûrement dire les morts qui resurgissent, fit Robert.
-Très bonne idée, accepta Thomas. Et pour Dieu ?
-Il n'y a pas de doutes, ces gens sont à fond dans le christianisme, ils nous les montrent sous tous les angles, répondit le jeune Paco.
-On sait déjà à peu près à qui on a affaire. Maintenant, préparez-vous tous.
Après cette petite discussion, le père Wilson se sentait bien plus rassuré. S'il réussissait à faire ce qu'il voulait, il sauverait des dizaines de vies. Confiant et serein, il s'en alla renforcer la barrière.
-ALIX ! Hurla Paula en courant vers la grosse pierre. Alix, tu n'as rien ?
Cette dernière était adossée contre le rocher, en pleurs, tenant son bras droit sous son épais manteau marron. La fille aux lunettes s'accroupit, et, les yeux exorbités par la peur, elle regarda le bras de son amie délicatement. Il n'y avait pas de sang.
-Qu'est-ce que tu as ?
-Je crois que je l'ai cassé... Rumina t-elle.
-Comment ?
-Je suis mal tombée, c'est tout, fit-elle en se relevant difficilement en essayant de cacher ses larmes. Je vais bien.
-Pfff... Arrête, Alix.
-Arrête quoi ? Se retourna t-elle avec méchanceté.
-De jouer les grandes filles. De faire la dure. Nous ne sommes que des adolescentes, on a le droit de ne pas comprendre certaines choses, de perdre son sang froid, d'avoir mal aussi.
-Tu es qui pour me dire ça ? T'as vécu combien de temps, dehors ? Zéro. Demain, ce sera une nouvelle apocalypse, alors oui, il ne faut pas avoir mal, ni perdre son sang froid. Ce n'est pas parce qu'on est plus jeune que les autres que les mordeurs ne s'en prendront pas à nous.
-La première fois qu'on s'est rencontrées, tu m'as évitée, pourquoi ?
Alix baissa le regard, puis le releva franchement sur les yeux grossi de Paula, qui était restée calme malgré tout. Cette dernière la regardait de plus en plus intensément.
-Je ne voulais pas devenir amie avec toi. Toi et ta communauté, vous étiez faibles, vous ne connaissiez rien la vie à l'extérieure. Et aujourd'hui encore, vous êtes ignorants. Je savais que si je me mêlais avec vous, je deviendrais pareil. Je ne voulais pas. Je regrette encore aujourd'hui d'avoir parlé avec toi, d'être même devenue ton amie. Si tu meures, tu m'affaibliras encore plus. Je ne dois pas m'attacher à des personnes qui vont mourir, c'est stupide.
-Je ne suis pas faible, Alix. Je ne veux pas l'être. Peut-être que... si on reste ensemble plus souvent, on s'endurcira.
Elle s'approcha, les mains derrières le dos. Alix fronça les sourcils, cherchant à savoir ce que cherchait à faire Paula. Elle examina longtemps les traits de son visage, de ses lunettes rondes jusqu'à ses pieds ensanglantés.
-Montre-moi ton bras.
Alix retira la lourde manche de son manteau et montra la partie de son corps à son amie, qui toucha mollement la peau beige claire en souriant.
-Quand j'étais petite, mon père me disait qu'il fallait me concentrer sur quelque chose qui me plaisait quand j'avais mal. Fais-le. Tu vas voir, ça marche.
Alix regarda son amie de très près puisqu'elle s'était encore une fois approchée. Elles se regardèrent dans les yeux longuement, puis quelques secondes plus tard, elles s'embrassèrent. Cela dura une dizaine de secondes, jusqu'à ce qu'Alix la repousse et lui gueula dessus.
-Je ne suis pas lesbienne, moi ! Je n'aime pas les filles ! Puisque tu veux absolument tout savoir sur moi, tu aurais pu demander si j'avais plus une attirance sexuelle pour les garçons ! Dans ce cas-là, je t'aurais répondu que j'avais un petit-ami qui s'appelait Steve, et qui est...
Elle s'arrêta là, les yeux exorbités par la colère. Elle regarda ensuite le sol, ne sachant que faire pour se défouler. Alors elle décida de prendre son couteau dans la pochette accrochée à son pantalon, mais elle avait trop mal et lâcha une larme. Elle savait que Paula avait raison, et qu'elle ne voulait pas paraître trop faible, trop petite. Elle devait être aussi courageuse que ces héros dans les films, faire honneur à Steve, Nicole ou encore Tim, le dernier sur la liste. Qui serait le prochain ? Sûrement pas elle, elle ne pouvait pas se le permettre. Ni quelqu'un d'autre, parce qu'elle se sentirait de nouveau coupable.
-Ok, t'as raison, avoua Alix. Je sais que je fais ma grande, mais c'est pour mon bien. Si jamais je me comporte comme une gamine, je crève.
-Tu crois qu'on se comporte pas comme des gamines, là ? On fait la bringue, en dehors de la communauté, alors qu'on sait qu'on a pas le droit. On est ce qu'on est.
-Dans le monde dans lequel on vit, il faut s'adapter. Un de mes amis a essayé, mais il n'y arrivait pas. Il s'est fait mordre, et sa vie s'est barrée d'un trait en un souffle. Des fois, il y a des choses qui sont trop rapides pour être comprises. C'est ce qui va arriver demain, j'en suis certaine. On fait pas la bringue, on s'entraîne pour notre vie, c'est tout.
Elles s'avancèrent encore plus loin dans la forêt, doucement pour ne pas réveiller les mordeurs près d'elles. Mais malgré leur discrétion, ils se levaient un par un pour les suivre. Alix et Paula s'améliorèrent de plus en plus, jusqu'à arriver au final devant une grande chute d'eau d'au moins dix mètres. Les deux "amies" n'osaient plus se parler, par peur de créer un gêne. Elles regardèrent simplement devant leurs pieds l'eau couler et s'abattre dans un ruissellement fort, avec un sourire stupide sur le visage. Elles trouvaient ça beau, elle ne pouvait pas détacher leurs regards.
-Cet écoulement, c'est un peu notre vie, tu ne crois pas ? Fit Paula.
-Probablement, répondit Alix un certain moment après en se tournant vers son amie.
Elles ne réfléchirent pas une seule seconde. Après avoir vu des dizaines de mordeurs grogner à quelques mètre d'eux, elles sautèrent ensemble en se tenant la main dans le vide qui s'affrontait devant les deux adolescentes. A cause du bruit de l'eau, elles n'avaient pas entendu tous ces monstres affluer de telle sorte. Il sembla à Alix que sa chute fut intemporelle, aussi longue qu'un match de foot que regardaient tout le temps Antoine et Oscar au bon vieux temps. Lorsqu'elles plongèrent enfin dans l'eau, elles fusèrent cinq mètres en profondeur, voyant les corps des mordeurs plonger eux aussi pour s'enfoncer eux aussi dans l'eau autour d'elles.
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Face aux Portes de la Mort ( TWD )
Novela JuvenilUne épidémie de zombie est survenue sans prévenir. France touchée, monde écroulé, familles déchirées. Il n'y a plus de lois, plus de contraintes, mais surtout plus de vie. Sur une terre peuplée de zombies, la famille Wilson se verra obligée de survi...